Mardi 18 août 2020, une date qui sera à jamais gravée dans la mémoire des Maliens. Une très longue journée remplie de coup de feu et de décisions importantes, elle s’est achevée à 3 heures du matin par la déclaration de la démission de l’ex-président de la République Ibrahim Boubacar Keita et celle des militaires sur la télévision nationale ORTM.
Depuis l’aube, les transporteurs routiers ont coupé l’entrée de Bamako au niveau de Niamanan en dénonçant l’arrestation de certains de leurs collègues. Cette dénonciation fut une source de blocage à l’accès de la ville.
Dès 8 heures, la mutinerie fut entamée au camp Soundiata de Kati. Chaque militaire avait son arme en main. La population de Kati qui entend des coups de feu d’armes lourdes. Ce qui a fait penser à un soupçon de coup d’Etat.
Les militaires ont pénétré la ville de Bamako aux environs de 9 heures. Des personnalités politiques, des hauts gradés ont été arrêtés dont l’ex-président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, l’ex-ministre de l’Économie et des Finances, Abdoulaye Daffé, les généraux Ibrahima Dahirou Dembélé de la Défense et des Anciens Combattants et Moussa Bemba Kéita de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, tous arrêtés à leur bureau.
A la tête de cette mutinerie se trouvaient les Colonel-Major Diaw du Camp de Kati, Sadio Camara de la garde, etc. La seule information qui était partagée entre les médias et la population était l’arrestation des personnalités politiques et des hauts gradés de l’armée.
Avant de procéder à l’arrestation de ces hautes personnalités, l’ordre a été donné pour la fermeture des services publics, institutions de la République et des banques. A 10 heures chaque travailleur était rentré chez lui en attendant la suite des événements.
Avec la propagation des infos sur les réseaux sociaux, chacun avait déjà une idée avant même l’arrestation suivie tard dans la soirée de la déclaration de démission du Président sortant Ibrahim Boubacar Keita, de celle du Premier ministre et de la dissolution de l’Assemblée nationale.
Les manifestants remplissaient de plus en plus le Boulevard de l’Indépendance à Bamako. Ils accueillaient massivement les militaires. Des chants de louanges et des mots réconfortants étaient les signes de joie qu’on pouvait remarquer sur place.
Certains bâtiments publics et privés dont l’immeuble du ministre Me Kassoum Tapo à Bamako Coura et son domicile privé à Titibougou furent incendiés et les biens matériels emportés par des enfants et jeunes. La foule s’agrandissait en se dirigeant vers la résidence du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta à Sébénikoro, en Commune IV du district de Bamako. Protégé par des militaires.
Le Gouvernement, à travers le cabinet du Premier ministre, avait publié un communiqué à 16 heures s’inquiétant de la situation au niveau des deux camps militaires de la ville de Bamako en exhortant les militaires au dialogue et de faire taire les armes.
A 17 heures, suite à la demande de démission du président de la République réclamée par plusieurs hauts gradés de l’armée et l’intervention de chefs d’Etat étrangers pour négocier une arrestation sans effusion de sang. L’ancien président IBK s’imprégnait de la situation réelle en comprenant que les forces armées ne sauveront pas le régime. Il a été appréhendé à son domicile à Sébénicoro avec quelques membres de sa famille, l’ex-chef du gouvernement Boubou Cissé, l’ancien directeur de la sécurité d’Etat, Moussa Diawara et conduits au Camp Soundiata de Keïta de Kati.
C’est jusqu’à minuit que l’ORTM diffusa enfin cette déclaration qui sans doute a laissé des émotions fortes chez chaque Malien bien vrai que d’autres attendaient ce jour impatiemment.
La situation s’achevait jusqu’à 3 heures du matin qui marqua la déclaration des mutins sur les motivations de leur irruption sur la scène.
Avant l’intervention forcée des militaires, les revendications autour de la démission du président sortant étaient le quotidien de quelques Maliens.
Le Mali vient de connaitre un quatrième coup d’Etat militaire et cette fois-ci en mois d’août contrairement aux précédents qui se sont déroulés en mois de novembre et mars.
Fatoumata Kané
PARTIS POLITIQUES
Condamnation unanime
Dans la journée du mardi 18 août, une mutinerie a conduit à l’arrestation du président de la République IBK, son Premier ministre Boubou Cissé, les 6 membres du gouvernement et des personnalités politiques et militaires du régime. Tard la même nuit, le président a annoncé sa démission. Des partis politiques ont réagi…
Le Rassemblement pour le Mali (RPM)
Signé Dr. Boucary Tréta, le parti des Tisserands a vigoureusement condamné cette mutinerie qu’il qualifie de coup d’Etat. Il a exigé la libération immédiate du président IBK, son gouvernement et les autres retenus. Boucary Tréta et les autres membres du bureau exécutif du RPM ont invité les organisations sous-régionales, internationales, les démocrates et républicains maliens à œuvrer pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
L’Alliance pour la Démocratie au Mali (Adema-PASJ)
Sans détour qualifie de coup d’Etat militaire et condamne la mutinerie qui pour lui, est une violation de la Constitution de 1992. La troisième force politique exhorte les militaires à respecter l’autorité politique démocratiquement élue. Sous la plume du Pr. Tiémoko Sangaré, le Comité exécutif exige l’arrestation des actes de vandalisme à Bamako.
L’Union pour la République et la Démocratie (URD)
La deuxième force politique, parti principal de l’opposition prend acte de la démission du président. Sans condamnation, l’URD se dit disponible à œuvrer pour la mise en place des institutions fortes pour le Mali. Le parti a insisté sur les efforts pour retrouver Soumaïla Cissé, le président du parti et chef de fil de l’opposition enlevé à Nianfunké.
CMAS-Imam Dicko…
Tout d’abord la page officielle CMAS et quelques proches de l’Imam Dicko, ont posté ce message sur les réseaux sociaux avant hier : “Le Cheick Imam Dicko estime que sa mission a pris fin ! Il souhaite continuer à diriger les prières à la mosquée”. Issa Kaou Djim le coordinateur de la CMAS a accordé une interview à la télé Djoliba. Il dit, “je n’ai pas aimé la façon dont le président IBK a quitté le pouvoir. J’aurais voulu que ce soit à la suite des actes civils qu’il démissionne. IBK n’aurait jamais dû accepter d’attendre l’implication des militaires. Il a juste rendu les choses encore plus difficiles. C’était mieux d’accepter les accords politiques”. Il appelle à une union et un rassemblement national pour le Mali. Il a invité à une transition qui doit conduire le Mali vers une issue heureuse. “Il faut faire face avec responsabilité aux défis à relever”.
Koureichy Cissé