La solution du CNRDRE pour le Nord : L’Armée fuit le front

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Si ne c’est pas la débâcle, ça y ressemble fort. L’armée abandonne le nord entre les mains de l’ennemi qui contrôle maintenant les trois régions septentrionales. La nouvelle arme fatale de la junte s’appelle « le repli stratégique ».

Vendredi dernier, les mouvements armés multiformes ont occupé Kidal, Bourem et Ansongo. Vingt-quatre plus tard, ils s’emparaient des deux camps de Gao avant de prendre le contrôle, le lendemain, de la ville de Tombouctou. En trois jours donc, les bandits armés ont eu raison de l’armée loyaliste. L’heure est grave. Pour la première fois, de 1963, date de la première rébellion armée, au 17 janvier 2012, début de la rébellion en cours, le Mali a connu quatre insurrections armées majeures. Mais jamais auparavant, une seule région n’avait été entièrement occupée. Aujourd’hui, elles sont trois à être sous le contrôle total de l’ennemi : Tombouctou, Gao et Kidal. Soit les régions que réclame le MNLA pour constituer la République de l’Azawad. Les différents bandits armés présents dans le nord l’avaient promis : ils mettront à profit la déstabilisation de l’Etat et la perturbation de la chaine de commandement pour « libérer » leurs territoires « illégalement » occupés par le Mali. Ils n’ont pas attendu bien longtemps pour exécuter la menace.

Après un siège de plusieurs jours, les prédicateurs armés, conduits par le déserteur Iyad Ag Ghaly, et le MNLA ont décidé d’entrer en action. Mais auparavant, le mardi, des responsables du MNLA auraient contacté le colonel major El Hadj Gamou, chef des opérations militaires de la région de Kidal (par ailleurs chef d-état-major particulier du président de la République) pour négocier un partage de la zone. En effet, suite au ralliement d’une importante frange de ses troupes à Ansar eddine, le MNLA, qui ne partage pas la même idéologie et les mêmes objectifs que les djihadistes,  s’est retrouvé affaibli et contraint de solliciter le ralliement de Gamou. Le colonel aurait décidé d’observer la situation. Campant hors de la ville de Kidal avec sa « Force Delta » composée de deux des quatre groupes maliens revenus de la Libye et forte de plusieurs centaines d’hommes et d’une cinquantaine de véhicules militaires dont des blindés légers, Gamou et ses hommes ont suivi de loin les combats entre les forces loyalistes des deux camps de la ville et le duo Ansar eddine-MNLA. Ces affrontements se sont déroulés à plus de dix kilomètres de la ville et auraient duré de 08H à 2oH. Les militaires auraient replié dans leurs camps quand ils ont constaté que les assaillants ont reçu d’importants renforts en hommes, armements et munitions de la part d’éléments supposés appartenir à AQMI. De plus, le groupe de repliés auraient été divisés entre ceux qui voulaient se rendre sans combattre encore, les intégrés touaregs, et les autres qui voulaient résister. Les premiers finiront par déserter en pleine nuit, selon des informations, pour se rendre à l’ennemi. Les seconds, ayant constaté que le colonel Gamou ne participait pas aux combats et qu’il s’apprêtait à plier bagage, auraient décidé de suivre les instructions de la hiérarchie qui leur disait de quitter la ville et de mettre cap sur Gao.

En milieu de matinée, les assaillants entrent en ville et en prennent le contrôle. Des responsables militaires et administratifs dont le gouverneur Salif Koné auraient trouvé refuge et protection chez le chef spirituel des Ifoghas, Intallah, lequel aurait négocié avec Ansar eddine la liberté de ses « protégés ». Il l’aurait obtenue, à condition que ceux-ci quittent la ville sans armes et sans véhicules.

Le même jour, des éléments du MNLA à bord d’un véhicule 4X4 font un tour à Bourem où ils dévalisent un magasin et à Ansongo, deux localités que l’armée venait d’évacuer pour soit disant renforcer Gao où se trouve le PC opérationnel pour le nord.

De fait, pas plus que Kidal, Gao ne résistera pas longtemps aux assaillants qui l’ont investie dans la matinée du samedi, en scandant Allah  Akbar. Installés dans les locaux de la brigade territoriale de la gendarmerie, en plein centre-ville, les bandits armés d’Ansar eddine et du MNLA ont vite fait de faire fuir les surveillants de la prison dont les pensionnaires ont profité pour prendre la clé des champs, et les gardes nationaux dont le camp est situé presqu’en face. Après quelques légers accrochages entre les militaires et les assaillants, repoussés vers le nord et le nord-est de la ville (quartier d’Aljanabandia), et qui se mélangeaient lâchement aux populations rendant l’intervention de l’armée dangereuse, l’ordre est venu de Bamako : il faut évacuer les deux camps. L’un (au quartier Boulgoundié) sera occupé par Ansar eddine et l’autre (près de l’aéroport) par le MNLA. C’est le moment qu’a choisi le colonel Gamou pour avouer sa traitrise : il a changé de camp et s’est rallié au MNLA qui, lui-même fait cause commune avec Iyad, un ennemi juré de l’officier félon. Deuxième « repli stratégique », en l’espace de deux jours.

Une troisième retraite interviendra vingt-quatre heures plus tard. Dans la troisième grande ville du nord. Dimanche matin, en effet, tôt le matin les populations ont été effrayées par les premiers coups de feu. Mais la conquête de Tombouctou aurait été plus aisée que les autres. A midi déjà tout était fini. Les militaires avaient abandonné leurs positions dès l’entrée des assaillants dans la ville.

Comme dans les deux autres grandes villes du nord, ceux-ci se donneront à cœur joie aux pillages et saccages des biens de l’administration, aux casses de certains magasins et même de pharmacies et centres de santé. Il y aurait pire : ils auraient fait du porte-à-porte pour débusquer des personnes ciblées (généralement des mouvements Gandakoy et Ganda Izo) et les égorger.

Désormais, le nord est sous total contrôle de l’ennemi. A ce stade, on ne peut plus parler de menaces sur l’intégrité territoriale car la partition est consommée. Reste au CNRDRE à œuvrer dans le bon sens non pas seulement pour un retour à l’ordre constitutionnel mais aussi pour un retour à une vie territoriale normale.

Cheick Tandina

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6 COMMENTAIRES

  1. les soldats maliens se cramponnent à la vie au point de faire du peuple malien un objet de dérision.
    Je suis convaincu que nous avons encore des soldats dignes de leurs uniformes, alors rassemblez vous. Si vous n’avez pas de fusils utilisez des batons; sans batons utilisez des pierres.Sans pierres, utilisez vos poings et vos pieds ainsi que vos dents. Battez vous jusqu’au dernier souffle, faites payer l’ennemi de sa vie. Un soldat qui pense que sa vie à une valeur l’a deja perdu avant de mourir.
    Dites vous que, dans une guerre, l’essentiel n’est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d’en face crève pour le sien.

  2. Quel honte une humiliation jamais pareil dans le monde. Quand on voit nos griots nous chantaient en longueur de journée digne descendant de tel de tel. Une honte nationale je lance un appel pathétique( s’il en existe encore) des militaires patriotes braves au nom de leur honneur propre , l’amour de leurs enfants pour l’histoire de faire quelque chose pour laver cet affronts. Certes dans une guerre il faut des moins mais la première arme d’un combattant c’est son courage. Si une guerre se limitait au seul discours de moins les soldat américains n’auront pas perdu un chevet en AFGANISTAN. SOLDAT MALIEN QUEL HONTE DE LAISSER TA SOEUR TON FRERE TES PARENTS AUX MAINS DE L ENEMI.

  3. Nos braves militaires sont capables de tirer en l’air à Bko pour emmerder la population mais dès que les rebelles pointent le bout du nez dans une ville, ces braves militaires se déshabillent et courent aussi vite que le sprinter jamaïcain Usain Bolt; quels lâche ces militaires!!!

  4. Nos braves militaires sont capables de tirer en l’air à Bko pour emmerder la population mais dès que les rebelles pointent le bout du nez dans une ville, ces braves militaires se déshabillent et courent aussi vite que le sprinter jamaïcain Usain Bolt; quels lâche ces militaires!!!( l’armée decide de ne pas prolonger le combat….. Retrait tactique….. repli stratégique )On entendra tout dans ce pays

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