Le retour du Président Dioncounda Traoré à Bamako a ouvert une nouvelle étape pour le dénouement de la crise sociopolitique au Mali. Il a tenu un discours unificateur, rassembleur et plein d’espoir. C’est celui des premières décisions, du débat et du rappel des contraintes auxquels tous les acteurs sociopolitiques sont tenus. Il fait de la realpolitik.
Quand tout va mal, quand on a tenté toutes les solutions possibles et qu’on ne sait plus vraiment où donner de la tête, on se dirige vers ce que l’on connaît le mieux. Et ce que Dioncounda Traoré connaît, c’est la manœuvre politique. Cet agissement est composé de différents aspects, notamment la realpolitik. C’est la carte que Dioncounda est en train de jouer actuellement pour mener une transition apaisée, où tous les acteurs sociopolitiques seront à l’œuvre. La realpolitik est par principe une gestion très diplomatique d’une situation confuse. Elle est basée sur une prise de décision en connaissance du minimum de données et en sauvegardant le maximum d’options. La realpolitik est, sans aucun doute, le secret de la longévité au pouvoir du président Blaise Compaoré. Un des moyens de la realpolitik que ce dernier a largement exploité est l’acceptation par l’opinion publique du système de gouvernance approprié. Positivement, il est employé dans le sens d’abandonner ses idéaux pour composer avec la réalité. Dans son sens négatif, il est utilisé pour indiquer un manque de vision politique conduisant à un règlement uniquement à court terme des problèmes. Le président Dioncounda Traoré a opté pour le sens positif de la chose et a prononcé dimanche un discours tant attendu.
Les Maliennes et les Maliens ont pu découvrir un homme déterminé, qui a su s’exprimer au moment où c’est nécessaire. Le monde entier a, à travers son adresse à la nation, découvert un homme d’une certaine expérience politique qui a fait des propositions pour sortir son pays de la crise socio-politico-militaire. Ainsi, Dioncounda Traoré propose la création d’un Haut conseil d’Etat constitué du président de la République et de deux vice-présidents chargés d’assister le président dans l’accomplissement de sa mission. Il a précisé que: «L’un des vice-présidents représentera les forces de défense et de sécurité. A ce titre, il présidera le Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité. Il s’occupera de toutes les questions militaires relatives au nord du pays. Le second vice-président représentera les autres composantes des forces vives de la nation».
Dioncounda Traoré a, aussi, mis fin à l’interclasse institutionnel ; cela en conformité avec l’article VI de l’accord de Ouagadougou, en annonçant la mise en place d’un gouvernement d’union nationale où seront représentées toutes les composantes des forces vives. Il a, d’ailleurs, commencé depuis mardi, les consultations conduisant à la formation de ce gouvernement. L’autre grande proposition du chef de l’Etat malien de la transition, est la création d’un Conseil national de la transition ayant une compétence consultative et regroupant les représentants des partis politiques présents ou non à l’Assemblée nationale, ainsi que des représentants de la société civile. Ce conseil sera dirigé par le vice-président représentant les forces vives de la nation. A cela, s’ajoute aussi la création d’une Commission nationale aux négociations conformes aux aspirations des chefs d’Etats de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao). Cette commission sera chargée de mener des dialogues avec les mouvements armés qui occupent le nord du pays. L’espoir est à l’horizon. Et c’est dans les plus brefs délais que la concrétisation de ces propositions est attendue par le Mali, par la Cédéao et ainsi que par reste de la communauté internationale.
Rokia Diabaté