Les Fama sont à reconstruire avec intelligence

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EUTM
Convoi EUTM et le bataillon OUARABA des FAMA (photo archives)

L’attaque rebelle dirigée contre la ville de Ménaka le 17 janvier 2012 est survenue à un moment où on ne savait plus qui était qui dans notre armée, tant le laxime, le laisser-aller et l’indiscipline avaient gagné le terrain. Le lendemain de cette attaque, les Maliens apprirent qu’elle était du fait du Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla), un groupe de bandits. La suite est connue : de mensonges en mensonges, de replis tactiques en replis tactiques, ces bandits armés du Mnla et alliés terroristes gagnaient du terrain. Entre temps, la somme des maux, qui s’étaient des années durant incrustés au coeur de la grande muette, explosait à Bamako et Kati.

Pour une fois de jeunes soldats indisciplinés et accrocs à l’alcool se révoltèrent contre la République en situation de crise, cassèrent les magasins d’armes et se déchaînèrent sur la Présidence de la République. Au petit matin du 22 mars 2012, un coup d’État était passé par là, précipitant la chute des régions de Kidal, Tombouctou et Gao. La junte qui s’installa au pouvoir ne fit qu’étaler au grand jour les tares et les craintes maintes fois exprimées quant à l’état de déliquescence de nos forces armées.

LES DÉFIS DE LA REFONDATION DE NOTRE ARMÉE

Des tares et des craintes qui tenaient en suspens les nouvelles institutions issues d’elections libres et crédibles ayant consacré le retout du Mali dans le concert des nations démocratiques. Comme l’illustre d’ailleurs la mutinerie qui a suivi la prise de fonction du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Celui-ci, conscient des dangers évoqués, a su rebondir en décidant d’agir en chef suprême des armées et en reprenant les choses en main. L’armée malienne est-elle pour autant sortie de l’ornière ? Ce cerait uune chimère que de croire à cela, tant la plaie était profonde et que la désagrégation a commencé avec le début de l’ère démocratique dans notre pays.

Et les incidents des 17 et 21 mai 2014 à Kidal, suite à la visite du Premier ministre Moussa Mara, sont venus sonner le réveil pur tous ceux qui pensaient que notre armée avait dejà fait sa mue. Reconstruire une armée après tant d’années de déchéance, cela prend du temps et beaucoup de temps. C’est d’ailleurs en ayant conscience de cela que les groupes armés du nord jouent avec les nerfs du pouvoir central de Bamako.

Pour donc panser les plaies des forces armées du Mali (Fama), le Président IBK doit éviter de tomber dans des erreurs du passé. Des erreurs qui ont pour noms : la mise à l’écart des vrais chefs de commandement au profit de jeunes officiers inexpérimentés et sortis de nulle part comme ce fut le cas sous le Président Alpha Omar Konaré (1992-2002); une chaine de commandement plus preoccupée par son confort que par le bien-être des troupes; opacité dans la gestion des fonds des opérations militaires, culture de l’incompétence…

Des tares qui avaient fini par faire de notre armée une sorte de contradiction des chefs valeureux mis sur la touche au profit des néophites, voire des illettrés des fois, d’invasion de la chaine de commandement par des ex-rebelles intégrés, de création d’unités fantôches dites “unités spéciales” s’adjugeant les prérogratives de l’état-major et consacrant l’abandon du terrain par les troupes au profit de ces “machins”. Il appartient donc au Président IBK de trouver les moyens de faire sortir notre armée de l’ornière.

Il faut pour cela identifier les causes profondes qui ont amené l’armée malienne dans cet état là, pour ensuite apporter des solutions qui s’imposent. Pour cela, le Président IBK ne doit pas être en manque d’incantations face à un tas de fétiches. Autrement dit, il doit même veiller personnellement à ce que tout ce qui est destiné à l’armée lui parvienne. Les Ministres de la Défense doivent être des militaires, et des militaires de valeurs.

Une anecdote sur un Ministre de la Défense civil du président ATT (2002-2012) rapporte que celui-là a failli de peu prendre ses jambes au cou quand les militaires ont voulu lui rendre les hommages, comme il est de coutume dans les garnisons. Que ferait un tel Ministre quand des coups de feu éclatent dans son ministère ?

Le Président IBK doit être particulièrement regardant sur les cas d’injustice et d’abus qui ont cours dans l’armée. Qu’il tienne compte des officiers injustement mis sur la touche et qui continuent de raser les murs. Ces officiers doivent être réhabilités, surtout que nous sommes dans une situation de guerre.

Encore faudrait-il aussi qu’on aille au-delà de l’optimisme qui nous anime pour oser la question de savoir “ce  qui va se passer au cas où les négociations avec les groupes armés vanaient à échouer “.

Prétendre construire une armée digne de ce nom ou faire la guerre, revient à réhabiliter forcément et à intégrer les officiers mis à l’écart pour non seulement commander les hommes, ils en ont l’art et la carrure, mais aussi pour faire la guerre s’il le faut, ils en ont la compétence et ils sont aguerris. A suivre !

Assane Sy DOLO

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11 COMMENTAIRES

  1. Et pendant ce temps le vrai responsable de tout ce drame Malien à savoir ALPHA OUMAR KONARE se la coule douce entre Dakar et le Caire. Au passage, entre deux avions, il trouva le moyen de débarquer son rejeton “MALA” à N’Djamena. Comme si celui-ci vaut mieux que les autres soldats et doit par conséquent être préservé.
    Les Maliens doivent déposer une plainte contre ce monsieur et le transférer devant la CPI. A défaut, ALLAH y veillera, in challah !

  2. Le problème est plus global, c’est national. Regardez les autres segment de l’Etat rien ne marche. Il faut un changement radical de mode de vie et de système de gouvernance

  3. Autrefois l´armée avait eu recours au service de soit disant “specialiste en geo-Strategie” comme ce Mr Gakou qui etait conseiller technique au ministère de la defense. Regarde moi un abruti pareil qui avait même de la peine à s´exprimer en francais pendant le debat de dimanche sur la Chaine Africable quand l´armée avait toutes les difficultés face au MNLA avant même l´arrivée des djihadistes.
    C´est le problème de ressources humaines compétentes qui est le problème crucial de l´armée. Avec des Chefs bien formés, dignes avec un sens elevé du devoir, qui seront en mesure de transmettre ces valeurs sur la troupe, l´armée pourra raillonner de nouveau.
    Pour ceux qui comprennent le premier paragraphe de la base de la discipline, enseigné dans le tout debut de la formation militaire, comprendront que sans bons chefs l´armée malienne ne sera jamais une vraie armée digne de ce nom.

  4. FAMA ou AMA ? Comment s’appelle exactement notre armée ? Le sigle FAMA, me semble-t-il, est apparu après l’intervention française. Alors, à quand une explication ?

  5. Le problème fondamental de notre armée est le manque de militaires combattants ,il faudrait en chercher partout même si nous devons louer les services des mercenaires et renvoyer tous nos militaires pour aller cultiver dans les champs collectifs de riz .de mil du mais ou du sorgho , garder seule la police et la garde républicaine pour la sécurité de nos villes et campagnes.

  6. Mr le journaliste le courage n est pas une qualite exclusivement militaire cela est vrai pour l honnete le patriotisme il ya tres peu de pays où des militaires dirigent les ministeres de la defense et pourtant ça marche,il faut une generation pour construire une nouvelle armee au mali car tous ceux qui sont la aujourd hui n y sont pas entrés sur des criteres serieux :le patriotisme l honneur et toutes les vertus devant caracteriser un soldat alors quelques officiers de valeur ne transformeront pas des anes en pur-sang

  7. Le problème ne se situe pas aux ressources humaines, mais au sein de l’armée règne le favoritisme, le népotisme.

    Regardez, du grade de Lieutenant Colonel on te propulse Colonel Major ou Général. Cette pratique n’existe dans aucune armée digne. Et puis quand Sanogo est venu il donne la promotion aux jeunes officiers du Prytanée Militaire qui ne connaissent rien dans le domaine militaire. Sinon il y a des vrais officiers dans l’armée malienne et ils se connaissent aussi.

    IBK doit revoir les CV des officiers et puis faire le test si nécessaire.

    Je ne suis pas contre les jeunes officiers, mais en période actuelle, ils ne peuvent pas accomplir leur mission tant qu’ils ne sont pas épauler par les vieux officiers, les officiers saccados qui connaissent le terrain et qui ont une grande expérience du Nord.

    Maintenant ils sont en train de comprendre vu le changement a la tête de MALIBA a Gao.

  8. Le problème du Mali d’aujourd’hui c’est qu’on n’a pas de visionnaire. Copier l’armée Française ou Tchadienne qui ont d’autre culture, différent Histoire et d’autre moyen financier n’est pas la solution.
    Un début de solution:
    – former des bataillons mobiles, formés et équipés
    – Acheté du matériel aérien (hélicoptère, avion de transport et de combat
    – Un SE (Secret Etat)avec les moyens sans corruptions …

  9. L’intelligence oui! mais le discrétion doit être à la base de toute mission en matière de défense,reconnaissant que la Malienne du gueto est beaucoup mieux informée sur l’armée plus qu’un cadre Malien de défense ( faiblesse). Que dieu bénisse le Mali

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