“Hydre” au Mali pour tenter d’éviter de nouvelles attaques Jihadistes (PAPIER D’ANGLE)

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Les troupes militaires de la Force Licorne
Les troupes militaires de la Force Licorne

GAO (Mali), – L’opération anti-jihadiste de plus de 1.500 soldats français, maliens et de l’ONU en cours dans le nord du Mali illustre la crainte de nouvelles attaques de groupes islamistes armés à l’approche des législatives de novembre-décembre.

 

Les Français, l’ONU et les Maliens “ont été surpris et sont inquiets par cette résurgence de groupes différents qui frappent à nouveau dans le nord du Mali” depuis plusieurs semaines, d’où cette opération de grande envergure, estime Jean-Hervé Jezequel, chercheur à Dakar pour l’International Crisis Group (ICG).

 
Lancée dimanche, l’opération “Hydre” est composée à part à peu près égale de soldats de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), de la France et du Mali et doit durer “au moins une dizaine de jours”, selon une source militaire malienne. C’est la première fois qu’autant d’hommes de chaque force militaire travaillent ensemble dans le nord du Mali, avec pour but de lutter contre “le terrorisme” qui “est installé” au Mali et dans d’autres région du Sahel, a reconnu vendredi à Bruxelles le président français François Hollande.

 

L’armée française intervient au Mali depuis janvier aux côtés d’autres armées africaines, intégrées depuis à la Minusma, contre les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda qui ont occupé le nord de ce pays pendant neuf mois en 2012. Mais selon le président Hollande, “le terrorisme (…) n’a pas été vaincu par notre seule intervention au Mali”, même s’il “a été abîmé, attaqué”.

 

Après une accalmie de plusieurs mois, les groupes jihadistes avaient repris leurs attaques meurtrières le 28 septembre, tuant en trois semaines une dizaine de civils et de militaires maliens et tchadiens membres de la Minusma. Ces violences se produisent à un mois du premier tour des élections législatives, prévu le 24 novembre pour parachever la restauration des institutions maliennes après un coup d’Etat qui, en mars 2012, avait précipité
la chute du nord au mains des jihadistes.

 

La première phase de ce retour à la normale a été l’élection le 28 août du nouveau président Ibrahim Boubacar Keïta. Si “l’objectif des terroristes est d’essayer de perturber” les élections législatives, “nous faisons en sorte que ces élections puissent être
organisées en sécurité”, a affirmé François Hollande. La France contrainte de revoir son calendrier Le scrutin présidentiel s’était déroulé sans incidents, sans doute parce que les groupes jihadistes venaient de subir une lourde défaite et n’avaient pas eu le temps de se reconstituer.

 

Mais, note Jean-Hervé Jézequel, “les processus électoraux sont des cibles idéales” pour le “type d’opérations” menées par les jihadistes. La résurgence de leurs activités et l’approche de ces législatives – un second tour est prévu le 15 décembre – ont contraint la France à revoir le calendrier de retrait de ses troupes du Mali. Elle avait initialement prévu de passer d’environ 3.000 hommes à un millier d’ici la fin de l’année, mais cet objectif a été repoussé à fin janvier 2014. Plus de 2.000 soldats resteront jusqu’à fin décembre pour “l’épisode électoral bis”, selon le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.

 

La perspective de ce départ, même repoussé, inquiète l’armée malienne. “La Minusma seule ne peut pas faire le travail”, juge un militaire malien à Gao, la grande ville du nord touchée par des tirs jihadistes à l’arme lourde le 7 octobre. “L’armée francaise est indispensable dans le nord. Or, les islamistes ont commencé à se réorganiser sérieusement”, dit-il.

 

Selon une autre source militaire malienne, “cette semaine, grâce au concours de l’armée française, quelques hommes soupçonnés de lien avec le terrorisme ont été interpellés à Gao, preuve que le danger est permanent”. Le chef de la Minusma, Bert Koenders, a lancé la semaine dernière au Conseil de sécurité de l’ONU à New York un appel pour renforcer d’urgence sa mission en hommes et matériel.

 

Il avait souligné que la Minusma, actuellement composée de 6.000 hommes sur les plus de 12.000 prévus à la fin de l’année, ne tournait pas “à plein régime” et manquait cruellement d’hélicoptères, indipensables à la lutte anti-terroriste.
sd-stb/mba

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