Depuis le coup d’État du 19 novembre 1968, perpétré par des sous-officiers regroupés au sein d’un Comité Militaire de Libération National, CMLN, l’armée n’a plus jamais quitté la scène politique. Elle a fini par reléguer au second plan sa mission régalienne de défense de l’intégrité territoriale, de la sécurisation des personnes et de leurs biens, pour se consacrer à une autre mission, celle de la gestion de la cité, normalement dévolue aux hommes politiques.
Désormais au Mali chaque militaire rêve de faire un coup d’état pour jouir des délices et autres avantages liés aux postes politiques. Les auteurs du dernier coup d’Etat, celui du 18 Août 2020 ne font pas exception à cette vieille tradition qui date de 1968. Ils ont pris le pouvoir et ils en abusent à satiété, foulant aux pieds les lois et les principes qui régissent la gestion des affaires de la cité. Faudrait-il s’en accommoder en dépit de la violation flagrante de la Constitution ? La dernière bourde, celle de la nomination du Directeur général de l’hôpital Gabriel Touré ne doit-elle pas servir d’alibi pour dire non à la colonisation à outrance de l’administration ?
La balle est désormais dans le camp du peuple qui a longtemps observé, qui s’est par moment résigné et qui a même été parfois complice par son silence. Ce spectacle à la fois ahurissant et ignoble auquel s’adonne les militaires putschistes à la tête du pays après leur forfait du 28 Août 2020 doit interpeler plus d’un patriote. Leurs comportements de tous les jours frisent le mépris et l’arrogance qui ne saurait continuer. Donc, l’heure de la mobilisation à sonner pour dire non à certaines pratiques qui ne sauraient prospérer sous nos tropiques, ceux de la démocratie et de la liberté d’expression.
Pour rappel, Assimi Goita et ses compagnons d’infortune qui se sont accaparés du pouvoir après une lutte farouche et âpres d’une frange importante du peuple, sont en train d’oublier ou du moins reléguer au second plan leur mission régalienne pour se vêtir des manteaux politiques. Vice-présidence de la transition, Ministères régaliens de l’État, Directions et services juteux, jamais le Mali n’a été autant pris en otage par les militaires que maintenait. La scène politique a été envahie par la soldatesque et au même moment l’insécurité progresse au point d’être aujourd’hui à la porte de Bamako. Nos colonels ne s’en émeuvent point. Ils s’en accommodent même au point de penser qu’ils peuvent continuer la promotion de ceux parmi eux qui n’ont pas été encore recasés. La nomination d’un colonel à la tête de l’hôpital Gabriel Touré semble être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les travailleurs de cet établissement hospitalier sont désormais vent debout pour dire non à ce népotisme et tiennent à leur directeur qui a mis de l’ordre à l’hôpital Gabriel Touré.
L’action des travailleurs de l’hôpital Gabriel Touré ne serait qu’un avant-goût de la grande mobilisation citoyenne en “téléchargement ” pour l’après-fête de ramadan. Car hormis les nominations à la fois népotique et clientéliste, aucune des causes qui ont fait soulever le peuple du M5 RFP n’a connu un début de solution, d’où la colère noire de l’écrasante majorité de la population malienne ; qui serait prête à se mobiliser pour dire non à nos colonels et leur dire que leurs places se trouvent au front et non dans des bureaux climatisés. Le plutôt serait le mieux
Youssouf Sissoko