Le Tchad, précieux allié de la France au Mali

3
Des Soldats tchadiens sécurisent l'aéroport de Gao, le 27 janvier. La plupart des 2 000 militaires de leur contingent ont rapidement quitté la ville pour les combats dans le nord du Mali. Crédits photo : Ghislain Mariette/ECPAD
Des Soldats tchadiens sécurisent l’aéroport de Gao, le 27 janvier. La plupart des 2 000 militaires de leur contingent ont rapidement quitté la ville pour les combats dans le nord du Mali. Crédits photo : Ghislain Mariette/ECPAD

L’élite des troupes du président Idriss Déby affronte en première ligne, avec une grande efficacité, les djihadistes dans les contreforts du nord malien.

Début février, dans le Gao tout juste libéré des forces islamistes, les soldats tchadiens restaient discrets. Tout juste voyait-on de temps à autre un de leur pick-up sable monté d’une dizaine hommes puissamment armés, un chèche remonté jusqu’aux yeux. Sans doute cette avant-garde du plus puissant contingent étranger au Mali derrière l’armée française, avec quelque 2 000 militaires, savait-elle qu’elle ne resterait pas longtemps dans cette ville. L’objectif était déjà le grand Nord, le combat au près contre les islamistes. Désormais, le gros des Fatim (Forces armées tchadiennes en intervention auMali) s’engage au plus profond des montagnes de l’Adrar des Iforas, dans l’extrême nord-est du pays, où se sont retranchés des djihadistes.Le 22 février, au cours d’un engagement sérieux, les Fatim ont perdu 26 hommes, les plus grosses pertes des armées de la coalition. Les djihadistes auraient, selon les officiers tchadiens, perdu 96 personnes. Les conditions précises de cette bataille, comme le lieu, demeurent imprécises. «C’était un assaut d’une position pas une embuscade», précise-t-on simplement. Il démontre, dans tous les cas, l’utilité du soutien tchadien dans cette opération.Pour la France, l’entrée en guerre tchadienne fut, sinon une surprise, au moins une bonne nouvelle. Avant même l’ouverture des hostilités, et alors que la situation au Mali se détériorait, les militaires français plaidaient pour recevoir l’appui de ces troupes. «Dans cette partie du continent, l’armée tchadienne est la seule à être suffisamment nombreuse, équipée et entraînée pour être réellement efficace», souligne un officier français. Les armées ouest-africaines, engagées d’entrée aux côtés de l’État malien, souffrent en effet de graves lacunes logistiques et tactiques. L’expérience des Tchadiens dans les terrains désertiques rendait leur engagement plus précieux encore, tout comme leur habitude de se coordonner avec les Français.

L’intervention des Fatim n’allait pourtant pas d’elle-même. Au Quai d’Orsay, des diplomates s’inquiétaient des conséquences que pourrait avoir une collaboration aussi proche entre Paris et le régime de N’Djamena, loin d’être un modèle de démocratie. Ils s’interrogeaient aussi sur les règles d’engagement des Tchadiens pas toujours très respectueuses des lois de la guerre édictées en Occident.

La question semble s’être réglée lors d’une visite du président Déby à l’Élysée le 5 décembre dernier et d’un long tête-à-tête entre François Hollande et son homologue. Paris a toujours nié avoir négocié. Mais N’Djamena n’a jamais caché son intention de régler à cette occasion quelques dossiers en souffrance, notamment celui de L’Arche de Zoé.

Une force autonome

Seule certitude, le Tchad s’est très vite engagé après l’intervention «surprise» des Français, le 14 janvier. En masse. C’est l’élite des troupes tchadiennes qui a été déployée, notamment la garde présidentielle, pour la plupart des Zaghawas, le clan de Déby. Elles ont été placées sous le commandement du général Oumar Bikomo, mais surtout sous les ordres opérationnels du fils du président, le général Mahamat Déby.

Leur intervention depuis le Niger, et non depuis Bamako, montre que les Tchadiens ne se sont pas vu confier une simple mission d’appui ou de soutien. «Les Tchadiens opèrent de leur côté, avec les Nigériens, sous le commandement de la coalition. Les Français et les Tchadiens ne se battent pas ensemble», assure-t-on à Paris. L’armée française a simplement déployé un détachement de liaison d’une quinzaine d’hommes auprès du QG tchadien pour coordonner les efforts et régler les interventions aériennes.

De son côté, le président tchadien trouve lui aussi matière à se féliciter. Si, au Tchad, l’intervention est parfois critiquée, notamment après la bataille du 22 février, elle impressionne en Afrique. Idriss Déby a pu ainsi s’imposer comme un leader régional. Et c’est comme un leader qu’il a tancé ses pairs, le 27 février, lors d’un sommet de la Cédéao, les enjoignant à «plus de célérité» dans le déploiement de leurs troupes.

lefigaro.fr/ 04/03/2013 à 10:24

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. le Tchad ne fait pas partie de la CEDEAO et c’est lui qui fait le boulot ! Voilà un allié auquel le Mali ferait mieux de s’associer 😉 😉 😉
    Quand on pense qu’il y a déjà 10 ans ATT avait refusé à la France d’avoir une base militaire à Tessalit ,si cette base avait existé ,le Mali n’aurait jamais eu à subir ce qu’il subit depuis plus d’un an !!! Il y a une base française à Ndjamena ,voyez comme l’armée tchadienne est entrainée ❗ ❗ ❗

  2. Après le bombardement français, Abou Zéid gigotait et blatérait: la mitraille avait ciblé ses entre-jambes, y avaient bousillé les petites boules sensibles. C’est alors qu’un tchadien, se précipitant, bâillonnette au poing, le plaqua au sol, farfouilla dans son pantalon bouffant et sectionna sec son « bakari » désarticulé.Alors, le djihadiste de malheur enfourcha un étalon blanc pour le lieu où languissent des milliers de vierges attendant qu’on les chevauche ardemment et sans pitié!!

    Militaires français et tchadiens ont joué en harmonie

  3. Même si Déby n’est pas un bon démocrate, au moins il a le mérite d’être un vrai chef d’état. C’est cela qu’on appelle prendre des décisions responsables. Je ne l’aime pas du tout, mais je le respecte car il est différent de nos poules mouillées. Il n’a pas hésité lui même à porter sa tenue de guerre et aller au front lorsqu’il a été attaqué par des rebelles.

Comments are closed.