Le week-end dernier, à l’issue d’une laborieuse concertation entre le chef de l’Etat et des responsables militaires, le Mali a accepté l’intervention de la force en attente de la Cédéao sur le sol malien, y compris à Bamako.
Dimanche dernier, la nouvelle est tombée : les autorités maliennes acceptent enfin l’aide de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao). Cette aide doit se matérialiser par l’intervention des forces armées de l’organisation sous-régionale sur le territoire malien. Concrètement, il s’agit de l’implantation, pour la mission de la Cedeao au Mali (Micema), à Bamako, d’un quartier général opérationnel, d’une base logistique et d’un centre de communication. Les opérations de reconquête du nord malien, occupé par différents groupes armés, seront donc dirigées à partir de la capitale malienne, pendant que sur le terrain seront déployées conjointement les troupes de la Cédéao et les forces armées et de sécurité du Mali. Une police militaire est également prévue, comme il est indiqué dans la requête du chef de l’Etat.
Cet accord est intervenu après une réunion de travail entre le président de la République et les Ministres maliens et ivoiriens de la défense. Jusque-là, malgré la requête officiellement adressée par Dioncounda Traoré à son homologue ivoirien, qui est également le président en exercice de la Cédéao, il y avait quelques points d’achoppement, notamment en ce qui concerne la présence de troupes étrangères à Bamako. Les autorités maliennes tenaient seulement à une aide en matériels, armements et logistiques en faveur des forces de défense et de sécurité du Mali. Pour elles, celles-ci pouvaient se charger de la sécurisation des organes et institutions de la transition, ce qui excluait les troupes de la Cédéao à Bamako.
Déposée depuis début septembre, la requête présidentielle n’avait pas eu l’aval de l’organisation sous-régionale qui avait posé ses propres conditions et ne comptait pas en démordre. Jusqu’à ce que les autorités politiques et militaires maliennes acceptent de revenir à de meilleurs sentiments et de se rendre à l’évidence. C’est-à-dire que les forces armées et de sécurité du Mali, en leur état actuel, n’ont pas les moyens matériels, logistiques et financiers pour se lancer toutes seules dans une guerre de libération du nord du pays.
Cependant, si le Mali et la Cédéao «sont en phase», comme l’a déclaré à RFI le Ministre ivoirien de la défense, corroboré par son homologue malien, cet accord n’est qu’un début, car une autre étape, et pas des moindres, reste à franchir. Il s’agit du quitus des Nations Unies. En vue d’obtenir un mandat onusien, une autre requête officielle sera soumise à l’organisation mondiale. En effet, le Premier Ministre est à New York où il prendra part aux travaux de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies. En marge de ces travaux, se tiendra un mini-sommet consacré au Sahel, mais surtout sur la situation malienne, au cours duquel un plan d’intervention sera présenté au Conseil de sécurité qui doit le valider. Sans cette validation, il sera difficile pour la Cédéao, malgré toute la bonne volonté de ses dirigeants, de réunir le financement nécessaire à une opération de ce genre. Or, pour être validé, le plan d’intervention doit être, comme l’a toujours exigé le Conseil de sécurité de l’ONU, clair, concis, faisable et réaliste. A cet effet, un groupe d’experts est attendu à Bamako cette semaine pour plancher sur un plan opérationnel susceptible d’avoir l’aval de New York.
En attendant, les autorités maliennes peuvent se satisfaire au moins de l’évolution de l’affaire dite des armes bloquées. Il semble en effet que plus rien ne devrait s’opposer à ce que le Mali récupère du matériel et de l’armement bloqué dans certains ports de pays de la sous-région. A rappeler que c’est l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré, qui a fait la commande de ce matériel, depuis, selon un responsable politique, entre janvier et février derniers. Or, aux dires d’un spécialiste en la matière, il ne faut pas moins de six mois, entre la commande et la livraison d’un tel matériel ; ce qui a fait que la commande à port n’a débuté que courant juillet.
Avec l’assurance de récupérer son matériel de guerre, la perspective d’une aide onusienne et le probable déploiement des forces armées maliennes et sous-régionales, le Mali peut ne plus faire le deuil du nord de son territoire, occupé par des islamistes, jihadistes, terroristes et criminels de tous genres.
Abdel HAMY