Le Nord du Mali est de nouveau sous haute tension. Après l’attaque suicide de dimanche à Tombouctou, les combats ont repris, le 30 septembre à Kidal, entre les rebelles touaregs et l’armée malienne. Une dégradation de la situation sécuritaire qui intervient au moment où le président Ibrahim Boubacar Keïta séjourne à l’extérieur du pays.
La tension monte d’un cran entre les rebelles touaregs et l’armée malienne. Selon des témoins, des combats ont repris, le 30 septembre, au centre-ville de Kidal, dans la partie nord du pays. Une dégradation de la situation sécuritaire sur le terrain qui se produit en l’absence du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qui, après avoir participé à New York à l’Assemblée générale des Nations unies, a entamé, le 29 septembre, une visite officielle de quelques jours en France.
Abdallah Ag Mossa, résidant à Kidal, a déclaré à l’AP que les affrontements entre les deux parties ont repris “ce matin [30 septembre], après une accalmie pendant la nuit. Une information confirmée par un membre de la mission onusienne sur place qui a confirmé avoir entendu des tirs à “partir de 6 heures du matin”.
Mais c’est à Tombouctou qu’a eu lieu, dimanche 29 septembre, l’attaque la plus sanglante de ces trois derniers jours. Quatre jihadistes à bord d’une voiture piégée ont attaqué un camp militaire dans la ville inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Bilan : deux civils tués, en plus des quatre kamikazes eux-mêmes, et six soldats maliens blessés, dont les jours ne sont pas en danger, selon des sources officielles maliennes.
“Défaillances”
Le ministre malien de la Sécurité intérieure, le général Sada Samaké, s’est rendu dimanche sur le terrain pour rassurer les populations et les soldats “de la ferme volonté du gouvernement de rechercher et punir les responsables de ces actes”, selon sa déclaration diffusée par la télévision publique ORTM.
Il s’agit de la troisième attaque kamikaze de l’histoire de cette cité, après celles des 21 et 30 mars 2013. “Il y a des défaillances, il faut avoir le courage de le reconnaître mais (…) nous allons prendre toutes les dispositions pour que la situation soit maîtrisée”, a affirmé le général Samaké.
Une nouvelle explosion a secoué dimanche après-midi une autre ville du Nord, Kidal (près de 630 km au nord-est de Tombouctou), où la rébellion touarègue du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a une base. Les premières informations avaient fait état d’une tentative avortée d’attaque suicide dans laquelle un kamikaze s’était tué, sans faire de blessé, en manipulant par accident sa ceinture explosive. Mais dimanche soir, le gouverneur de Kidal, le colonel Adama Kamissoko, a infirmé ces informations. “Il n’y a pas eu de mort, mais un blessé grave. (…) L’explosion a eu lieu dans un magasin où se trouvaient des armes qui n’appartiennent pas à l’armée régulière”, a déclaré le colonel Kamissoko, sans plus de détails.
MNLA parle de “provocation”
La situation sécuritaire s’est encore dégradée à Kidal avec des échanges de tirs enregistrés en fin de journée dans le centre-ville. Des responsables du gouvernorat de la ville ont affirmé qu’ils ont impliqué des soldats maliens et des hommes armés non identifiés, mais le MNLA a soutenu qu’il s’agissait d’une de ses unités. D’après les responsables locaux, les militaires ont été attaqués, ils ont riposté, pris le dessus sur les assaillants et contrôlaient leurs positions dans la ville dimanche soir.
Dans un communiqué publié depuis Ouagadougou, le porte-parole du MNLA, Mossa Ag Attaher, a déclaré que “des soldats maliens ont délibérément ouvert le feu sur une unité mobile” du mouvement circulant en centre-ville. Trois hommes, dont le chef de l’unité, ont été blessés et le reste du groupe a riposté. Il a accusé l’armée malienne d'”actes de provocation envers le MNLA” et ses hommes.
Les militaires sont désormais en “état d’alerte maximum avec l’appui des forces de la Minusma (mission de l’ONU au Mali)”, a de son côté affirmé le gouverneur de Tombouctou, le colonel-major Mamadou Mangara, à l’ORTM.
Pour le gouvernement malien, “la multiplication de ces attentats démontre que la guerre contre le terrorisme n’est pas terminée”.
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