La CEDEAO contre le CNRDRE : Le BLOCUS communautaire évité ?

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Le Mali est menacé d’être placé sous embargo financier, économique, diplomatique et politique par la CEDEAO. Kidal, Gao et Tombouctou viennent de tomber entre les mains des bandits armés. Rien ne va plus, la junte commence mal.

Les bandits armés ont repris du service dans le nord. Après un relatif long siège, la ville de Kidal est tombée, Bourem, Ansongo, Gao et Tombouctou, après Ménaka, sont occupées. Dans le reste du pays, les forces armées et de sécurité ont peur. Pas tant des bandits armés. Ils ont des ennemis autrement plus redoutables et fatals : les ruptures de stocks d’armements, de matériels, de munitions, de carburant et de nourriture. Ils ne sont pas les seuls à éprouver cette peur.

Le pays tout entier vient d’être mis sous embargo parce que les putschistes, à défaut d’aller combattre au front, refusent de retrouver le chemin des casernes et de retourner à un ordre constitutionnel. Venus d’Abidjan pour négocier le départ de la junte et l’instauration de la légalité, les présidents ivoirien, burkinabé, béninois, libérien et nigérien, et le chef de la diplomatie nigériane n’ont pas pu atterrir sur le tarmac occupé par des manifestants hostiles à leur immixtion dans la gestion d’affaires purement maliennes. Retournés dans la capitale économique ivoirienne, ils n’ont même pas eu besoin de quitter l’aéroport pour abattre le couperet. Les sanctions : embargo financier, économique, politique et diplomatique, mise en quarantaine à l’expiration d’un ultimatum de soixante douze heures (vendredi, samedi et dimanche)

A partir d’aujourd’hui donc, en principe, le Mali est suspendu de toutes les instances de la CEDEAO dont les pays ont décidé de rappeler leurs ambassadeurs respectifs à Bamako pour consultation. En outre, les membres du CNRDRE et leurs associés sont interdits de voyage dans l’espace de la Communauté dont les pays membres ont décidé de fermer leurs frontières au Mali sauf pour des cas humanitaires. Sur le plan économique, la CEDEAO a décidé le gel des avoirs des putschistes et associés, la fermeture de l’accès du Mali aux ports des pays côtiers. Les sanctions financières n’ont pas été oubliées : gel des comptes du trésor public malien à la BCEAO, non approvisionnement des comptes publics dans les banques privées à partir de la BCEAO ou de la BOAD, ou de toute autre institution financière relevant de la CEDEAO. Enfin, le Mali est suspendu même des rencontres sportives et culturelles de la communauté.

Le pays va-t-il vers une cessation de paiement dans les semaines à venir ? Par le passé, le manque de salaire a été un facteur déclenchant de turbulences sociales. Risque que court le Mali. Car, pour enfoncer le clou, les chefs d’Etat ouest africains demandent à l’Union africaine, qui a déjà suspendu le Mali de toutes ses instances, d’aller outre une condamnation et une suspension, et d’aller vers des sanctions de même nature de celles prises par l’organisation sous-régionale. Si l’organisation obtempère, autant dire que le Mali sera complètement isolé sur l’ensemble du Continent. Mais avant que l’Union africaine se prononce, il ne reste plus pour le Mali que deux possibilités de ravitaillement : l’Algérie et la Mauritanie. Deux pays non membres de la CEDEAO mais dont les frontières sont sous le contrôle des bandits armés qui écument le nord. En outre, c’est la capitale mauritanienne qui sert de base arrière au bureau politique du MNLA pour sa propagande antigouvernementale. Avec les complicités dont ce mouvement jouit auprès de certains responsables de l’appareil d’Etat mauritanien, les nouvelles autorités maliennes, malgré leur virginité, auront tort de trop compter sur le voisin.

Il ne leur restait plus qu’à relancer la CEDEAO en envoyant une mission de négociation rencontrer le médiateur officiel, le président burkinabé Blaise Compaoré. Ce à quoi les putschistes se sont contraints. Le chef de cabinet du capitaine Sanogo, à la tête d’une petite délégation de trois membres, s’est rendu à Ouaga d’où il a été renvoyé, accompagné du ministre des affaires étrangères du médiateur. Il faut que le capitaine Sanogo se prononce en personne sur ce qu’il a l’intention de faire. Ses propositions de rétablir la constitution et les institutions satisferont-elles les chefs d’Etat qui veulent plutôt son départ ? Les prochaines heures nous édifieront.

Cheick TANDINA

 

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