Il veut changer d’avis ; mais pas de sujet. Voilà ce que l’on peut dire de la démarche politicienne du Capitaine Sanogo. Ce sera donc une solution à la malienne. Les militaires du CNRDRE avec, à leur tête le Capitaine Sanogo, ont-ils trouvé la panacée en appelant de leurs vœux et en s’adaptant ainsi à leur public par la convocation d’une convention nationale ? Non seulement c’est un dégagement de leur embarras, mais il y a aussi un pari : les Maliens, en recevant le baptême de la convention, trouveront-ils le juste prix et pourront-ils tout acheter à ce rayonnage de nos solutions de crises ?
Problème ? Rien ne nous a été dit sur la date et la durée de ces travaux. Rien sur l’agencement, la qualité des participants et la précipitation amenant son lot d’imprécisions, on semble faire peu de cas des représentants des régions occupées du Nord. On attend de cette convention nationale que l’immortelle espérance soit retrempée. En attendant, les Maliens croisent les doigts pour conjurer une autre peur. Les nouvelles vont vite, et le fait que le Président Dioncounda Traoré ait accueilli fraichement la proposition des militaires crée des inquiétudes. Il y a que certains de nos concitoyens sont saisis par une crainte de politophobie. Dans tout évènementiel, dans tout détail se cacherait désormais la main du malin (le diable). Alors à l’approche de ce 22 mai (2 mois après ce 22 mars 2012) les Maliens s’en remettent à leurs dieux des foyers. La peur est là, mais jusqu’à quand ? Les liens entre les citoyens et la République, à travers ces représentants et autres dirigeants, sont relâchés parce qu’ils ne sont plus tout à fait maîtres de leur destin. Nous scrutons les horizons, nous regardons les petits pas de chacun et nous humons l’air pour y sentir la moindre trace. Aurons-nous peur de devenir, à la suite de ces vents qui souffleront, comme une girouette, car comme l’avait dit un jour le politicien et académicien français Edgar Faure, ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ? Sur ce, nous entrerons en semaine prochaine dans une zone d’angle mort de la Constitution où tout sera à restituer. Empruntons ces quelques mots à Me Tall qui disait qu’on ne construit pas une Nation à coups de canon. Alors, de cette convention décrétée pour l’être ainsi, les Maliens se parleront en tombant les masques.
La Convention, rien qu’un exercice cathartique ?
Fagoté comme l’as de pique, le Capitaine Sanogo a une carte à jouer en main. Amadou Haya Sanogo invite ses compatriotes à faire preuve « de considération, de retenue, mais également de sagesse… ». Aurons-nous besoin d’une refondation de la société malienne ? On aurait parlé dans ce cas de désespérance. Non, cette convention nationale apparaîtra tout au plus comme si la parole publique redevenait citoyenne. Elle aura un point focal : le choix du Président de la transition. Point sur lequel avaient achoppé jusqu’ici les pourparlers CEDEAO-CNRDRE. Le premier attendait que se stabilise un dispositif institutionnel adopté par la transition. Elle était prête, la CEDEAO, à l’envoi de 3000 hommes à Bamako, ce qui mobilisera au bas mot 300 milliards de francs CFA, soit déjà 20% du budget national. Pour avoir été apprécié jusqu’à l’heure où nous sommes, ce retour à l’ordre constitutionnel cédera le pas à une sorte de retour à l’ordre politique matérialisé par un Accord-cadre. Or c’est un Accord qui vit sa vie de couple comme tout le monde. Ni l’un ni l’autre ne peuvent asseoir les résolutions que sur une légitimité populaire. Le Capitaine Sanogo, et c’est lui qui le dit, n’a son rôle que dans l’Accord-cadre. L’armée, poursuit-il encore, n’attend que le peuple malien. Il est temps d’en finir avec tout cela. Le Capitaine Sanogo s’est-il mis d’accord avec ses arrière-pensées ? Il nous dit que le temps lui aura manqué dans ses négociations avec la CEDEAO et partout, ce temps, comme le dit l’adage, ne bat jamais pour la pendule. Quand le Capitaine Sanogo se prend pour le temps, et il n’est en fait que la pendule. Encore faut-il qu’il le comprenne, car tout ce qu’il a eu à faire jusqu’à présent, c’est de balancer entre ses propres choix à opérer, parce qu’il croyait avoir la durée pour lui. La convention à venir doit avoir des commissions de reformes, et comme le soldat Sanogo disait au départ, il compte s’assumer dans cette commission dédiée aux armes. « Ma place est bel et bien définie… », disait Sanogo qui répétera que pour lui, en principe, « tous les soldats sont avec nous… ». « Même ceux qui ne sont pas avec vous ? » comme l’interrogeait le confrère Y. Touré. On a beau dire, le Capitaine Sanogo ne va pas sans ses yeux ni ses oreilles. Si on devait le prendre pour un hypocrite, alors c’est qu’il en est de cet art dont l’imposture est toujours respectée. Peut-on se permettre cet autre avis ? Si on a le courage d’inviter tout le monde à se parler, ces moyens utilisés ne doivent pas produire de petits effets. Quelque chose va se passer lors de cette convention nationale où l’ensemble ne va sans doute pas tout devoir à l’éloquence des uns et des autres. Face au flou des principes admis, il faudra couper au jugement des principes souhaités de chacun. Une transition ? Une transition, par nature, est ce qu’elle est. Aux participants et autres acteurs de la convention de lui donner, par la puissance de leur réflexion, un prix infini à ce qui de soi-même n’est rien.
S.Koné
Vous, vous etes la encore? 😆 😆 😆 Nous, nous avons deja notre accord sur la transition. Allez faire vos calculs ailleurs!!! ➡ ➡ ➡ ➡
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