Le G5 Sahel : Un nouveau front pour le Mali

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Les chefs d'États des pays membres du G5 Sahel, Mahamadou Issoufou, Idriss Déby Itno, Ibrahim Boubacar Keïta, Mohamed Ould Abdel Aziz et Roch Marc Kaboré, à Bamako le 6 janvier 2017.
Les chefs d'États des pays membres du G5 Sahel, Mahamadou Issoufou, Idriss Déby Itno, Ibrahim Boubacar Keïta, Mohamed Ould Abdel Aziz et Roch Marc Kaboré, à Bamako le 6 janvier 2017. © Minusma/Harandane Dicko

Ça y est ! le Tchad et la Mauritanie sont parvenus à mettre la main sur le G5-Sahel. L’attaque du QG de l’état-major de cette force a été un bon prétexte pour faire sauter le général malien Didier Dacko du poste de chef d’état-major, après avoir trainé les pieds pour s dotation en moyens humains et matériels pour réussir ls missions à lui confiées. Laisser donc les troupes du G5 Sahel entre les mains de la Mauritanie et du Tchad -surtout la Mauritanie- donnant au Mali un rôle de second couteau dans la lutte antiterroriste, constitue, en réalité, un nouveau front sur lequel le Mali doit veiller.

Qu’on aime le président IBK ou non, n’empêche pas de voir la réalité en face : le G5 Sahel, il y croit et se l’est approprié, comme en témoignent les efforts qu’il a déployés pour le faire bouger pendant le laps de temps qu’a duré son mandat de président de cette organisation.

Mais les résultats, même s’ils ne sont pas négligeables, sont loin de ses attentes et surtout de sa vision. En effet, tout se passait comme si, pendant qu’il tentait de tout faire pour que ce projet entre rapidement dans sa phase de concrétisation, des forces obscures, au sein du G5 Sahel, faisaient du rétropédalage. On promettait moult choses pour rendre cette force vraiment opérationnelle, mais en contrepartie rien ne venait.

On sait, dès le départ, que la Mauritanie avait des visées sur le contrôle de cette organisation en abritant la réunion des chefs d’Etat ayant servi d’assemblée générale constitutive et abrite aussi le siège du G5 Sahel. Pour qui connaît la Mauritanie de ces dernières années, qui se singularise par la recherche d’un positionnement stratégique dans la sous-région, en dehors de la Cédéao qu’elle a quittée, devait s’attendre à ce qu’elle ne suffise pas à cela.

Le gouvernement mauritanien devrait envoyer des unités de combat constituées de 1000 soldats, à la frontière avec la République du Mali pour contribuer à l’Alliance internationale contre le terrorisme et les migrations à travers le Sahel et le Sahara.

Les armées mauritaniennes vont également renforcer leur mouvement le long des frontières mauritano-Malienne et Mauritano- Algérienne, avec le renforcement des points de sécurité sur la bande frontalière entre N’Djagou dans la Wilaya du Trarza à l’ouest et Bir Oum Ghrein dans la Wilaya du Tiris Zemmour au nord, passant par plusieurs Wilayas frontalières (Brakna – Guidi Magha – Assaba- Hodh El Gharbi-Hodh Echarghi).

Pour le Tchad aussi, qui se prend pour le pays doté de l’une des meilleures armées africaines en général et en particulier en matière de lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, laisser le commandement des forces du G5 Sahel à un officier supérieur malien, créait un malaise.

Il y avait donc, depuis la nomination du général Didier Dacko, ce complot en sourdine pour l’éjecter de son fauteuil tant convoité par la Mauritanie et le Tchad. En réalité, dans les milieux militaires et diplomatiques, on se plaît à ressasser les difficultés vécues par l’Armée malienne qui se trouve être en reconstruction.  Un fatras de préjugés qui poursuivent encore les forces de défense et de sécurité du Mali au point que le Tchad et la Mauritanie, la France y compris, se gênaient de voir un des généraux de l’Armée malienne commander une force aussi stratégique que celle du G5 Sahel.

La première opération de cette force du G5 Sahel, baptisée “Hawbi”, qui a été conduite en novembre dans la zone centre,  annonçait déjà les difficultés à venir pour le G5 Sahel, tant dans la coordination que dans la communication entre les différentes armées. Déjà, le cas Didier Dacko était posé.

Pour améliorer ces points faibles, ainsi que la logistique très largement défaillante, les armées du G5 comptent sur l’appui de Français de “Barkhane” et sur les Casques bleus de la mission de l’ONU (Minusma). Selon le quotidien The Times, l’armée britannique, notamment des hélicoptères, pourrait venir apporter son concours. Mais ni Paris ni Londres n’ont jamais confirmé cette information, se contentant de louvoyer, pendant que le temps passait et jouait contre l’agenda du G5 Sahel.

Selon certaines confidences provenant de milieux diplomatiques, il ne fallait donc pas contrarier le président IBK au vu de son engagement pour le G5 Sahel. On a donc choisi de se hâter lentement dans la mise en condition des forces du G5 sahel pour sa montée effective en puissance, en attendant d’avoir l’occasion de réaliser le dessein d’écarter le Général Didier Dacko. Et cette opportunité est arrivée avec l’attaque terroriste contre le QG de l’état-major de la force du G5 Sahel. Comme si on oubliait que le même procédé a été utilisé contre le QG de l’état-major du Burkina Faso sans qu’on ne remette en cause la compétence de qui que ce soit au sein de l’Armée burkinabé. Celui qui nous apprend que “pour noyer son chien on l’accuse de rage” a donc bien raison.

“Les forces mauritaniennes sont considérées l’une des armées les plus expérimentées au combat dans le désert après les forces tchadiennes, mais la vaste frontière avec la République du Mali et la faiblesse des forces de ce pays et l’incapacité de son gouvernement actuel à parvenir à affermir une réconciliation globale des citoyens Maliens sont un obstacle à tout mouvement dans la région” lit-on sur le site mauritanien Zaara.mr, comme preuve de ces préjugés sur l’Armée malienne.

Mais en ayant le Tchad et la Mauritanie aux affaires, le général de division Oumar Bikimo du Tchad étant désigné chef d’État-major adjoint de la force militaire du G5 Sahel, le chef d’état-major adjoint mauritanien, le général Hanena Ould Sidi, prenant le commandement. Avec ces deux solides alliés de la France dans sa gestion du Sahel, le Mali doit ouvrir grandement les yeux et les oreilles pour être à l’abri d’une surprise.

En effet, pendant que le Mnla déclenchait les hostilités contre le Mali, certains de ces cadres se réunissaient dans la capitale mauritanienne où ils créchaient dans des villes cossues. Encore, lorsque les djihadistes, notamment les éléments de la katiba du seigneur de guerre Abou Zeid étaient pris en tenaille vers Diabaly, où leur avancée vers Bamako avait été stoppée par Serval et l’Armée malienne, la Mauritanie avait rassuré de la fermeture de sa frontière, qui s’est révélée finalement poreuse pour les djihadistes, dans leur repli.

Le Niger, quant à lui, assure le secrétariat permanent du G5 Sahel et se trouve donc au cœur du dispositif. Le Mali, n’abritant que le QG de l’état-major, se voit ainsi laissé en rade, sans donc accéder à aucun des leviers de contrôle ou d’influence sur cette organisation.

Nous n’insinuons rien, mais le Mali a traversé tellement de souffrances consécutives à des complots internationaux, en étant trahi par de prétendus “amis”, qu’il est temps, plus que temps, d’adopter la philosophie du général de Gaulle qu’il exprimait dans ses prières quotidiennes : “Dieu, préserve-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge !”.   

                 Amadou Bamba NIANG

 

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