L’agression perpétrée contre le Président Dioncounda Traoré ne relèverait plus du montage public. Une suite judiciaire est en cours, et c’est au gouvernement de la transition de montrer comment les rouages doivent fonctionner pour mieux bâtir notre avenir.
Deux faits se sont passés ces jours sous la tempérance de la gouvernance de la transition. Un feu de joie d’abord, la prise de fonction de l’ancien Premier ministre Mme Cissé Mariam K. Sidibé au Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires (REFAMP). Merci pour elle d’avoir accepté de s’assumer ainsi à ce poste, en ces moments où l’on sort d’une autre législature. Par ailleurs, la justice a été saisie du dossier à la suite de cet huis clos à Koulouba dégoulinant de désespérance, de tension, d’absurdité même. La justice va assumer sa responsabilité sans précipitation, sans passion et sans parti pris. Souleymane Coulibaly, le Procureur général près la Cour d’Appel de Bamako, le confirmait ainsi. A la suite de quoi, dit-on, l’attentat susvisé pourrait être requalifié comme un crime au premier avec la préméditation ? Il y aura la sanction capitale. L’anarchie ne fait plus rêver les hommes, sinon rien ne fonctionnerait. La journée du 21 Mai allait donc s’achever sur un cauchemar lourd et devenu névrotique pour les Maliens.
La certitude des uns et le pragmatisme des autres se retrouvaient confrontés à de vieux démons. Toutes nos grandes capitales où nos importantes villes ne sont pas à l’abri de ce « malaise vagal » qu’est l’insécurité. Avant et après cette agression, pourquoi ce tir groupé contre Dioncounda Traoré ? Pouvons- nous dire qu’on aura privilégié la vraisemblance plutôt que la vérité en sachant bien qu’on ne la connaîtra jamais entièrement ? On a frôlé l’infamie, l’insupportable dans les couloirs du Palais présidentiel. Laissons « l’innommable » à la folle rumeur toujours assoiffée de sensationnel. Mais faisons attention à ne pas dire ce que l’on ne sait pas ou ce que l’on n’a pas vu ces jours-là. En quoi la relation Dioncounda Traoré-CEDEAO fut-elle sulfureuse pour déclencher l’ire de certaines populations ? Certains politiciens ont-ils « bassement » pensé pour elles en leur servant d’aiguillon ? C’est un faux cercueil du Pr. Dioncounda Traoré qui a été exhibé ce jour-là dans les rues. Doit-on s’étonner de la suite de ce thriller sanglant ? Pourquoi la foule pensait-elle que Dioncounda Traoré n’était pas « repu » du pouvoir jusqu’ici ? Servir le collectif ne revient-il pas à se servir soi même ? On lui reprocherait son service de la République ? C’est comme si on entamait une querelle de voisinage, tout dépendant du degré d’implication de l’individu. Dioncounda Traoré n’aura pas ménagé sa peine pour gagner la confiance de ses concitoyens. Antimilitariste musclé, il avait toujours été du côté de ceux qui font le mal pour le bien et voici pourquoi il a souvent récolté la tempête avec ses compagnons de lutte. De quel bois sont-ils faits, ces hommes ? Pas de fagots !
Il faut changer de méthode et non de société
Pour l’équipe gouvernementale de Cheick Modibo Diarra, c’est une occasion unique d’enrichir leur cv. Cette « suite à donner » à ces interpellations aussi intempestives qu’elles puissent paraître fera promotion. C’est ici leur vrai baptême du feu de la gestion des affaires publiques. Au gouvernement de détailler ses exigences et de montrer la direction à prendre. Le Chef du gouvernement serait ainsi l’horloger qui nous montrera les minuties de la transition. Il ne doit plus perdre une minute de retard chaque jour. Les Maliens ont-ils tort de dire que l’Etat peut tout et fait tout, alors que nous voyons surgir de partout des difficultés ? Le ministre de la Justice, Malick Coulibaly, deviendrait ainsi comme un architecte, et pour relever les défis à venir, on l’a mis ici à la place qu’il faut pour changer de méthode. Si la justice ne doit plus être de tutelle, elle fera cependant de l’intérêt général dans le respect de la légitimité de chacun. L’essentiel sera donc les diagnostics à poser pour « éteindre la lumière aveuglante » produite ou les feux dans cette affaire d’agression contre la première institution du pays. L’Etat doit fonctionner avec la justice, et la question en filagramme : comment va-t-on concilier l’action judiciaire et la raison d’Etat ?
S.Koné