Les termes martiaux sont ceux du Lieutenant Colonel Kollo Diarra, pilote d’hélicoptère, pilote de chasse. Après vingt-neuf ans de bons et loyaux services, l’homme est le Commandant de la Base 101 de l’armée de l’air de Sénou depuis plus d’un an. Cette base aérienne opérationnelle prépare les pilotes qui exécutent les missions de la défense de l’intégrité territoriale et d’appui tactique aux forces terrestres. Le Colonel estime que "le Mali bouge positivement et l’armée, elle aussi, doit évoluer". La base avait besoin de pas mal de choses pour mener à bien les missions qui lui étaient assignées. "Le camp de Sénou est enclavé, ce qui fait que l’armée a eu besoin d’installer sur place beaucoup de structures, de proposer de nombreuses prestations sur place, afin que les soldats ne soient obligés de se déplacent sur Bamako à tout moment".
Le Lieutenant Colonel Diarra a des ambitions pour sa base. Il veut rénover une bonne partie du camp. Pour cela, il s’est personnellement investi dans la recherche de fonds auprès de ses connaissances, collaborateurs, parents et amis. L’homme a d’abord commencé par la construction d’un complexe sportif, composé d’un terrain de basket qui portera le nom du premier Commandant de la base, en la personne de feu Amadou Beïdy Tall. S’y ajouteront un terrain de volley-ball, un handball, une salle multifonctionnelle et un espace culturel qui portera le nom de feu le Colonel Mamadou Goïta qui fut aussi Commandant de la base. La décision de doter sa base de terrains de sport a été prise par la Colonel Diarra à la suite de différends avec les habitants de Sénou par rapport à un espace que les militaires utilisaient pour ce faire. Il a su convaincre les militaires, surtout ceux du contingent 2005, de s’impliquer physiquement comme maçons, plombiers, électriciens, ferrailleurs, transporteurs de sable et de gravier.
Des sociétés privées comme Orange-Mali, Cfao-Motors, à travers son PDG Vincent Aublé, l’usine de carreaux Stone, la société Fassoko Diarra, qui appartient à son frère, le gouverneur de Tombouctou, qui est un ancien de la base, la Pharmacie Populaire du Mali, Total, Mamadou Baïba Kouma et beaucoup d’autres ont participé à la collecte de fonds pour la rénovation de la Base 101. L’identification du camp était aussi l’une des préoccupations majeures du Colonel qui, à la fin de la première phase de travaux a posé deux anciens hélicos à l’entrée du camp, afin d’en filtrer l’accès.
Ensuite, le Colonel Diarra s’est attaqué au gaspillage des ressources de l’Etat. "Les dépenses du camp sont à la charge du département de la Défense et des Anciens Combattants, mais cela ne donne pas droit au gaspillage" dit-il. Il a ainsi mis le holà au fait que des familles de militaires du camp disposaient de trois à quatre réfrigérateurs pour la vente de glace et d’eau ou que des civils plaçaient chez les militaires, moyennant payement, leurs réfrigérateurs.
"Je ne peux pas interdire à mes frères militaires d’utiliser l’eau et l’électricité, mais je ne permettrai pas d’excès ". Il projette aussi de transférer un château d’eau du garage du Génie Militaire de Darsalam, qui lui a été offert par la direction de ce département, à la Base. Ce château servira à alimenter le camp en eau afin de diminuer la facture d’EDM.
La Base aérienne 101, le Colonel Diarra la gère comme sa propre maison, et, souvent, il lui arrive de mettre son propre salaire dans les dépenses imprévues du camp. L’homme est attentif. A chaque fois qu’il y a une vente aux enchères d’objets à l’ambassade américaine, il s’y rend. Il a ainsi pu équiper à moindre frais la Base en chaises, bureaux, ordinateurs, réfrigérateurs et climatiseurs.
Le Lieutenant Colonel Kollo Diarra envisage de délocaliser tous les services publics qui se trouvent dans la partie technique du camp, à savoir le dépôt de pharmacie, l’infirmerie, la maternité, la boutique du tailleur et la construction d’un cybercafé et d’une piscine pour tout le monde, militaires et civils. Il ambitionne également d’augmenter le degré de confort des soldats, qui constituent la cheville ouvrière de l’armée.
Coté sécurité, le commandant de la base 101 fait ce qu’il peut, mais souhaiterait disposer d’un pick-up supplémentaire pouvoir augmenter la fréquence des patrouilles, qui n’est, pour le moment, que de deux sorties par nuit, ce qu’il juge insuffisant. La sécurité de ses voisins de Sénou village le préoccupe également. "Nous, militaires, nous venons du civil et nous retournerons au civil. En fait, nous sommes des civils en mission. Je n’ai pas à faire de distinction en faveur des porteurs d’uniforme. J’ai tout simplement le devoir de montrer à tous le chemin de l’honneur."
REALISE PAR FATOUMATA MAH THIAM DOUMBIA
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