Il est de notoriété publique que la plupart de nos centres pénitentiaires sont bourrés de prisonniers qui attendent désespérément leur jugement. L’accès à la justice se pose avec acuité. A force d’attendre, certains cherchent à se faire la belle. La reforme en cours doit tenir compte de la lourdeur paralysante de l’administration judiciaire.
En effet, dans la nuit du vendredi dernier au samedi, nos compatriotes ont été sidérés d’apprendre qu’un groupe de détenus, en attente d’être fixés sur leur sort, se sont volatilisés dans la nature au Camp I de la Gendarmerie nationale. Il s’agit de Mamadou Alassane Maïga de la Direction centrale des services de transmission des armées, Yacouba Kodio, Instructeur à l’Emia de Koulikoro, l’Elève-inspecteur Souleymane Dounkara, Sergent-chef Thierry Diarra, Rubain Diarra, soldat de première classe, Monzon Thiénou, Nouhoum Djibo, caporal Sékouba Traoré et un civil, Boubacar Touré. Cette évasion des prisonniers avant leur jugement n’est pas la première dans notre pays. Selon des sources proches du dossier, le chef d’inculpation retenus contre les quatre personnes que sont Mamadou Alassane Maïga, Yacouba Kodio, Souleymane Dounkara, Thierry Diarra est la tentative de coup d’Etat. Ils ont été arrêtés en juillet et placés sous mandat de dépôt. Concernant Rubain Diarra et Monzon Thiénou, ils sont aussi placés sous mandat de dépôt pour assassinat et vol qualifié. Nouhoum Djibo est coffré pour vol de moto. Sékouba Traoré est poursuivi pour assassinat. Et Boubacar Touré, mis en prison au camp pour évasion au 13 ème arrondissement. Au-delà des circonstances de leur évasion, la question qui revient sur toutes les lèvres, c’est la lenteur de la procédure judicaire dans notre pays. Les prévenus ainsi cités sont dans l’attente de leur jugement. En la matière, les règles procédurales sont claires. Le procès pénal est précédé d’une enquête menée le plus souvent par les services de police ou de la gendarmerie, suivie de l’ouverture d’une information judiciaire menée par un juge d’instruction.
Visiblement, cette phase préliminaire qui précède le jugement était en cours. Mieux, au-delà de ces cas, depuis l’arrestation du capitaine bombardé général Amadou Haya Sanogo et sa bande, la justice malienne traîne les pieds à faire le nécessaire pour que ce procès historique se tienne à fin de mettre fin à toutes les supputations. Dans cette affaire, des langues commencent à se délier sur la capacité de la justice malienne à vider les dossiers. Et pourtant, le Président de la République n’est pas allé avec le dos de la cuillère en mettant les magistrats face à leur responsabilité au cours de l’interview radiotélévisée qu’il a accordée à l’Ortm et à Africable TV à la faveur de la commémoration de ses deux ans à la tête du Mali.
A l’en croire, depuis sa prise de pouvoir, il ne s’est jamais ingéré dans aucune procédure judiciaire ou appelé un magistrat pour dire quoi que ce soit sur une affaire pendante.
Ainsi, par ce fait, IBK se veut respectueux du principe de la séparation des pouvoirs qui consacre l’indépendance de la Magistrature face aux pouvoirs Exécutif et Législatif. Il revient dès lors à l’administration judiciaire dans son ensemble de se hisser à hauteur de mission en s’acquittant de son devoir en vers la République.
Bannir la lourdeur dans la chaîne pénale est une nécessité absolue
Il est de notoriété publique que la plupart de nos centres pénitentiaires sont bourrés de prisonniers qui attendent impatiemment leurs jugements. Mais à cause de la lourdeur et la lenteur dans les procédures judicaires, beaucoup croupissent plus de temps en prison parce que les conditions ne sont pas réunie. Il faut le dire, l’institution judiciaire de notre pays est gravement atteinte et nécessite des reformes courageuses. Pour s’en convaincre, il suffit simplement de faire un tour dans un tribunal.
Le fonctionnement de l’appareil judiciaire de notre pays est rythmé par des renvois incessants de jugements.
Dans la plupart des cas, les justiciables quittent le prétoire mecontent du jugement rendu par les juges. Et ce, à cause du règne de la corruption, du clientélisme qui a gangréné l’appareil judiciaire. Et pourtant, la reforme judiciaire fait partie d’une panoplie d’engagements que le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta entendait mettre en œuvre. Il nous revient de sources dignes de foi que des reformes tant attendues sont en cours et en bonne voie.
De toute évidence, il s’avère nécessaire de bannir la lourdeur paralysante de l’administration judiciaire. Il faut le dire sans risque de se tromper, la justice est la seule institution républicaine, quand elle fonctionne normalement, elle pourrait tirer la société vers le haut. Donc, les magistrats se doivent d’être irréprochables dans l’exercice de leur fonction.
Lorsque le juge fait entorse à la loi, c’est la société qui en souffrira. Comme dirait l’écrivain Francisco de Quevedo dans son ouvrage intitulé ‘’la politique de Dieu et le Gouvernement du christ’’ «les délinquants font moins de mal qu’un mauvais juge».
Boubacar SIDIBE