Les 100 jours du CNRDRE : La révolution ratée

13

Au soir du 21 mars dernier, les bamakois se sont vite terrés chez eux, tombant dans une véritable torpeur dont la source est partie du camp « Soundjata de Kati ». Au réveil, le matin du 22 mars, c’est dans la confusion totale qu’ils apprenaient que le Mali enregistrait un énième coup d’état africain, et le régime démocratique d’ATT parti en fumée. Cent jours auront coulé depuis le 22 mars dernier.

Le reste on le saura très vite : le Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE) prenait les rennes du pays sous la férule d’un jeune capitaine, Amadou Haya Sanogo et son équipe.

Les Maliens étaient donc dans un véritable dilemme : défendre une démocratie en faillite ou se laisser emporter par les sirènes d’une révolution venue de Kati mais aux lendemains incertains. On verra dans ce dilemme la naissance de deux grands courants divergents : la COPAM humant la brise révolutionnaire du CNRDRE et le FDR qui condamne le coup d’état et demande le retour à l’ordre constitutionnel.

Le temps des grandes interrogations…

Le temps des grandes interrogations des jeunes militaires, le temps des tiraillements entre pro et anti junte, voilà que débarquait la CEDEAO, paravent de la communauté internationale, au détour d’un sommet extraordinaire à Abidjan le 27 mars avec ses multiples commandements : retour à l’ordre constitutionnel et retour sans conditions des militaires dans les casernes.

L’arme fatale de l’organisation sous régionale est très vite brandie : l’embargo économique.

Le capitaine lâche du lest

A Kati, cette menace est considérée par une extrême importance. Le capitaine et ses hommes, conscients de la situation économique difficile et de l’état psychologique de leurs concitoyens  fragilisé par la rébellion au Nord du pays, lâchent du leste. Pour eux, si tant est qu’ils sont venus pour alléger les souffrances des maliens en mettant fin au régime corrompu d’ATT, ils ne sauront être la source de nouveaux problèmes à ces mêmes maliens. Par un accord-cadre le 6 avril, ils acceptent le retour à l’ordre constitutionnel en laissant le président de l’assemblée national accéder à Koulouba. Pour y arriver, il a fallu la démission d’ATT et de son gouvernement.

Retour à l’ordre constitutionnel

Pour la grande majorité de maliens, ce retour à l’ordre constitutionnel n’est qu’un écran de fumée à la restauration du régime d’ATT. Car au cours de plusieurs manifestations, l’on a vu des messages hostiles à la CEDEAO et au président de l’assemblée nationale. Ce qui prouvait l’appréciation du geste patriotique du 22 mars dernier qui a évité au mali une guerre civile.

Dioncounda Traoré au regard de l’accord cadre, avait quarante jours pour organiser des élections présidentielles. Dans l’impossibilité de cela, avec les 2/3 du pays occupés, le Mali se devait de rentrer dans une transition dont l’accord dessinait déjà l’esprit.

L’accord cadre divisera les maliens

Justement c’est l’esprit et la lettre de cet accord cadre (auquel le diable doit avoir participé à l’élaboration) qui divisera les Maliens de la base au sommet.

La fin des quarante jours a été chaotique, aboutissant à un accord qui fait du capitaine Sanogo, un ancien chef d’Etat et à l’agression du président intérimaire jusque dans ses bureaux. Le mépris à l’égard du desiderata du peule venait d’être mis sur la place publique pour dire à l’opinion internationale qu’elle ne saurait imposer au peuple malien un Président mal aimé. La transition est ainsi hypothéquée dans son montage institutionnel ouvrant au Premier Ministre, un véritable boulevard, même avec un attelage gouvernemental de plus en plus contesté.

On notera que depuis le 21 mai, date de l’agression du président intérimaire, le capitaine Amadou Haya Sanogo s’est muré dans un véritable silence médiatique, contentant les partisans du retour à l’ordre constitutionnel et laissant une bonne part des populations perplexe. Au passage, il faut noter que le CNRDRE, est appelé à être dissout dans une nouvelle structure qui prendra en charge la reforme des armées. « N’est-ce pas là une bonne foi des putschistes ! », explique un pro.

Au nord, les groupes rebelles ont le vent en poupe

Su le front du nord, les groupes rebelles ont eu le vent en poupe, s’installant et se confortant pendant que la crise institutionnelle à Bamako battait son plein.

Après 100 jours, il faut dire les Maliens partisans de la thèse de la faillite de l’état  et qui ont soutenu le CNRDRE, ont vu la révolution du 22 mars partir en feu de paille, étouffée par ceux qui pensent que leur ordre établi est voué à la mort.

Le CNRDRE isolé

Avec la pression internationale, les forces de l’ancien régime qui s’abritent derrière la démocratie, le CNRDRE s’est vu vite enfoncé dans l’isolement et ses idéaux d’un mali meilleur partir en fumée. Reste à savoir avec la résolution du Nord et la lutte contre tous les maux qui ont tiré le Mali vers les abysses, quoi prioriser ?

En tout cas, le nord reste la priorité mais entre temps, les fossoyeurs de la république auront remis leurs pions en place pour continuer à sévir et à prendre le peuple en otage. Pour combien de temps cela va pouvoir durer ?

C’est là toute la question, car, l’avenir du Mali que constitue sa jeunesse s’est réveillée et demeure une sentinelle pour barrer la route aux prédateurs de notre Nation pourtant qui leur a tout donné.

Cents jours de résistance, de bravoure et de combats…

C’est dans ce climat que le CNRDRE et ses alliés fêtent les cents jours de résistance, de bravoure  et de combats face à un complot savamment ourdi contre le Mali, pays souverain et dont le peuple a placé son espoir en une junte qui venait de lui donner un espoir au soir du 22 mars dernier.

Bokari Dicko

 

 

 

Commentaires via Facebook :

13 COMMENTAIRES

  1. Monsieur Dicko je pense que nous devons clore ce chapitre de putsch. Ce coup d’Etat était loin d’etre une révolution. Une révolution ne se dicte pas du jour au lendemain. Revoyez vos notes de philosophie sur Karl Max, Lenine, Mao—- Les putschistes ne pouvaient en aucun cas resoudre ces multiples problèmes auxquels le Mali se trouve confronté aujourd’hui. Tout mon espoir reposait sur l’équipe du Premier Ministre. A la lumière de ce que je lis dans les journaux, ce dernier semble déjà débordé par les évenements. Prions le Tout-Puissant afin que la paix revienne dans le pays dans un bref delai. Avec la paix tout est possible.

  2. elle arrive la vraie revolution ..doucement mais surement

    la veritable revolution de rupture avec lordre etabli arrive
    Ces centaines de milliers de jeunes n ayant que comme seule perspectives que de trouver de quoi manger chaque jour , qui voient ces voleurs se pavanner dans leurs vehicules et qui les voient venir chercher les jeunes filles dans leur quartier , diplomes ou travailleurs journaliers originaires des villages ils constituent une veritable bombe en puissance .
    c est eux , qui se foutent des intrigues politiciennes , qui ont attaques le president de la republiques , pillent regulierement lorsque c est possible par faim , par haine , par vengeance …
    c est eux qui remplissent par milliers le stade lorsque haidara preche , c est eux qui souffrent et qui esperent .
    C est eux qui courent derriere votre voiture pour vour vendre une carte de recharge , c est eux qui se promene avec une machine a coudre sur l epaule , c est eux qui marche toute la journee avec quelques chemises a vendre , c est eux qui ont esperes que sanogo serait un sankara ou un jerry roolings , c est eux qui ont vu en ce coup d etat une esperance pour des jours meilleurs
    sanogo n a pas eu cette vision , trop preocupe a ne pas briser l ordre etabli , les islamistes ont deja , je vous le dit , des centaines de milliers de partisans potentiels a bamako , du riche commercant sarakole au vendeur de carte au carrefour ….
    les beaux discours engonces des politiques qui meritent presque tous d etre pendus a des crocs de boucher , les declarations solennelles, les reunions internationalles a paris , alger ou yamoussokoro vont etre balayees par le deferlement qui s annonce .
    inch allah

  3. L’humiliation et la bassesse du peuple Mali se resume et se resumera desormais d’entre 1992 a 2012. AOK et ATT sont et resteront la malediction, la honte, le deshonneur , la triste page de l’histoire du Mali. L’echec de la nation mali, je suis sure d’une chose c’est que entre eux deux et des etrangers ils ont du vendre le Mali. Car ces deux cupides sont capables de tout sur cette terre. Qui ces deux gars n’ont pas trahi! a qui ils n’ont pas menti! Donc que Dieu punisse severement ces deux milliardaires! Ahmen!

    • Des problemes tous les pays du monde en ont. Croyez-vous qu’il y ait un pays au monde sans defaut a 100%? Chacun essaye de gerer ses problemes sans remettre tout a zero sur un coup de tete comme l’ont fait vos sbires felons de Kati. Le Canada ou vous vivez comptait le Mali parmi les pays les plus prometteurs, et ne me dites surtout pas que c’etait a cause de leurs interets seuls. Ces 2 ex-presidents de notre pays que vous traitez de tous les noms, qui a fait mieux qu’eux? Il ne s’agit pas de s’acharner sur des gens pour le simple plaisir, mais avec des preuves verifiables a l’appui. Et je constate que vous en manquez cruellement.
      Quelle honte!!!

  4. Cents jours d’humiliation, de bassesse, d’atrocités, de famine et de manque de soins médicaux en opposition de vos cents jours de résistance, de bravoure et de combats. Une armée qui prend la tangente face à l’ennemi, abandonnant armes et 4X4, où est sa bravoure ? Vous me faites rire. Votre article est lamentable. Combien on vous paye pour écrire un tel article ? Ou c’est le prix de la liberté ?

  5. je ss d acord avec ce militer les béret rouge dois répondre la lois des arme et ct tout les civile qui ne comprendre pas la lois des qu il dois ce taise sur le chant de bâtai il ya un seul survivent soit ct ce lui qui est venu pour te tue qui gagnes ou ct toi qui trionfe et il ya que un seul survivent ce qui on pas fais l arme ne peuves pas comprendre la loi des arme

    • D’ou est-ce que t’as appris ta loi des armes? Tu racontes ce qui te passe par la tete. Admettons que t’aies raison, alors pourquoi les laches ont fui la guerre pour venir se terrer a Bamako? Etre tue ou tuer, c’est cela ta loi des armes n’est-ce pas? Que dis-tu alors de la honte nationale que sont les militaires de Kati?
      Quelle honte!!!

  6. Merci BOACARI Dicko pour cette verité.
    la grande majorité des jeune est CNRDRE malgrés sobisolement

    Rien ne sera comme avant.
    Partout on dira non aux responsable de ce pays.

Comments are closed.