La guerre de libération du nord se concentre actuellement dans la région de Kidal pendant que la ville Gao est soumise à la guérilla, avec des attentats suicides. Mais partout, on commence à enregistrer de nombreuses pertes en vies humaines.
C’est le déclenchement de l’opération Serval, menée par la France, qui a donné le ton de la guerre de libération des régions du nord malien, précédemment occupées par des groupes islamistes et terroristes. Avec l’entrée en lice des forces armées de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) qui jouent les seconds rôles derrière les forces françaises, toutes les grandes villes du nord ont été libérées. Cependant, ces localités sont loin d’être totalement sécurisées et viables. En effet, les combattants islamistes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest) qui sévissaient dans la région de Gao, même s’ils ont été contraints à la fuite, continuent à constituer une menace pour la sécurité. Ils ont transformé leur combat en guérilla contre les forces de défense et de sécurité. Ainsi, les attentats suicides se multiplient à Gao même si pour l’heure, seuls les kamikazes sont tués par leurs propres engins explosifs. De plus, les moudjahidines procèdent par le harcèlement des militaires par des combattants islamistes qui parviennent, avec la complicité de certains habitants de la ville et de ses alentours, à s’infiltrer dans la ville. Leur plus récente incursion à Gao a eu lieu le vendredi dernier, incursion pendant laquelle ils sont parvenus à tenir tête à l’armée malienne pendant plusieurs heures. Ils auraient même pris l’ascendant sur les militaires sans l’intervention des forces armées françaises appelées en renfort. Selon certaines informations, seize jihadistes auraient trouvé la mort, plusieurs seraient blessés ou capturés. Côté malien, il y aurait eu des blessés. La priorité, à l’heure actuelle, pour les militaires, c’est de dénicher et de neutraliser les mines laissées sur place par les assaillants et les engins explosifs attachés aux combattants, y compris les morts.
Le même jour, tout près de la frontière avec l’Algérie, au nord de Tessalit, dans la région de Kidal, les forces tchadiennes lancées, aux côtés de l’armée française, aux trousses des terroristes dans leurs derniers retranchements, subissaient d’énormes pertes. Aux dernières informations, le Tchad aurait perdu dans cette opération une vingtaine d’hommes pendant que près d’une centaine d’islamistes seraient morts.
Dans cette zone, le Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad), qui chemine sous la protection de la force française, a enregistré de sérieux revers. Jeudi dernier, ils ont subi un attentat suicide, un véhicule piégé qui a fait trois morts et de nombreux dégâts matériels. Le Mujao, le même jour, a revendiqué l’attentat suicide. Vingt-quatre heures plus tard, un camp abandonné par Aqmi et Ansar Eddine, puis occupé par le Mnla au début de la guerre de libération, a été attaqué à In Khalil. Si les sécessionnistes ont accusé plutôt le Mujao d’être l’auteur de cette agression revendiquée par le Mouvement arabe de l’Azawad (Maa), ils n’ont fourni aucun bilan. Cependant, au regard de l’intensité et de la durée des combats, on pourrait présager de nombreuses pertes en vies humaines et d’importantes destructions de matériels. Toujours est-il que c’est vers le crépuscule que les assaillants ont décroché avant de se lancer vers la frontière algérienne. Selon des informations concordantes, leur colonne, une trentaine de véhicules lourdement équipés, a été attaqué par l’aviation française appelée à la rescousse par ses alliés du Mnla.
Pendant ce temps et jusqu’à hier, l’opération Panthère, menée conjointement par les armées françaises et africaines, a continué de pilonner les positions islamistes dans l’Adrar des Ifoghas, une chaine montagneuse qui a des prolongements jusque dans le sud algérien et dont les nombreuses grottes et les multiples dédales servent de cachettes aux combattants islamistes. L’opération Panthère vise à déloger ces jihadistes de leurs derniers retranchements et à récupérer les otages français supposés être gardés là-bas.
Toutefois, si la ville de Gao est confrontée aux actes de guérilla et d’attentats suicides, celles de Tombouctou et de Kidal sont plus ou moins tranquilles. Les activités reprennent, les ratissages continuent pour appréhender les islamistes ou leurs complices qui se cachent au sein de la population.
Mais malgré cela, les choses sont loin de se tasser, et la guerre de libération, de stabilisation et de sécurisation a de très beaux jours devant elle.
Cheick Tandina
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