Sans être le seul acteur sur le terrain, l’armée malienne est de nouveau accusée par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) d’être à l’origine de nombreuses exactions contre des populations. Une accusation à sens unique qui frôle l’acharnement et le chantage contre une armée en devoir de défendre sa mère-patrie contres des narco djihadistes qui tirent sur tout ce qui bouge.
Dans son communiqué rendu public, hier jeudi 11 mai, l’organisation non gouvernementale alerte sur des arrestations, détentions arbitraires, actes de torture et séquestrations perpétrés par l’armée nationale du Mali dans le cadre d’opérations de lutte contre le terrorisme.
«L’armée, dans la lutte contre le terrorisme, ne fait souvent pas de discernement. Ils (militaires) viennent dans un village, ils prennent tout le monde. C’est après qu’on saura qu’effectivement qu’il y avait des gens qui n’avaient rien à voir avec le terrorisme et le djihadisme», a déclaré Moctar Mariko de l’Association malienne de défense des droits de l’homme (AMDH). Pour lui, «la lutte contre le terrorisme ne doit pas amener l’armée malienne ou les autres forces qui sont venues nous aider, à violer les droits humains».
L’AMDH et la FIDH qui ont recensé, dans ce cadre, de nombreuses violations des droits de l’homme, estiment qu’«il est urgent d’encadrer davantage la réponse militaire afin de mettre fin à ces exactions et de tout mettre en œuvre pour permettre le retour des services publics de base».
Ces ONG recommandent aussi le renforcement des moyens de la mission de paix de l’ONU au Mali (MINUSMA), dans les régions du Centre du pays notamment, ainsi qu’une véritable lutte contre l’impunité par les autorités du pays.
A travers ces récits, il est facile de comprendre qu’il ne s’agit ni moins ni plus que d’un acharnement et d’une accusation à sens unique contre une armée malienne qui est loin d’être le seul sur le terrain commettant des bavures contre les populations. Dans ce combat contre le terrorisme, il est évident qu’en plus des FAMA, il y a aussi les forces internationales venues portées main forte à notre pays, mais aussi la force française Barkhane, qui sont loin d’être blancs comme neige. Et pour cause, on se rappelle qu’en fin novembre, lorsqu’un véhicule de Barkhane a sauté sur une mine aux environs de Kidal, la riposte des militaires français ne sait pas fait attendre. A l’époque, l’usage disproportionné de la force par Barkhane a été vigoureusement dénoncée par les populations. Pire, lorsque par la même occasion, Barkhane a été soupçonnée d’être à l’origine de l’assassinat d’un enfant dans la localité, cette dernière avait promis des enquêtes pour élucider les circonstances de cette mort. Les résultats de l’enquête étaient prévus pour le mois de février 2014. En mi-mai, c’est toujours le silence autour de cette affaire.
L’enquête ne fait nulle part cas de ces bavures. Qu’en est-il également des attaques djihadistes sur les populations. Ce sont les FAMA seuls qui portent le bonnet d’âne dans cette histoire. Il est bon de donner des leçons, mais le principe recommande aussi l’impartialité pour la crédibilité des organisations.
Il faut noter que la situation sécuritaire au Mali ne fait que se dégrader, deux ans après la signature de l’Accord de paix du 20 juin 2015. Certaines régions du pays, principalement au nord et au sud, sont toujours le théâtre d’affrontements intercommunautaires violents et d’attaques terroristes.
Certes, la FIDH appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre des sanctions individuelles ciblées contre les individus s’opposant à la mise en œuvre de l’Accord de paix et contre ceux qui commanditent ou ordonnent des violences. Cependant, elle continue toujours d’indexer les FAMA comme les seuls à exercer des exactions sur les populations.
Par Sidi Dao