Guerre au Mali : Quelle capacité de résistance pour l’ennemi ?

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Les islamistes sont, semble t-il, surarmés et mieux entraînés qu’on ne le pensait. La preuve est qu’ils sont parvenus dès le premier jour des raids français à atteindre le pilote à bord d’un hélicoptère de guerre et qu’ils ont toujours mis l’armée malienne en déroute. Ces raisons démontrent la qualité des combattants qui occupent le nord du Mali depuis une année. Mais d’où provient leur armement ?

Des islamistes dans le nord du Mali, en août 2012 (Photo AFP)

Il n’est plus un secret, les islamistes qui ont juré d’appliquer la charia sur tout le territoire malien sont bien plus équipés et bien plus entrainés que les troupes africaines. La déroute de l’armée malienne face à ces gens et la capacité d’abattre un pilote à bord d’une gazelle, (avion de guerre) en sont les preuves concrètes de la qualité de leurs armes. Selon les spécialistes des mouvements islamistes, ils ont principalement trois types d’armement.

Après la chute de Khadafi en 2011, les premières armes de l’arsenal libyen sont tombées dans les mains des islamistes. Cette première vague est essentiellement constituée d’armes de guerre légères, des mitraillettes, des kalachnikovs, des pickups, des roquettes, des missiles sol air et des véhicules aptes à se déplacer dans le désert. De l’avis des professionnels, ces équipements ont principalement servi à attaquer l’armée malienne lors des premiers affrontements suite auxquels les villes de Gao, Tombouctou et Kidal ont été évacuées par les soldats maliens. C’est sans doute ce qui a facilité leur avancée.

La deuxième vague de cet arsenal militaire dont dispose les bandits armés est celle que l’armée régulière malienne a laissée derrière elle, après la chute des villes septentrionales. Les militaires ont dû abandonner bases et armes suite à l’avancée en force des islamistes et le manque de hiérarchie survenu par le truchement du coup d’Etat du 22 mars 2012 à Bamako. Ces armes sont pour la plus part des blindés, de l’artillerie, des batteries (missiles sur les véhicules blindés). Selon Mathieu Guidère, spécialiste des mouvements islamistes, ces armes n’ont jusque là pas été encore utilisées.

La troisième vague vient du marché noir. Depuis le début du processus d’intervention de la Misma (Mission Internationale de Soutien au Mali), les islamistes n’ont pas tardé à s’alimenter en armes pour pouvoir défendre leurs positions face aux troupes de la Misma. Ils ont commencé à utiliser l’argent mal acquis des trafics de drogues et des prises d’otages pour se procurer en arme. Ainsi, selon les spécialistes, les islamistes ont, dès le mois de septembre, approché la plus part des trafiquants de la région (tchadiens, nigérians ou encore libyens) et ont acheté tout ce qui était en leur pouvoir comme armes. Sur ce marché noir, on note surtout la présence des sud-africains qui marchandent les armes les plus efficaces et les plus chers.

Outre ces trois principales origines, on note également la présence d’un nombre important d’armements russes. La Russie qui, n’appréciant pas tellement une intervention militaire, aurait autorisé ses vendeurs d’armes de marchander en Afrique toute sorte d’armes. C’est de cette origine que provient la plupart des armes modernes, performantes et efficaces des bandes armées. Parmi ces armes modernes, les techniciens citent notamment des équipements contre les hélicoptères et les chars, des lunettes ou jumelles à vision nocturne. Les islamistes auraient en leur possession des armes dont ils ne peuvent même pas s’en servir.

Les rangs des combattants islamistes sont gonflés

En dehors de la qualité de leur armement, les islamistes sont des milliers de combattants sur le terrain de guerre. D’après certaines évaluations basées sur leurs propres dires. En conséquence, Aqmi (Alqaïda au maghreb islamique) est divisé en deux équipes. L’une est sous le commandement d’Abdelhamid Abou Zeid et l’autre est sous la direction de Yahia abou Alhammam. Ces deux chefs djihadistes dirigent près d’un millier de combattants. Puis nous avons les combattants du Mujao (Mouvement pour l’Unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest), ces mêmes éléments qui ont exercé de manière inhumaine la charia sur les populations des villes de Gao et Tombouctou. Ce mouvement autonome compte parmi ses rangs quelques 400 à 500 combattants.

La brigade la plus importante est Ançardine, dirigée par Iyad Ag Ghali. D’après les spécialistes, ce groupe compte environ 5000 combattants djihadistes. Après avoir massacré les combattants du Mnla, Iyad a récupéré un nombre important de combattants dans les rangs du mouvement indépendantiste, auquel on ajoute les enfants soldats embrigadés et certains jeunes sans emplois qui se sont volontairement rendus aux côtés des islamistes pour se mettre à l’abri du chômage. Leur puissance est estimée à 10.000 hommes au maximum. Ce qui fait en quantité 12.000 hommes au maximum, qui même s’ils ne sont pas tous des combattants aguerris luttent tout de même pour une conviction selon laquelle ils iront tous au paradis après la mort. Contrairement aux jeunes qui sont venus gonflés les rangs de Ançardine, les combattants d’Aqmi sont habitués au combat, notamment la brigade qui est dirigée par Abou Zeid. Ils ont participé à la plupart des conflits djihadistes récents. Ainsi, de l’avis des spécialistes, les vrais combattants qui sont aguerris sont estimés à plus de 3000 hommes.

Ces gens sont aussi bien entrainés. Ils ont leurs propres camps d’entrainement dans le désert. Ils ont passé aussi des mois à s’entrainer dans les camps de l’armée malienne au nord du pays.

Aboubacar Dicko

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6 COMMENTAIRES

  1. Ce débat n’a pas de sens. Khadafi lui même a été vaincu ! Alors ce n’est pas cette bande de soudards en débandade qui va effrayer qui que ce soit. Au passage, ce journaliste doit comprendre qu’un appareil de type Gazelle n’est pas un “avion de guerre” (sic !) mais un hélicoptère de combat. Je n’aime pas les gens qui bavardent pour ne rien dire de ce qu’ils connaissent réellement. “Ces armes (abandonnées par l’armée malienne) n’ont pas encore été utilisées”. Je crois que si ces “armes” étaient efficaces jamais cette bande de voyous ne serait parvenue à annexer les territoires du nord Mali. Pourquoi voulez-vous qu’ils utilisent des armes dépassées et pourquoi voulez-vous ameuter les gens en fait cas de leur saisie ? C’est complètement ridicule. En plus c’est complètement faux d’affirmer bêtement qu’aucune armée africaine ne peut tenir tête à ces fous. J’espère que ce n’est pas parce que nos militaires qui pensent plus aux sous ont fui que vous osez les comparer aux vrais professionnels.

  2. Guerre au Mali : Quelle capacité de résistance pour l’ennemi ? Me parait une question un peu mal adroite au vue de la gravité de la situation. Le terrorisme qui sévit en Afrique du Nord, dans le Sahel, dans la Corne de l’Afrique et en Asie (Afghanistan, Pakistan, Philippines…), est un “projet de société”,(excusez l’expression), satanique. Même s’il est vaincu militairement,il ressurgira à la moindre occasion. Le cas de l’Algérie, de l’Afghanistan et de l’Irak est édifiant à ce sujet. En Afghanistan, ils ont été battus par l’Otan, mais ils sont entrain de revenir pour prendre le pouvoir. S’agissant du cas du Mali, je pense que la question a le mérite d’être posée est: De quelle capacité disposent les pays de la CEDEAO et de la France pour éradiquer le terrorisme au Mali. Les terroristes sont lâches, ils vont se terrer, mais une fois les armées parties, ça finira par arriver, ils ressurgiront comme des rats d’égout. Bonne chance à nos frères Maliens

  3. fut un temps ou l’on parlait d’un millier de djihadistes ,ensuite de 1500 à 1800 ……….maintenant on en serait à 10.000 !!! ils se reproduisent plus vite que les mouches
    Qu’ils soient bien armés on le sait depuis le premier jour puisque leur armement vient des arsenaux de Kadhafi ,donc rien de nouveau !!!! qu’ils mettent regulièrement des volées aux soldats maliens ,c’est pas nouveau non plus ,ces derniers sont des trouillards de première classe alors que les islamisstes ne revent que de mourir pour aller retrouver les vierges au paradis 😉 😉 …………….En ce qui concerne la mort du pilote d’hélicoptère ,c’est plus un hasard qu’une puissance de feu . Un barbu a laché une rafale de kalach et une malheureuse balle a pénétreé dans le cocpik sectionant l’artère fémorale du lieutenant Boiteux . Coup de chace pour le tireur et pas de veine pour le pilote .Mais çà n’a rien d’un exploit .

  4. (suite et fin)
    Après le coup d’état, le commandement (officiers supérieurs) qui s’évertuait à entretenir le moral de la troupe, a été mis à l’écart. Les quelques officiers supérieurs qui insistaient pour remettre de l’ordre pour conduire une défense cohérente des positions, n’étaient plus écoutés et les soldats recevaient des ordres contradictoires sur le terrain, d’où la débâcle fulgurante de nos forces.
    Peut-on encore reprocher quelque chose à ces soldats? Ce serait bien difficile, à moins d’avoir contre eux une haine quelconque.
    Que Dieu sauve le Mali.

  5. (suite)
    En effet, les putschistes, craignant d’être neutralisés par les officiers supérieurs, ont commencé à les mettre à l’écart alors que l’armée était en pleine guerre.
    Au manque de moyen, s’est greffé la détérioration du moral de la troupe due à la chute de Tessalit et les évènements douloureux de Aguel-hoc sans que le gouvernement et la haute hiérarchie militaire puisse faire quelque chose. Le gouvernement a été incapable d’apporter du secours aux militaires de Aguel-hoc et aussi de ravitailler Tessalit où les troupes maliennes encerclées depuis un mois se battaient sans pouvoir avoir le moindre ravitaillement en munitions et en nourriture.
    La hantise de l’isolement et de l’encerclement s’est emparée de nos unités qui savaient désormais qu’elles ne pouvaient compter sur aucune aide (appui ou renfort) en cas d’isolement ou d’encerclement. (à suivre)

  6. Les militaires ont dû abandonner bases et armes suite à l’avancée en force des islamistes et le manque de hiérarchie survenu par le truchement du coup d’Etat du 22 mars 2012 à Bamako.
    Oui, depuis des années, l’armée malienne travaille et combat dans des conditions très difficiles. A titre d’exemple, un groupe (une dizaine d’hommes) de combat de terroristes a une capacité de feu plus grande qu’une section (une trentaine d’hommes) de l’armée malienne.
    L’expression des besoins en armements plus performants a été faite et refaite à plusieurs reprises par écrit et à vive voix, mais en vain.
    Mais ATT, pour répondre aux femmes de Kati n’a pas hésité à dire qu’il a tout donné aux militaires, et qu’il a même donné ce qui n’a pas été demandé.
    Par la suite, le coup d’état du 22 Mars a eu pour conséquence catastrophique, la désarticulation de la chaîne de commandement de l’armée.
    (à suivre)

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