Infos ou intox : Est-ce le grand assaut ?

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La crise institutionnelle et politique au sud mais surtout la situation sécuritaire et humanitaire au nord ont nourri les colonnes de la presse. Notamment l’éventualité de plus en plus énigmatique d’une intervention armée pour libérer le nord de ses envahisseurs. Dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal les populations attendent toujours et s’excitent à la moindre occasion, en se posant cette question : Est-ce le grand assaut libérateur ?

Lundi, les populations de Gao l’ont cru pendant quelques heures, quand la ville a été survolée pendant toute la matinée. A l’aéroport, squatté et contrôlé par les hommes du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), on l’a également cru. Et la panique a été indescriptible. Dès les premiers survols de cet avion mystérieux, les rebelles se sont mis en peine de rendre la piste d’atterrissage impratiquable. Pneus, carcasses de véhicule, poubelles, grosses pierres, branches d’arbre, tout était bon pour empêcher l’intervention de forces assaillantes. Occupants et occupés y ont d’autant plus cru que l’Algérie voisine ne serait plus hostile à intervenir aux côtés de troupes exclusivement africaines, en apportant l’aide en logistique, finances et justement en renseignements donnés le plus souvent par des avions de reconnaissance. Mais ce lundi 11 juin, était-ce vraiment le grand assaut libérateur ? Hélas non ! Tout le monde attend la demande formelle et officielle des autorités maliennes. Une demande qui tarde parce que ceux de qui dépend vraiment la question, les militaires du Cnrdre, ne sont pas tellement d’accord. La communuaté internationale, excédée et agacée, a demandé leur dissolution.

Mardi, en conseil des ministres, le gouvernement de la transition a décidé de jouer au petit malin : au lieu de dissoudre le Cnrdre, comme demandé par la Cedeao et l’Union africaine, il l’a rebaptisé Comité militaire de suivi des réformes des forces de défense et de sécurité. Pour faire du suivisme ? Certainement pas, le jeune Sanogo recevra son nouveau jouet comme cela se doit, mais il ne suivra personne et n’en fera qu’à sa tête, il ne fera le suivi de rien du tout tant qu’il n’aura pas lui-même la main dans la glaise pour malaxer et remodeler un pays à son image. Autrement dit, un pays où doit primer la force au détriment du droit et des libertés.

Mercredi, c’est d’ailleurs ce que lui ont reproché un collectif d’avocats constitué pour défendre des officiers, sous-officiers et hommes de rang « séquestrés » au camp « Boiro » de Kati. Aux dires des défenseurs des faibles, leurs clients seraient soumis à toutes sortes de tortures morales et physiques, de brimades et d’humiliations. Il est vrai que pour des officiers particulièrement choyés par l’ancien régime qui leur accordait beaucoup de privilèges, des hauts gradés beaucoup plus habitués aux bureaux et maisons climatisés qu’aux casernes, roulant plus en 4×4 et limousines de luxe qu’en jeep ou en Véléra, quelques heures de diète et de cachot pourraient se révéler catastrophiques et peut-être fatales. Et comme l’armée manque d’effectifs, de l’aveu des militaires eux-mêmes, pourquoi grader unitilement en prison des bérets rouges ? Ils pourraient enfin être utiles au nord où l’armée est fortement attendue.

Jeudi justement, les populations de Tombouctou ont cru que l’armée était enfin là. Le matin de ce jour, elles ont été surprises par les tirs frénétiques des batteries anti-aériennes vers le ciel où un autre mystérieux avion faisait ses rondes. Panique au sein des troupes occupantes qui étaient informées de l’incident du lundi précédent à Gao et qui se sont rappelées qu’un drone aurait été abattu par l’aviation algérienne près de Kidal. A Tombouctou la ville mystérieuse, le mystère est resté entier pour les combattants jihadistes car le mystérieux n’a pas pu être abattu pour révéler ses secrets. Et Iyad Ag Ghali et ses hommes d’Ansar Eddine ont toujours peur. a tel point qu’ils ont déclaré être maintenant prêts à toute éventualité. Des déclarations, sous fonds de menaces et de chantages, ont été faites. Mais apparemment, ils ont eu peur pour rien car ni l’armée nationale ni les forces internationales ne sont près de se lancer dans le grand saut.
Vendredi, en effet, le Conseil de sécurité de l’ONU, pour la deuxième fois au cours de cette semaine, a demandé à l’Union africaine de Thomas Yayi Boni et à la Cedeao de Alassane Dramane Ouattara d’être plus explicites et précis dans leur quête de résolution sur une intervention militaire au Mali. En clair, il s’agit pour eux de préciser la nature du mandat dont ils ont besoin, leurs effectifs, les mécanismes de financement, ce qu’ils attendent concrètement de l’organisation mondiale. Mais surtout, les Nations unies ont besoin au préalable d’une demande dûment faite par les autorités de la transition. Les Africains unis se passeront-ils de leur aval ?
Samedi, en tout cas, les chefs d’Etat-major de la sous-région se sont réunis à Abidjan pour se pencher encore sur le « cas » malien. Pour une intervention au Mali, ils prétendent pouvoir mobiliser au moins 3300 soldats, provenant essentiellement du Sénégal, du Niger et du Nigéria, pour sécuriser les organes de la transition et reconquérir le nord infesté de rebelles, de terroristes et de jihadistes.
Cheick Tandina

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7 COMMENTAIRES

  1. Cette panique des ansar dine n’est pas surprenante. M. A., président de la Mauritanie l’a dit : “Ces bandits sont un demi millier de combattants dont n’importe quel état peut venir à bout …”. Le Mali est-il encore un état ?

  2. “”” drone aurait été abattu par l’aviation algérienne près de Kidal “” ❗ une source pour confirmer cette info ❓ vous parlez peut être du drone américain descendu par AQMI grâce au missile strella anti aerien (puisé dans les stock de khadafi) ??? l’aviation algérienne n’y est pour rien , elle a juste suivi son vol sur les écrans radar et confirmer son crash

  3. Continue à rêver, Le temps que le mnla et les islamistes viennent t’allumer au coeur de bamako.

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