Le corridor n’est qu’un couloir, l’intégrité est le sentier…

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C’est la mise en branle d’une exceptionnelle diligence…Vraisemblablement, à partir du 4 mai, des centres de référence de Goundam et Diré seront rouverts. Des kits seront acheminés par localités en conséquence…Il ne s’agit pas d’une hâte primesautière, ni d’une improvisation pétulante…Le corridor humanitaire sur les régions sinistrées du Nord-Mali rentre dans les passages cloutés.

Le jeudi 26 Avril, la Croix rouge malienne confirmait un appel d’Ançardine pour l’envoi d’urgence de médicaments dans 4 localités de la région. Il sera suivi d’un autre appel du MNLA se disant prêt à assurer la couverture sécuritaire des convois (une disponibilité qui restait à cosigner par écrit). Selon les responsables de la Croix rouge malienne, les contacts sont désormais permanents entre tous les acteurs engagés sur ce front d’un corridor humanitaire. Il y a de cela plus d’une semaine, une enveloppe a été mise à la disposition du Mali par la CEDEAO pour l’urgence humanitaire. L’ONU ne s’en cache pas qui avance le chiffre de 320 000 de placés-refugiés parmi les populations et diverses organisations communautaires chez nous disent que des familles accueilleraient au sud en moyenne 15 personnes fuyant des régions du Nord. C’est une donnée dont la digestion sera difficile. Un site a été prévu à se propos à Tienfala, non loin de Bamako, pour recevoir les populations déplacées à l’intérieur de leur propre pays. L’émission « Questions d’Actualité » du dimanche 29 Avril réunissait certains acteurs parties prenantes dans la gestion humanitaire des retombées de la crise du Nord. On y procèdera à un état des lieux, visites des lieux de stockage et acheminement des vivres, on se penchera sur les stratégies appropriées en la matière et sur les conditions à réunir pour ouvrir ce corridor humanitaire. Qui existe de fait. M. Adama Diarra reviendra sur les principes d’intervention de la Croix rouge (au nombre de 7) dans les situations de catastrophe, de conflits. Notre pays dispose d’une seule croix rouge en corrélation avec les autres structures. Le volontariat de l’action, dira-t-il, est fondamental même au niveau des secouristes et si la Croix rouge est indépendante, elle est auxiliaire des pouvoirs publics. La Croix rouge a montré la voie avant que les autres organisations (CICR, HCR) ne montent au créneau. C’est le lieu de dire que celui qui aura fait bouger les lignes ici, c’est le président de l’Assemblée régionale de Tombouctou. C’est à la suite d’une description remarquable de ce qui se passe sur le terrain là bas, que tout a été mis en branle. Un mois, jour pour jour, que cette précarité existe au Nord après la chute des grands centres habités. Les premiers entretiens le furent avec un groupe de paysans sur place sur les stocks de semence enlevés ou détruits. Les échanges ont continué avec les maires, les notabilités des communautés : les besoins exprimés seront d’ordre alimentaire, le manque de médicaments, la faiblesse du personnel médical : ex : à Rharouss, tout le personnel est parti. Ajouter à cela dans ces régions occupées, les activités économiques sont au ralenti, pas de circulation de biens, pas de foires communales…Les villes se vident petit à petit de leurs habitants, les camions en partance sont pris d’assaut. On a pu noter que jusqu’au…samedi 28 Avril 2012, les populations continuaient à sortir. Confirmation entendue de la bouche de M. Cissé de l’Association « Cri du cœur ». Son mouvement est entré en action à la suite de multiples appels signalant les cas de viols, violences et voies de fait, décès sur les routes. C’est à la suite d’une marche protestataire que fut décidée l’ouverture d’un corridor humanitaire. Restait de réunir les garantis sécuritaires. Le corridor sera symboliquement ouvert le vendredi 13 Avril avec un camion en partance pour Tombouctou, Gao avec des vivres, des médicaments et un petit personnel médical d’appui. Le représentant de la FENASCOM sur le plateau reviendra sur sa mission de solidarité. Il dira qu’à Tombouctou, il y a eu 14 CESCOM saccagés, 2 à Gao, 9 à Kidal et dans certaines localités de Mopti, des actes de pillage furent commis à Ténenkou, Youwarou, Kosso…Des chiffres ? 103 000 ménages à Tombouctou attendent d’être secourus. A Goundam, 10 000 ménages, 7 000 à Diré, 8750 à Gourma Rharouss, 11000 ménages à Niafunké. Le problème de la sécurisation des convois et des biens ? Au delà d’Ançardine et du MNLA, seuls deux petits groupes peuvent attaquer à tout moment.

Il n’existe plus que la volonté de survivre pour les habitants du Nord

Des difficultés existent encore sur le terrain et toutes ne sont pas bonnes à dire…Même avec notre diplomatie  humanitaire, le trajet à couvrir est un autre handicape à contourner. Sait-on que même les agents humanitaires sont partis ? On a beau développer des trésors de commentaires obligeants, rien ne saurait camoufler la situation de détresse dans laquelle plonge les habitants restés sur place. On y manquerait de tout jusque dans le plus strict nécessaire. Tout est décryptable à travers le rapport de forces avec les « occupants de fait »,  comme les appelait M. Cissé. Des populations prises entre deux feux de fanatiques : ceux qui ne veulent pas changer d’avis sur la charia et ceux qui ne veulent pas changer de sujet sur l’Azawad. On nous rapporte que le divorce entre le Nord et le Sud découlera de l’opposition entre les propos officiels et les convictions prolongées par les faits.

Le Premier ministre ignore- t-il que toutes ces paroles seront bues par ces temps de trouble ? Cheick Modibo Diarra ne veut pas se laisser à d’autres considérations, il a réaffirmé que la priorité de son gouvernement était le rétablissement de l’intégrité territoriale. Avec une voix de centaure, il lâchera à l’endroit des populations du Nord : « Nous ne vous abandonnerons jamais… ». La justice  est un rapport de concordance qui subsiste réellement entre deux choses disait Montesquieu, et il est improbable donc que la fourniture vienne à manquer à ce corridor car elle sera prise directement du dynamisme de toute notre société. Tout ce qui restera à faire au gouvernement, c’est d’en surveiller la rigueur factuelle…

 S.Koné

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