Forces armées nationales : les années de gloire (deuxième partie) : Les forces armées du Mali de novembre 1968 à mars 1991

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L’indépendance de notre pays, il convient de le rappeler, date du 24 novembre 1958. République soudanaise avant de devenir la République du Mali à partir du 22 septembre 1960, nous avons commencé à exercer nos attributs d’Etat souverain à partir de cette date. C’est dans le cadre de cet exercice que fut amorcée, dès le 15 février 1959, la création  des Forces armées et de sécurité de notre pays. De cette date à la date du 26 mars 1991, durant trois décennies, que cela soit lors des parades militaires, sur le terrain, pour assurer la défense de l’unité et de l’intégrité du territoire national ou les secours  à apporter aux populations sinistrées, que cela soit dans l’administration, des officiers, sous-officiers et hommes du rang, ont fait la fierté de notre peuple, peuple dont ils sont issus et, avec lequel, face aux épreuves, ils ont su faire corps. Notre armée était admirée tant en Afrique que dans le reste du monde.

Votre hebdomadaire s’est mis à l’écoute d’un officier supérieur de cette vaillante armée patriotique pour vous livrer, en deux éditions (la seconde est programmée pour le 30 janvier 2017), ce qu’elle a été, d’abord, de 1959 à 1968 ; ensuite, de 1968 à 1991. L’auteur de ce témoignage figure parmi les dix sous-officiers que le général Abdoulaye Soumaré a rappelés de France pour constituer l’ossature de la toute jeune armée de la République du Mali. Avec dévouement, il a servi la patrie aussi bien sur le front de la défense nationale que de celui du développement.

 Il faut attendre les événements du 19 novembre 1968 pour noter la détermination des autorités politiques, gouvernementales et militaires afin de corriger ce qui devait l’être et renforcer les capacités d’interventions des organisations militaires et paramilitaires.

Cela  marquera les actes de la deuxième décennie de l’évolution des Forces armées maliennes, qui se prolongeront logiquement  avec la troisième décennie, car les deux périodes (CMLN-UDPM) seulement différentes d’appellations n’ont été qu’une continuité dans l’accomplissement des tâches de défense et de sécurité.

La période (1969-1990) a particulièrement été marquée par l’effort d’organisation plus poussée et la modernisation des forces armées et de sécurité en vue de les doter de tous les moyens nécessaires à leur formation et à leur affirmation.

Cet effort d’organisation débute par la formulation d’une politique de défense. Les responsables de l’époque, pour cette formulation, partent d’un constat : notre pays fait frontière avec huit autres pays. A partir de ce constat, ils posent la question suivante : comment assurer la défense du territoire national en cas d’attaques simultanées sur ces huit frontières ? La réponse à cette question sera le fondement de l’organisation et de la consolidation de l’outil de défense. L’action portera sur les points suivants :

le recrutement et la formation des hommes,

les inscriptions au tableau d’avancement,

l’aménagement des infrastructures militaires,

l’équipement, l’intendance et la logistique.

Le renforcement du potentiel militaire, tant sur le plan des effectifs que du matériel sera complété par :

une meilleure structuration avec la création des Etats-majors et services ;

l’adoption de textes sur le statut des Forces armées et de sécurité telle l’Ordonnance n°72/CMLN du 31 décembre 1969 modifiée par l’Ordonnance n°32/CMLN du 30 août 1971.

Le renforcement du potentiel militaire se traduit par la création, en 1974, de l’armée de l’air.

Le Comité Militaire de Libération Nationale a hérité de l’Union Soudanaise RDA du GAT (Groupement Aérien Tactique) : un vieux DC3 utilisé pour le transport vers les cites militaires du Nord. Il le juge très insuffisant, le supprime pour créer, en lieu et place, une armée de l’air dotée d’appareils soviétiques  de type MIG.

Dans le cadre de sa mission de défense du territoire national, entre décembre 1974 et janvier 1975, bien équipée, se reconnaissant en ses chefs, l’armée nationale repousse une première agression dirigée contre notre pays. En plus de sa mission de défense, elle jouera un grand rôle dans les préparatifs du retour à une vie constitutionnelle normale après les événements de novembre1968 avec :

ses campagnes  d’explication sur l’étendue du territoire,

sa participation à l’implantation des cellules de base de l’UDPM,

sa participation à l’organisation du congrès constitutif de l’UDPM.

Durant cette période, la tâche lui a été facilitée par son intégration à tous les domaines de la vie socio-économique de notre pays avec ces officiers et sous-officiers  présents sur tous les chantiers du développement.

Avec l’avènement de l’UDPM, l’armée conserve son dynamisme tout en se voyant insuffler un élan  nouveau. En effet, elle va être conçue comme un élément constitutif de la politique générale de développement. Le président Moussa Traoré et ses collaborateurs, tans civils que militaires, cernent les liens étroits entre le développement économique et social d’une part, la défense et la sécurité d’autre part. A Léonid Brejnev qui s’étonnait du fait qu’il accorde une grande importance à l’assistance militaire soviétique envers le Mali, il aura la réponse suivante : « Je veux me sécuriser pour pouvoir me développer ». Fonder le développement sur la sécurité mène à deux actions convergentes :

renforcer les capacités d’intervention des Forces armées et de sécurité, pour leur permettre d’accomplir  avec plus d’efficacité leur mission principale de défense du territoire national et de protection des citoyens,

les impliquer davantage dans la vie sociopolitique et socioéconomique de l’ensemble de la nation malienne.

Pour que soient menées à bonne fin ces deux actions, l’Assemblée Nationale adopte la loi 84-61 du 24 janvier 1984, qui,  avec ses textes d’application, investit les Forces armées et de sécurité du Mali des missions suivantes :

la défense de l’intégrité territoriale,

la protection des biens et des personnes,

la participation aux efforts de développement social, économique et culturel du pays,

le respect des engagements internationaux.

Dans   le même ordre d’idées, de nouvelles structures sont mises en place   :

la commission de Défense du Bureau Exécutif Central présidée par le général Moussa Traoré, Secrétaire Général du Parti et président de la République ;

le Conseil Supérieur de Défense ;

les Etats-Majors et services pourvoyeurs,

les structures horizontales que  sont les zones de défense.

Ainsi, progressivement, sous les régimes du CMLN et de l’UDPM, toutes les  structures de  l’organe de défense ont été mises en place et ont rempli avec efficacité leurs fonctions. Une armée ne valant que par ses faits d’armes, l’arme malienne peut se prévaloir, de 1968 à 1991, des résultats suivants :

la victoire sur les troupes voltaïques (novembre 1974-janvier 1975) ;

la victoire sur les troupes burkinabé (décembre 1985) ;

la fin du contentieux frontalier avec le verdict de la Haye ;

l’opposition à  l’annexion d’une partie du Ouassoulou par la Guinée ;

la victoire sur la deuxième rébellion touarègue (1990-1991).

 

D’autre part, s’étant impliquée dans la conciliation des impératifs de la défense nationale et de la participation aux tâches de développement économique, social et culturel, elle présente un bilan positif dans les domaines suivants :

l’administration et l’aménagement du territoire,

la réalisation de travaux d’infrastructures et de désenclavement,

l’assistance aux populations lors des catastrophes naturelles,

la lutte contre la fraude, la criminalité, les atteintes aux biens publics,

le recouvrement des créances de l’Etat,

la participation à diverses compétitions sportives tant au plan national que sous-régional.

En définitive, il serait difficile, voire impossible,  de contester, preuves à l’appui, la réalité suivante : le général Abdoulaye Soumaré a créé l’armée malienne, le général Moussa Traoré lui a donné ses lettres de noblesse. Il a pu en être ainsi parce que celui-ci a compris que l’œuvre de construction nationale est une chaîne d’actions continues, chaque génération ayant à consolider les acquis antérieurs  en apportant sa pierre à l’édifice. Il a renversé un régime, celui de l’US-RDA et, dans las foulée, a su se garder de la prétention à construire sur une table rase. Du précédent régime, il a conservé les éléments positifs et cela, dans  tous les domaines.

En ce qui concerne l’armée nationale, il a hérité d’une institution qu’il connaît de l’intérieur  de par la formation qui fut la sienne : celle du militaire qui, librement, a choisi de l’être. L’outil de défense légué par l’US-RDA présentait des forces des faiblesses. Son action a consisté à  corriger les faiblesses et à renforcer les capacités d’intervention.

 Durant les vingt trois ans de sa présidence, rien ne fut ménagé pour maintenir à l’armée son image.

A suivre

Djaoulén Karamoko Diarra

 

 

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