Forces armées et de sécurité : l’urgence des réformes

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Mali: le MNLA mis en échec par le mouvement touareg Gatia à Ntililte
Patrouille de l’armée malienne dans la région de Gao. (photo archives)
Olivier Fourt/RFI

L’armée malienne, à l’instar de l’ensemble de la société malienne, a besoin de se réformer. Si elle ne va pas à la réforme, c’est la réforme qui viendra à elle. À défaut, tout est perdu. Le Mali va très mal. Un mal se soigne à la racine.

Les demi-mesures, les réformettes, les compromissions ne font que soigner le mal en apparence. Le mal risque de développer une résistance médicamenteuse. La rigueur, le patriotisme et le dévouement du soldat de base n’est plus à démontrer. C’est la haute hiérarchie militaire qui est à revoir. Donc, le pouvoir politique. La locomotive part de la tête, tout comme, le poisson qui pourrit de la tête. Le monde est ainsi depuis la nuit des temps. Nous avons très récemment pu étonnement lire que l’armée de la Guinée Conakry compte un peu plus de 57% d’officiers. Ça ne s’invente pas.

Quid du Mali ?

Les chiffres sont pour le moment cachés. Mais, sans nul doute, nous en avions nous aussi à gogo. Souvenez-vous juste des câbles diplomatiques de Wikileaks 2009 où notre armée est décrite comme «une armée de généraux, incapable, sous-équipée et mal entraînée». Aussi, il suffit juste de regarder l’ORTM pour voir, d’année en année, des promotions de sorties d’EMIA qui se suivent à la chaîne. Armée mexicaine. Notre armée a besoin d’être réformée. Jouez l’amnésique ne sert absolument à rien.

Des urgences s’imposent

Encore une fois, il est temps de supprimer le prytanée militaire. Ce machin sert plutôt à la reproduction sociale par piston, népotisme, favoritisme, clientélisme qu’à forger l’amour de la patrie à travers le métier des armes. Le prytanée sert plutôt à la parade qu’au don de soi, le sacrifice suprême. Pendant la crise, le monde entier a assisté à son inutilité. Ce fut une véritable honte mondiale. La terre entière a tout vu, tout su. Il nous coûte très cher et ne nous sert à rien. S’il était utile, les officiers qui y sont passés allaient nous sortir d’affaire. Le résultat est là et l’on ne peut rien contre l’évidence. Une chose est d’avoir du galon, une autre est d’être capable.

Il est encore temps de rappeler tous nos officiers qui sont dans des ministères, ambassades, consulats et entrepôts. Mettre à la retraite d’office tout le surplus d’officiers. Boubacar Sada Sy a bien mis à la porte 800 élèves-gendarmes. Même si, Alpha Oumar Konaré et un certain IBK ont trahi le Mali et la mémoire de Boubacar Sada Sy par une certaine réintégration des 800 éléments radiés. Ce laxisme d’État explique aussi en partie la crise actuelle. Vous, Boubacar Sada Sy, aviez joué votre partition. C’est l’essentiel. Dormez en paix. Vos enfants peuvent être fiers de vous.

Il n’y a rien de plus facile que de mettre à la retraite nos porte-galons. Absolument rien. C’est le patriotisme chez IBK qui fait défaut. Le patriotisme est l’alpha et l’oméga de la solution de notre sortie de crise. Quand récemment, un officier supérieur a été rappelé d’un entrepôt malien, il a osé attaquer en justice la décision de son rappel. Au motif qu’il n’a pas effectué un certain nombre d’années à ce poste. Il ne se plaint de n’être pas affecté au Nord, mais, se plaint d’être rappelé à Bamako. Quelle dignité ? Quelle fierté ? Et pourtant, la plupart des Maliens font semblant d’ignorer cette affaire. Quel avenir voulez-vous dans ces conditions pour le Mali ? Comment un soldat peut-il impunément se comporter de la sorte ? Boubacar Sada Sy est vraiment décédé. Pauvre Mali.

Il faut arrêter avec ces promotions sans fin de l’EMIA. N’envoyez des promotions à l’EMIA qu’en cas de besoin. Le monde entier nous observe. De grâce. Il est évident que le secours de Barkhane et de la Minusma n’est pas éternel. C’est dès à présent que nous devons préparer notre futur. Savoir anticiper. Faisons comme la France  qui a anticipé dans la préparation son intervention au Mali dès mars 2012. Gouverner, c’est prévoir, dit-on. Si IBK n’a pas pris cette fois-ci l’avion pour sa balade lors de la nouvelle inauguration du canal de Suez, c’est dû à la sortie médiatique de Soumaïla Cissé. Il est donc clair que si l’ensemble des patriotes maliens critiquent la mauvaise gouvernance d’IBK, il sera obligé de changer. Même, Ali Nouhoum Diallo aurait dû le faire, en patriote, ces derniers temps. Pour vu que cela soit sincère et que ça dure. Ce n’est pas évident. C’est un bon début Professeur Ali Nouhoum Diallo. Mieux vaut tard que jamais.

Le Mali, sans lutte implacable contre l’impunité sous toutes ses formes et à tous les niveaux, est sans avenir. IBK n’est pas à la hauteur. Cela ne fait l’objet d’aucun doute. Il est trop attaché au vil. Dans certains salons feutrés de Paris, il se murmure que nous ne serons jamais capables de nous assumer, de maîtriser notre désert. C’est très grave. Prenons garde. Évitons que nous ne soyons l’objet d’un plan B. Il ne sert à rien de jouer les sourds-muets, les faux-fuyants, les faux-semblants, les fuites en avant, la recherche de boucs émissaires, car tôt ou tard, la réalité nous rattrapera. Pour nos gouvernants actuels, notre patrie est un terrain de jeu où l’on ramasse des milliards pour ensuite aller s’amuser en Occident. De la souffrance du peuple, ils s’en fichent éperdument.

Boubacar SOW

boubacarsow@hotmail.fr

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4 COMMENTAIRES

  1. vous avez mis le doigt sur la plaie c’est toutes les couches de la société malienne a l’extérieur nos diplomates se préoccupés de leurs intérêts seulement souvent en causerie j’ai demandé a certain pourquoi ils n’agissent coup sur coup lorsque le mali est pousse par la communauté internationale leurs réponses c’est pas comme cela! que c’est facile de dire comme je ne suis pas dedans les maliens savent qui doit nous gouverner mais ils vont pas voter pour lui pour la simple raison qu’il va mettre fin a tous cela nous savons tous comment ZOU dirige c’est pitoyable qu’il n’a même pas de député a l’assemblée
    il faut une prise de conscience générale de conduite civic envers ce mali qui nous a donnes tant même nos artistes ne font que puiser dans les répertoires des chansons du 13 eme siècle en le modifiant a leurs guise en un mot on se glorifie de l histoire du mali mais nous ne sommes même pas capable de le défendre comme on dit en bamanan en be nodo
    c’est triste

  2. Excellent article. Me Sow décrit exactement la situation qui prévaut dans ce qui reste de l’armée malienne. J’ajoute qu’il n’ y a aucune planification sérieuse et un suivi dans la gestion du personnel de l’armée. Les recrutements se font à tue-tête basé sur la corruption et le népotisme, les nominations se font basées non le mérite et la compétence mais sur les relations ou les liens de parenté, créant du coup la frustration et la démotivation.
    La plupart des officiers supérieurs qui font l’école d’état major ou l’école de guerre ne servent à rien et finissent un jour comme Mr Sow l’a dit dans les ambassades, consulats et ministères à bénéficier des avantages pour rien alors qu’ils devraient se trouver dans les états-majors sur le théâtre d’opérations à Gao, Tombouctou entrain d’élaborer des plans d’opération.
    J’accuse la gestion de AOK et de ATT qui n’ont pas su perpétuer la vision de feu Boubacar Sada Sy sur une armée dans laquelle les galons se méritent à travers la compétence intellectuelle et la probité morale, qui ne laisse aucune chance aux médiocres et cancres d’officiers, sous-officiers et hommes du rang qui pullulent l’armée malienne actuellement.
    Vivement les réformes qui feront places à une armée nouvelle dans laquelle seuls le travail et le mérite payent et aucun officier dans les ambassades, consulats et ministères.

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