Le Mali peut-il s’en sortir lorsque le commandement militaire devient son fossoyeur ?

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C’est certainement l’achat des hélicoptères défectueux au compte des FAMA qui a levé le lièvre de la corruption dans le champ de bataille de la grande muette. Nous nous demandons jusque-là pourquoi le chef suprême des armées n’a pas voulu que son patrimoine soit connu de tous les maliens. Seuls quelques membres de la Cour Suprême le savent. C’est une loi qui exige cela, alors que la motivation de la loi est de faire en sorte que le président, année après année, ne puisse s’enrichir  de façon  démesurée, avec l’argent public. En somme, c’est un mécanisme de contrôle de la probité morale  du premier magistrat par le peuple.

En s’y dérobant et en s’accommodant du seul communiqué de la Cour Suprême qui semble cacher plus de choses qu’il n’en révèle, le chef suprême des armées ne contribue pas, assurément, à dissiper les soupçons d’enrichissement personnel qui ont lourdement pesé sur lui au gré des nombreux dossiers à scandale qui ont éclaboussé son quinquennat 2013-2018 et qui continuent à éclabousser celui de 2018-2023. Cette situation regrettable se passe à un moment ou IBK à l’image de ses prédécesseurs a créé à son tour sa structure anti-corruption.

De 1992 jusqu’à nos jours les présidents Alpha Oumar Konare et Amadou Toumani Toure qui se sont succédé à la tête du Mali, ont évité des scandales d’état. Le président IBK n’a guère été une exception en la matière. Plus de 700 milliards de pertes pour le trésor public Malien rien que pour  la dernière décennie, selon le dernier rapport du vérificateur général. Sur 48 milliards provenant des sociétés minières au titre d’impôts, seuls 8 milliards sont tombés dans les comptes du trésor public.

En effet, pour bien illustrer la preuve patente de cet échec du régime d’IBK, il a été obligé d’accepter la signature de l’accord politique du fait de sa  gestion calamiteuse qui a plongé le Mali dans une crise multidimensionnelle sans précédent.  Aujourd‘hui IBK se rend compte des limites de cette gestion dans laquelle la famille, les clans et les amis ont toujours été présents aux commandes de l’Etat. Si le président IBK a échoué, c’est dû, en grande partie, à la mauvaise gouvernance instaurée avec ses lots de scandales au fil des mois et des ans. De l’avion présidentiel aux 1000 tracteurs, en passant par le contrat d’armement et les engrais frelatés, tous les scandales dégagent une forte odeur de corruption et de détournement de grande envergure. Pour preuve, les Maliens accusent le régime de concussion. Pour notre cas d’espèce, cette concussion s’est produite lors de l’achat de six avions de chasse brésiliens de marque SUPER TUCANO pour un coût total de 51 milliards FCFA. Il s’est avéré que d’autres sources ont révélé que 53 milliards ont été décaissés sur le budget de l’Etat pour n’obtenir que 4 avions. Jusqu’à ce jour, nous ne savions pas après plusieurs investigations où sont passés les deux autres aéronefs non livrés, mais payés. Chose incroyable, ces aéronefs ont été acquis en 2017 mais ils sont inutilisables déjà, faute de maintenance, nous dit-on ?

Personne n’aurait crié au scandale, si IBK et son fils de Président de la Commission de défense de l’Assemblée Nationale du Mali n’avaient pas évoqué comme raison de leur maintien au sol le problème de manque d’entretien des dits hélicoptères dans l’hebdomadaire Jeune Afrique de la semaine dernière. La sortie médiatique du Président de la Commission défense de l’Assemblée Nationale en France a enfoncé le clou lors de la rencontre avec la diaspora malienne. Ce qui nous a surpris dans cette affaire, c’est de savoir quelles étaient les raisons qui obligeaient le gouvernement à aller acheter sur un marché à puce des avions de combat sur lesquels les maliens comptaient pour libérer le nord du pays de la domination des rebelles touareg, des djihadistes et des terroristes ? Nous avons vécu le scandale de l’achat de l’avion présidentiel en 2014, l’affaire des engrais frelatés, des tracteurs, des équipements militaires surfacturés etc…

Dans les conditions où les fonds des FAMA sont détournés par les officiers sur lesquels reposent l’espoir du peuple malien, sans aucune sanction, parce que le chef suprême des armées n’a pas d’explication à donner au peuple malien, pourquoi ne pas accepter la mort dans l’âme, la notion d’armées reconstituées pour cacher la partition du pays, faute d’équipements adéquats des FAMA.

On a-t-il fait décrier victoire. Ça y est ! La première vague du bataillon reconstitué est arrivée à Kidal sous escorte de la MINUSMA. Ce bataillon a trouvé sur place à Kidal, un autre bataillon de 1500 hommes formés aux métiers des armes par les français sous le couvert de l’armée mauritanienne. Ce bataillon constitué de touaregs, de syriens semble-t-il de mauritaniens, de djihadistes convertis, a en charge de non seulement protéger Kidal, mais aussi de prouver la présence d’une force azawadienne sous commandement de la CMA. Les conditions de la CMA ont été imposées et acceptées par le régime d’IBK.

C’est ainsi que sur exigence des groupes armés acceptée par le pouvoir, 80% des éléments des troupes (armée malienne reconstituée) sont des combattants des groupes armés du nord. A Kidal et dans les zones contrôlées par des groupuscules armés, le commandement militaire de l’armée est exercé par des membres de ces mêmes groupes. Aussi, les ex-combattants issus du processus de désarmement et de démobilisation choisissent leur localité pour servir. La hiérarchie militaire du Mali ne pourra pas muter ces combattants qui seront placés sous l’autorité directe des différents groupes armés.

Selon la volonté des responsables de la CMA (coordination des mouvements de l’Azawad), en vue de marquer leur autonomie, les ex-combattants issus de la CMA faisant partie de l’armée malienne reconstituée gardent leur fanion Azawad sur les tenues militaires dans la ville de Kidal. Conformément aux dispositions sécuritaires décidées par la CMA et acceptées par le pouvoir, il est interdit aux troupes de l’armée malienne reconstituée de contrôler les groupes armés non enrôlés dans l’armée reconstituée malienne. Enfin, pour le déploiement de l’armée reconstituée des groupes armés au nord, toutes les dépenses et les matériels doivent être supportés par l’Etat du Mali.

Les équipements dont dispose ce bataillon sont lourds et modernes contrairement à ceux de l’armée reconstituée. Nous avons eu l’occasion de voir lors du congrès du HCUA, plus de 150 pick-up Land Cruiser japonais surmonté de fusil 12.7. L’armée malienne n’est pas autant dotée dans cette zone que l’armée azawadienne. Doucement et inéluctablement Kidal se détache du Mali, avec la complicité des officiers trempés dans les scandales d’achat d’équipement des FAMA. Par leur faute, le Mali se trouve divisé en deux territoires dont chacun a son armée dont celle de l’Azawad qui à son fanion, ses armes, son peuple, son commandement. Mais l’histoire jugera tout le monde sur ses faits, ses gestes  et ses dits.

Siramakan Keita

 

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