La France en tête : Où est la force africaine ?

1

Lors de sa visite au Mali, le 02 janvier dernier, le président français, François Hollande, a déclaré vouloir laisser le témoin à la Misma (Mission internationale de soutien au Mali). En clair, cela veut dire qu’à partir de cet instant, c’est la force africaine d’intervention qui va prendre l’initiative des opérations sur le terrain. Car si Gao et Tombouctou sont libérés, Kidal étant toujours sous occupation (cette fois du Mnla), beaucoup reste à faire. Il va falloir dépolluer la zone, traquer les fuyards, les désarmer, déminer la zone, sécuriser tous les secteurs afin que les populations et les administrations puissent revenir en toute quiétude. Mais où est cette fameuse Misma ? Peut-on faire confiance en ses capacités opérationnelles ?

Officiers ouest-africains, à Bamako, le 16 janvier. © Issouf Sanogo/AFP

Le 10 janvier, la France a déclenché l’opération Serval, mettant un frein aux velléités offensives des groupes terroristes qui occupent le nord du pays depuis le 1er avril. Si les Français ont pris tout le monde de court, y compris les autorités maliennes dont la lettre de demande d’intervention est arrivée à Paris après le début des frappes aériennes de l’aviation française, beaucoup s’attendaient plutôt à l’intervention de la force en attente de la Cédéao, une force toujours en attente et toujours attendue.
En effet, à ce jour, si la Belgique a envoyé quelques avions, la France est le seul pays véritablement sur le front, et aussi dans les airs. Par diplomatie les Français affirment combattre aux côtés des forces armées et de sécurité maliennes, mais en réalité celles-ci sont confinées dans les seconds rôles. Normal quand on sait que le programme de formation et d’instruction prévu pour la réorganisation et le réarmement des militaires maliens tardent toujours à voir le jour. Parce que l’aide de l’Union européenne et de certains pays est, elle-aussi, en attente. Les drones demandés aux Etats-Unis, grand spécialiste de ces avions de renseignement sans pilote, sont eux-aussi en attente. L’administration Obama, selon certaines indiscrétions, ne serait favorable qu’à l’envoi de drones sans armes, mais ceux-ci sont toujours attendus.
La plus attendue, qui mérite certainement son nom « d’attente », c’est la force africaine d’intervention. En effet, longtemps annoncée, avant même l’implication de la France dans la crise sécuritaire malienne, l’armée de la Cédéao tarde à se constituer. Pourtant, tout le cadrage institutionnel a été réalisé avec la création de la Mission internationale de soutien au Mali. Un pays hors Cédéao, le Tchad, y a été associé. Mais à ce jour, ces différents pays qui ont annoncé pompeusement des effectifs ne parviennent même pas à acheminer sur le terrain les combattants annoncés, même sans matériel et armement. Ils n’envoient leurs soldats qu’à compte-gouttes. Ce qui fait que, malgré la constitution d’un état-major et l’installation d’un quartier général, les quelques rares soldats débarqués ont du mal à être déployés sur le terrain.
Toutefois depuis quelques jours, les soldats tchadiens, qui eux ont débarqué avec un arsenal assez important et qui, apparemment, ne comptent que sur leurs propres forces, ont un contingent basé à Gao alors qu’un autre a pris ses quartiers à Kidal. On les dit aguerris au combat et habitués à se battre dans les zones déshéritées, mais au cas où la France se retirait, pourraient-ils à eux seuls pacifier le nord, même si leurs 2 200 soldats annoncés étaient tous là ? S’étant élancés du Niger, ils sont accompagnés de quelques unités nigériennes qui sont restées dans la région de Gao, notamment pour la surveillance de la frontière Mali-Niger.
De même, des unités Burkinabé sont au Mali depuis quelques semaines, chargées de garder le barrage de Markala et certaines localités comme Niono et Diabali, et d’interdire l’accès du centre du pays. Quant à Konna, un autre verrou, il est toujours gardé par des troupes maliennes et françaises.
Mais tout cela a été rendu possible grâce à la France et aux pays occidentaux qui ont bien voulu aider l’ancienne puissance coloniale en moyens logistiques. Ce qui fait qu’à ce jour, la France, désormais présente sur tous les fronts, dans toutes les régions du nord, à Sévaré (Mopti) et même à Bamako, compte plus de trois mille cinq cents soldats (armée régulière et forces spéciales) au Mali. Autrement dit, près de la moitié des effectifs annoncés (7 700) par la Cédéao. Et ces soldats français sont les seuls à aller au charbon. Avec succès. Sur qui donc le Mali peut encore compter ?
Les Sénégalais, Guinéens, Burundais, Togolais, Béninois, Nigérians, Ivoiriens, etc. sont comme la force de la Cédéao: toujours en attente. Espérons qu’ils seront là avant la fin des hostilités, ne serait-ce que pour jouer aux croque-morts. Le mieux pour nos autorités, c’est de réorganiser assez rapidement leurs forces de défense et de sécurité pour appréhender la situation. Et surtout de réhabiliter et de reconstituer très vite la compagnie des commandos parachutistes, les forces spéciales maliennes, un corps d’élite.
Cheick Tandina

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. ce journaliste est de mauvaise foi sinon comprendre cela fait plus de 2semaines que les vaillants soldats nigeriens sont au cotes des forces francaises et ont contribues dignement et efficacement a la liberations de certaines zones comme ansongo menaka et autres apres des rudes combats avec les bandits armes. PREUVE DE MAUVAISE FOI MEME votre tele passe sous silence l’action salvtrice des forces speciales du niger

Comments are closed.