La prolifération des Armes légères et petits calibres constitue des menaces pour la paix et la sécurité. La volonté politique des pouvoirs publics à lutter efficacement contre la prolifération des Armes légères et de petits calibres au Mali nécessite des actions consensuelles en la matière d’ou l’implication de toutes les sensibilités nationales. Pour ce faire, la commission nationale de la lutte contre les ALPC, sous l’égide de la présidence de la République, tient un atelier de validation d’un plan d’action 2014-208 les 12, 13 et 14 février au CICB. En marge de cet atelier, madame la présidente de la commission, Médecin Général Coulibaly Kani Diabaté nous a accordé une interview sur la situation des ALPC et les aspects de la mise en œuvre du programme de lutte. Lisez ce qu’elle a affirmé.
Madame la présidente, quel est l’objectif visé par cet atelier ?
Médecin Général Coulibaly Kani Diabaté : je voudrais d’abord vous remercier, remercier toute la presse pour avoir effectué le déplacement pour nous soutenir. Comme on le dit, vous faites pour vous-mêmes car, la question de sécurité concerne tout le monde. Permettez-moi de vous dire que tout le monde est en danger tant qu’il y a prolifération des armes légères, tant que le contrôle sur les armes légères n’est pas maîtrisé .Je vous donne juste un exemple. On est là maintenant. Peut être que quelqu’un, c’est sur, est entrain d’être agressé à cause de sa moto. Simplement par ce que celui qui agresse a une arme. C’est un exemple terre à terre que je vous donne.
Ceci étant, le but de l’atelier c’est de valider un plan d’action, celui de 2014-2018 de la Commission Nationale de Lutte contre la prolifération des Armes légères et de petits calibres du Mali. Ce plan d’action est basé sur le plan d’action 2010-2014 mais, qui n’a pas pu être mis en œuvre. Donc, avec les événements on a actualisé et on a élaboré un programme 2013-2015 qui a été soumis aux partenaires. Le gouvernement fédéral allemand a décidé de nous appuyer dans certains des aspects de la mise en œuvre de ce programme dont la tenue de cet atelier de validation pour que tout le monde parle le même langage sur toute l’étendue du territoire, afin d’établir la problématique. Pour faire la part des choses selon la problématique respectivement à Kayes, à Gao, à Tombouctou… Par ce qu’on ne peut pas s’asseoir faire couper-coller et dire voilà la situation au Mali. C’est pourquoi, on a décidé de faire venir tout le monde. On présente un programme concernant spécifiquement chaque région, chaque localité. Les préfets, les élus qui sont là sont venus pour ça, ainsi que la société civile pour voir, ce qu’il faut ajouter par rapport à leur localité respective. Par exemple, le chef de canton d’une localité connaît mieux ce qui se passe dans sa localité. Ce n’est pas une question d’être fort en français ou en anglais. Non. Il connaît sa localité, sa communauté. Il sait de quoi il parle. Donc, si on amène tout le monde, il faut amender le document qu’on soumet à chacun pour nous dire la stratégie que chacun propose en ce qui le concerne pour dire voilà chez moi ça c’est mieux par rapport à l’autre. Vous savez, il y a des régions ou la plupart des braquages et l’utilisation des armes légères se passe entre cultivateurs et éleveurs. Dans d’autres par exemple c’est la drogue. Il y a toutes sortes de possibilités, toutes sortes de causes et les stratégies doivent venir des populations.
Parlez nous un peu des grandes lignes du plan d’action
Gal. K.D : dans le plan d’action 2014-2018, on a six axes prioritaires. On a le renforcement de capacités des membres de la commission, des points focaux régionaux. Vous savez que la commission a été créée en 1995. Et depuis, il n y a pas eu de budget de fonctionnement. Les partenaires nous aident mais L’Etat doit fournir aussi des gros efforts. L’Etat a fourni un grand effort en créant la commission mais il faut octroyer un budget de fonctionnement. Cela est demandé par le Décret de création et c’est demandé par la convention de la CEDEAO sur les ALPC que le Mali a ratifiés. Il faut qu’on avance en mettant en œuvre au fur et à mesure. Il y a la question des armes de fabrication artisanale. Vous savez que notre pays est connu pour être le meilleur dans la fabrication des armes artisanales dans la sous région. Beaucoup de ces artisans travaillent en dehors de tout contrôle. Il faut harmoniser la fabrication artisanale. Il y a la gestion des stocks. La convention dit que les armes qui entrent au Mali et qui sont détenues doivent être enregistrées. Il y a la question des armuriers, les sécurisations des stocks, des magasins qui ne répondent à aucune norme. Par rapport aux magasins d’armes, justement, on se rappelle de la poudrière de Kati qui a éclaté. C’est pour vous dire encore une fois de plus que c’est tout le monde qui est concerné. Si on ne gère pas ce problème, tout le monde se trouve en danger. Et c’est une question de sécurité nationale. A Gao, Tombouctou, c’est les djihadistes mais à Bamako ce sont les voleurs armés qui sévissent. Que chacun fasse attention à son environnement. Nous avons aujourd’hui besoin d’un système d’alerte.
Êtes-vous optimiste pour la maîtrise des ALPC au Mali ?
Gal. K.D : je suis optimiste à partir du moment où je suis convaincue que toute la société est consciente de l’enjeu de la problématique et que chacun en fasse son problème. Vous savez une chose c’est de vous dire ce que l’autre a fait pour moi. Et l’autre chose c’est de dire ce que moi-même j’ai fais pour me protéger. Une autre chose c’est de dénoncer ce que vous voyez autour de vous et qui n’est pas normale.
Propos recueillis par Daniel Kouriba