Le Sahel a toujours été le parent pauvre des investissements principalement dans le domaine du développement rural : l’agriculture, l’emploi des jeunes, le climat, l’énergie et la scolarisation des filles. Cette région du monde fait parler d’elle-même grâce à sa diversité ethnique, son taux de pauvreté, la marginalisation des droits de l’homme, le trafic de la drogue et des enfants et l’absence des réels services publics de base. La démographie du Sahel est un facteur d’alerte pour la stabilité du monde (200 millions d’ici 2020). Le facteur religieux est sans doute un élément à prendre en considération.
Le G5 Sahel, pour réussir sa mission, ne doit pas négliger ni surestimer les groupes rebelles et doit tout faire pour associer l’Algérie dans la stratégie de stabilisation du Sahel. Délaisser ces deux points ne fait qu’empirer la situation sécuritaire au Sahel. Le Mali doit s’investir dans la quête du contrôle total de son territoire national plus précisément les régions du centre et ceux du nord devenues des nids du banditisme, du terrorisme, de l’impunité et des zones de conflits intercommunautaires. Les cellules terroristes se sont implantées au Mali du nord vers le centre. Quant au Burkina Faso, nous assistons à des implantations du nord vers l’est. Dans ces derniers temps, la région du nord du Burkina a été la cible des attaques terroristes régulières. Ce qui explique géographiquement qu’aucun pays du Sahel n’échappera. C’est juste une question de temps. Raison pour laquelle, les dirigeants de ses pays doivent faire la quête du financement total du G5 Sahel une priorité quotidienne. Il faut un front commun.
La stabilité du Sahel dépend de celle de son noyau qui est le Mali. Le retard de la mise en application de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale permet aux terroristes et aux groupes rebelles de gagner du terrain tout en bandant leurs muscles face à la communauté internationale d’où les attaques récentes. Et cela leur donnera du poids dans les discussions à venir. Pour appliquer cet accord, il faut un referendum constitutionnel et le pouvoir actuel n’est pas sûr de l’emporter. Que faire ? Une question d’intérêt national !
Cet accord assurera une véritable stratégie de développement des régions du nord et ceux du centre, d’où un pilier des objectifs du G5 Sahel. La stratégie de la stabilisation du Sahel n’est pas militaire mais politique. Pour éradiquer l’extrémisme violent et religieux, le terrorisme et stopper la détérioration du Sahel, il faut une véritable politique commune de décentralisation des services de base des pays du Sahel. Le G5 Sahel dans sa vision de développement doit créer des coopératives de solidarités pour aider les femmes, les jeunes, les agriculteurs, les pêcheurs et les éleveurs. Mais des coopératives qui les aideront à créer leurs propres revenus, mais pas pour les voler. Les communautés du Sahel doivent savoir que c’est un combat basé sur la patience et la vigilance.
Cette vision politique doit impliquer la population pour bien s’implanter, associer les femmes et jeunes plus précisément aux prises de décisions. La solution à la crise sahélienne est certes politique, mais une politique basée sur le développement rural, surtout les préoccupations des femmes et des jeunes.
Mohamed AbdellahiElkhalil, Consultant Chercheur, Spécialiste des questions d’insécurité, Sociale et sécuritaire du Sahel