Le G5 Sahel, une alliance mort-née !

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Le retrait du Mali du G5 Sahel est un sujet qui suscite beaucoup de commentaires. Et comme toujours,  sur la toile,  les émotifs s’expriment aveuglément sur un sujet aussi complexe. Sous le parrainage de la France, cette alliance militaire est née pour sécuriser la bande sahélienne, en proie au terrorisme. Mais dès  le départ,  le projet était voué à l’échec et cela pour plusieurs raisons.

D’abord, l’absence de l’Algérie, ce grand pays doté d’une force militaire très importante, n’a pas souhaité intégrer l’alliance. Or, il aurait pu constituer le maillon fort et peut être permettre la stabilisation de la zone. Les motifs avancés par certains spécialistes de géopolitique permettent de comprendre ce refus de participer audit projet. En effet,  la méfiance des algériens, vis-à-vis du parrain, la France, a pu constituer un obstacle. L’Algérie, cherchant à se libérer du néo-colonialisme, n’aurait pas souhaité intégrer une alliance militaire contrôlée par la France. Cela peut se comprendre aisément compte tenu du lien historique qui existe  entre les deux pays. L’Algérie cherche toujours à panser ses plaies et à prendre ses distances.

Mais, toujours selon certains experts, il existerait également certaine amitié entre l’Algérie et certaines fractions des groupes terroristes qui sévissent  au Sahel. Si cette information est vraie, alors l’entrée de ce pays frontalier n’était pas souhaitable. Elle aurait même été catastrophique pour les autres pays membres. Pour l’heure, il est difficile d’accréditer cette thèse mais ce que l’on sait : c’est que l’Algérie reste ferme avec les terroristes en dépit de son refus de rejoindre l’alliance.

Cependant,  le G5 Sahel aurait pu être, en dépit de l’absence de l’Algérie, une force africaine efficace si les difficultés d’ordre financier ne l’avaient pas contraint à demeurer sous l’hégémonie de la France et donc être une force de soutien à Barkhane et non une force militaire indépendante. Si les pays membres avaient conjugué leurs efforts et mutualiser les moyens pour créer une armée sous-régionale dédiée à la lutte contre le terrorisme, elle aurait été capable de contrer le repli des terroristes et de percer les poches de résistance.

A défaut d’être une force indépendante, l’alliance demeurerait un autre bras armé de la France. Cette dernière,  dont la présence est de plus en plus contestée au Sahel, n’aurait pas été efficace dans ces conditions. Ainsi, en dépit du travail gigantesque accompli par Barkhane et des investissements réalisés par la France,  la zone aurait totalement échappée au contrôle des pays concernés.

Le retrait du Mali, conformément aux nouvelles orientations politiques des autorités de Transition, affaiblira le G5 Sahel qui pourrait même être dissout  pour prendre une autre forme. Les autorités maliennes ont fait un choix stratégique compatible avec la nouvelle dynamique qui prévaut dans les relations franco-maliennes. Mais pourtant,  on peut questionner ce choix souverain. Le Mali n’aurait-il pas pu tirer profit de l’alliance en négociant une réorganisation stratégique ? Les relations diplomatiques moins belliqueuses  entretenues avec les pays membres de l’alliance et les intérêts en commun (la sécurisation de la zone) auraient peut-être  permis de repenser l’alliance et d’en faire une force utile.

Nous ne pouvons, pour l’heure, qu’espérer que ce choix stratégique, dont on ignore les tenants et les aboutissants, permette une plus grande montée en puissance de l’armée malienne. Celle-ci s’étant illustrée par sa bravoure et son engagement, elle pourrait très bien redonner au pays sa souveraineté. Désormais mieux outillé et plus à même de poursuivre le combat seule, elle fait la fierté du peuple tout entier.

Dr DOUGOUNÉ Moussa

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