L’Afrique de l’Ouest cherche une issue à la crise malienne

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Le calme est revenu à Bamako, mais la junte n’a pas dévoilé ses intentions.

Amadou Haya Sanogo (au centre), avec ses soldats, lors d'une manifestation de soutien à la junte, mercredi à Bamako. Crédits photo : Rebecca Blackwell/AP
Difficile de voir les signes d’un putsch au Mali. Le coup d’État d’une poignée d’officiers et d’hommes du rang qui a balayé le régime du président Amadou Toumani Touré, dit «ATT», il y a une semaine, semble oublié. À l’aéroport de la capitale, lieu hautement stratégique dans tout soulèvement militaire digne de ce nom, c’est tout juste si quelques sous-officiers surveillent les allées et venus des étrangers qui quittent en masse le pays. Les rues de la capitale montrent un visage étonnamment normal, les grands ponts qui enjambent le Niger connaissent leurs embouteillages habituels et, après quatre jours de fusillade et de peur, les Maliens, poussés par la nécessité de remplir les garde-manger, sont ressortis.

«On n’a pas le choix. Il faut bien aller au travail pour gagner un peu d’argent. Et puis depuis trois jours tout était calme», racontait mercredi Kumbia Konaré. Prudent, ce jeune fonctionnaire évite tout de même le centre-ville où les mutins maintiennent un «périmètre de sécurité» – en fait quelques rues barrées mollement gardées par un petit canon sans recul et une mitrailleuse. Au centre de cette zone rouge, seul le siège de la télévision nationale, premier site clef tombé aux mains des putschistes, affiche une certaine animation. Des soldats aux uniformes dépareillés vont et viennent dans la cour, s’agitent et discutent autour d’une vieille batterie antiaérienne. Le nouveau maître des lieux, un capitaine qui tient à garder son nom «secret défense», assure que «tout est revenu à la normal».

Un coup d’État organisé à moins d’un mois d’une élection

Le calme qui règne à Bamako est une première bonne nouvelle pour le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), la junte désormais au pouvoir, qui semblait jusqu’à présent n’avoir qu’un contrôle très partiel des événements. Mercredi, la manifestation de soutien à la junte organisée place de l’Indépendance a par ailleurs connu une affluence inattendue. Plusieurs milliers de personnes ont marché, brandissant des banderoles violemment hostiles au président déchu ou à la France tout en entonnant des slogans en hommage au chef de la junte, Amadou Haya Sanogo. Ce capitaine de 39 ans, totalement inconnu, se veut le nouvel homme fort du Mali. «Mais Sanogo ou un autre cela n’a pas d’importance. L’important c’est que ATT soit parti. Il nous a menti. Il a été élu et ensuite il n’a travaillé que pour lui et ses collaborateurs. Les petits Maliens, eux, n’avaient rien», peste Moktar Tambou.

Le Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA), une révolte des Touaregs qui ravage les provinces du nord du pays depuis six mois, concentre la colère des manifestants. «Les Touaregs armés par Kadhafi avec le soutien d’ATT nous tuent. Il fallait réagir vite», jette Ibrahim Keita. À ses yeux, l’urgence justifie ce curieux coup d’État organisé à moins d’un mois d’une élection à laquelle le président sortant n’entendait pas se présenter.

Retour à l’ordre

Dans les allées du marché, l’enthousiasme pour le capitaine Sanogo est certes plus nuancé. Mais les commerçants, lassés par une décennie de politique consensuelle molle menée par ATT, ne semblent pas prêts à défendre l’ancien régime. «Il faut juste que tout se calme», dit Modjor Gassama, un vendeur de motos. «Il est indubitable que la junte est parvenue à se faire admettre d’une partie des Maliens. Le coup d’État est consommé», analyse un important acteur politique.

Le CNRDRE reste cependant très isolé sur le plan politique et diplomatique. Mardi, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a condamné le coup de force et exigé un retour à l’ordre constitutionnel. Jeudi, une délégation de chefs d’État emmenés par le président ivoirien Alassane Ouattara doit arriver à Bamako pour trouver une solution. Rien n’a officiellement filtré des propositions qui pourraient être faites. Mais, sur RFI, le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, a dévoilé qu’«une transition» dirigée par Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale, était envisageable.

Cette issue, qui entérinerait la chute d’ATT, ne semble pas avoir les faveurs de la junte. Le CNRDRE, après des débuts brouillons qui trahissaient son impréparation totale, s’est lancé dans une course de vitesse pour renforcer son pouvoir. Après avoir dévoilé une nouvelle Constitution en 70 points, elle devait sous peu dévoiler un comité exécutif. Les noms des membres, 26 militaires et 15 civils, étaient toujours secrets hier. Pour l’heure, les hauts gradés de l’armée et l’état-major sont restés dans l’ombre. Quant au président Touré, il s’est exprimé hier soir, pour la première fois depuis le putsch, sur l’antenne de RFI, déclarant: «Je suis libre dans mon pays (…) Le plus important aujourd’hui est de trouver une issue à la crise.»

 

lefigaro.fr

29/03/2012

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1 commentaire

  1. Le capitaine Sanogo n’est meme pas present sur cette photo c’est le porte parole
    Il vaudrait mieux verifier les infos hein…..

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