Gao : la Minusma au sol, sur les eaux et dans les airs

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MINUSMA - contribution - munitionsGao est la plus grande ville au nord du Mali, première région militaire du Mali, elle est aussi le premier point stratégique de toutes les forces qui évoluent actuellement au Mali. C’est pourquoi la Minusma a décidé d’ouvrir les portes des différents contingents et unités à la presse. La   mission était dirigée par le colonel Idrissa Moussa du Niger, Fred Fadh PIO (Bureau d’information publique) ; elle a commencé le 15 pour se terminer le 18 décembre 2014. Pendant 4 jours, il y a eu des patrouilles de nuit avec les policiers sénégalais, une longue patrouille avec les soldats du Niger, de Gao à Tassiga en passant par Ansongo. Les unités et contingents du Bangladesh, du Niger, du Sénégal, des Pays-Bas ont été visités. Selon notre constat, les soldats de la Minusma sont au sol, sur les eaux et dans les airs.

Les hommes au sol

Au sol, avec les casques bleus nigériens qui viennent de quitter Gao pour Ansongo. Ils sont les plus nombreux et font des patrouilles de jour et de nuit. Comme celle que nous avons accompagnée de Gao à Ansongo avec le lieutenant Ambadage Oumarou et ses hommes, sous le contrôle du chef d’escadron Mahamane Moctar Abdoulaye, commandant de zone à Ansongo. Dès notre arrivée à Ansongo, la délégation s’est rendue directement à Tassiga pour visiter le poste contrôlé par le lieutenant Adam Tahirou. Leur mission est la surveillance du pont de Tassiga, qui est situé sur la route Mali-Niger vers la frontière. Tassiga est à 35 Km d’Ansongo. Le poste est composé de 5 surveillants.

D’après le lieutenant Adam Tahirou, leur présence a réduit le banditisme. Les casques bleus interviennent aussi dans le CSCOM de Tassiga lors des patrouilles à l’aide d’une ambulance qui traite certains patients. À bord de cette ambulance, le médecin lieutenant Boubacar Moussa Diadié, qui traite les malades, disons les femmes qui sont les plus nombreuses à fréquenter le Cscom de Tassiga. Cela n’est pas une exclusivité pour le Cscom de Tassiga, nous a fait savoir le médecin militaire. L’escale lors de la patrouille est valable pour tous les centres de santé qu’il visite. La présence des casques bleus, c’est aussi les patrouilles sécuritaires.

Parmi les hommes sur le terrain, on ne peut oublier les policiers sénégalais avec lesquels on a patrouillé dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 décembre 2014 dans les rues de Gao. Ces policiers ont de bons rapports avec les populations de la cité des Askia. Ces dernières aussi se réjouissent du retour de la sécurité, même si leur souci majeur demeure le chômage. Dans un grin à Gao, des jeunes ont demandé aux policiers de la Minusma d’étendre leurs patrouilles aux environs de la ville. Comme pour dire que le travail de la Minusma est formidable, les bouchers, les mécaniciens, les gargotières saluent tous ces patrouilles. Et avec l’électricité partout, la ville commence à retrouver son calme d’antan.

Si les policiers patrouillent la nuit en se basant sur les informations de la police locale, les soldats bangladeshis font des patrouilles le jour dans la ville. Ils remplacent les soldats du Niger qui sont actuellement à Ansongo. Il y a aussi le contingent chinois, qui fait les travaux de génie civil, des actions humanitaires, notamment des distributions de médicaments. Les militaires bangladeshis en font aussi pour le bonheur des populations.

Le camp Castor pour  les renseignements

Rarement le camp des casques bleus des Pays-Bas s’ouvre à des visiteurs. Lors de notre passage, ils ont accepté de nous recevoir dans leur camp. À cette condition expresse : rien ne sera filmé ni enregistré sans leur consentement. Des consignes qui ont été respectées du début jusqu’à la fin de notre visite. D’ailleurs, à part un drone, ils n’ont pas accepté que l’on filme autre.

Le camp Castor est le creuset du renseignement de la Minusma. Il dispose d’hélicos, d’apaches et du matériel pour suivre de près toutes les actions sur le terrain. Selon le capitaine, qui a dirigé notre délégation, leur rôle se limite à la collecte et au traitement des informations via les avions et les drones. Ils ne ripostent jamais à un ennemi qui ne touche pas à la population. Mais, souvent, ils arrêtent des suspects dangereux, ou agissent quand ils découvrent des dépôts d’armes. Les casques bleus des Pays-Bas parcourent tout le nord. Ils disent avoir choisi Gao pour sa position stratégique, géographique, parce qu’à partir de là, ils peuvent facilement avoir des vues sur toutes les localités : Bourem, Ménaka, Aguel Hoc, Tombouctou. Leur travail se fait dans la discrétion.

D’après les soldats néerlandais, c’est la première fois qu’ils participent à une mission où on parle français. Leur présence au nord constituera donc un cas d’école qui va leur permettre d’apprendre beaucoup de choses. Ils souhaitent par conséquent la collaboration des populations de Gao. Pour tout vous dire, le camp Castor est celui des renseignements de la Minusma à Gao.

Les Bangladeshis, maîtres des eaux

Sur le quai de Gao, entre le pont Wabaria et les dunes roses, les Bangladeshis ont installé deux unités pour la surveillance du fleuve Niger. Ils patrouillent de Gao à Ansongo et de Gao à Tombouctou, souvent Mopti, en fonction des besoins. Des soldats disciplinés et très courageux travaillent sous le contrôle des capitaines et des colonels bangladeshis. Ils se sont installés sur une superficie de 800m2, avec des équipements très modernes et de qualité. Bangladesh River Unit (BANRU) et Bangladesh Force Unit sont les deux unités qui s’occupent de la protection et la sécurisation du fleuve Niger à Gao.

Ces Unités disposent de pinasses à moteur, d’un grand bateau, de matériels de communication, etc. Elles ont par ailleurs présenté leur méthode de travail au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies par intérim, David Gressly, qui était en visite à Gao. En plus de la visite des unités, il a fait des patrouilles fluviales avec les militaires bangladeshis. La patrouille est partie dans un premier temps du poste au pont Wabaria, et des berges à la dune rose.

C’est au cours de cette patrouille que le commandant des soldats bangladeshis a fait savoir que 130 pirogues font du commerce sur le fleuve Niger par jour à Gao. Les pirogues transportent des vivres et du bétail. Comme pour dire que le commerce a bien repris sur le fleuve Niger. Grâce à la protection du fleuve par les soldats de la Minusma.

De fait, la Minusma mène un travail à la chaîne. Elle travaille à l’image d’un orchestre donc le chef est l’état-major. Auquel rend compte tout le monde : troupes au sol, sur les eaux, dans les airs. Les casques bleus travaillent aussi avec Barkhane et les Fama. D’ailleurs, une grande action avec toutes les forces est en cours de préparation. À ce sujet, la Minusma ne communique guère. Raison  militaire oblige !

Kassim TRAORE envoyé spécial

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