EUTM Mali, 1 an après : où en sommes-nous ?

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EUTM
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Déployée depuis le 18 février 2013, la Mission européenne de formation de l’armée malienne (Eutm) a pour mandat «de contribuer à restaurer les capacités militaires des Forces armées maliennes (Fama). L’objectif était de former des bataillons qui puissent être engagés face aux jihadistes dans le Nord. Au vu des résultats, cette mission se dirige vers un succès. Elle a déjà formé quatre bataillons dont trois ont été déployés dans le Nord du Mali.

 

 

Les résultats sont positifs, entend-on dire du côté des Européens. Et on n’hésite plus à dire que les bataillons formés sont tout à fait capables de remplir les missions pour lesquelles ils ont été formés. Il faut signaler que le principe qui fait, d’une certaine façon, le succès d’Eutm, ce n’est pas former des individus, mais un ensemble. En effet, «Nous ne formons pas des soldats individuels, mais des unités militaires, aux ordres de leurs chefs, pour remplir des missions», selon un général européen ayant dirigé cette mission. Et d’ajouter : «Nous avons insisté de conserver les bataillons groupés pendant et après le déploiement opérationnel».

 

 

 

À ce jour, tout semble fonctionner comme prévu, à en juger aux liens forts qui se sont créés entre l’armée malienne et leurs encadreurs européens. «Des liens forts se sont créés avec l’armée malienne. D’abord parce qu’ils sont compétents. Ensuite, ce sont des hommes fiers et ils ont compris qu’on est là pour les aider. Ils nous donnent leur plein appui. Et c’est valable à toutes les échelles. Les soldats maliens, l’armée malienne en général, regardent les GTIA formés (NDLR : groupements tactiques interarmes) et voient la différence avec les autres unités. Tous demandent à bénéficier de la formation», atteste le général européen.

 

Si au départ des appréhensions fusaient sur la durée de la formation, ceci semble avoir été compensé par un ratio inédit entraîneurs-élèves, soit 200 entraîneurs pour 700 élèves. Pour le général Guibert, douze semaines de formations pour chacun des bataillons, c’est suffisant. «Douze semaines, c’est déjà beaucoup pour une armée malienne qui a perdu l’habitude de s’entraîner dans les années passées. De plus, nous avons une force de frappe remarquable : 200 entraîneurs européens encadrent 700 élèves. Je crois qu’aucune armée au monde ne peut se targuer d’avoir ce ratio». De son point de vue, les premiers résultats sont positifs. «Les bataillons Sigui et Elou obtiennent d’excellents résultats, notamment dans la lutte contre les IED. Les équipes spécialisées de Elou ont fait un travail incroyable dans le repérage et la destruction de ces engins…».

 

 

Fait tout aussi remarquable à l’actif de l’Eutm, c’est la composition hybride des bataillons. Ceux-ci qui sont composés d’éléments du Sud et du Nord. Un bémol cependant, les différents bataillons sont majoritairement composés de gens venant du Sud, même si le bataillon Elou compte 30% de Tamashek. Pour les bataillons Sigui et Balanzan, les proportions sont beaucoup moindres. La raison est qu’il y a un nombre élevé de jeunes recrues qui viennent des bassins de vie, localisés dans le Sud. Au-delà de tout cela, il s’agit avant tout de Maliens qui vivent ensemble depuis des siècles.

 

 

Par ailleurs, l’enjeu fondamental pour les bataillons formés, une fois déployés sur le terrain, était de gagner les cœurs des populations. Dans ce sens, le bataillon Waraba, le premier formé par les Européens, est aussi le premier à avoir été déployé dans le Nord du pays. «Une des principales difficultés de Waraba a été de faire face à la population, hostile au retour de l’armée malienne. Mais, les militaires ont compris qu’ils doivent gagner les cœurs des populations pour que leur mission soit un succès», explique le général Guibert. De fait, la formation en droit humanitaire international donnée par Eutm Mali a permis «d’améliorer le comportement des soldats, qui n’ont jamais été instruits ou entraînés pour les situations qu’ils rencontrent dans le Nord. Avec notre apprentissage, ils ont acquis les bons réflexes et n’en sont pas réduits à utiliser leurs armes tout de suite. Avec les bataillons suivants, les résultats sont là. La tension a diminué».

 

 

On notera que la situation demeure toujours confuse dans le Nord. Pour ne pas dire que la situation y reste tendue et volatile, mais globalement stabilisée. Les groupes jihadistes ont été désorganisés, mais ils essayent constamment de se réorganiser pour lutter. La difficulté majeure est aujourd’hui la confusion entre les groupes terroristes et les groupes armés…

 

 

Les autorités maliennes devraient s’atteler à régler le problème sécuritaire et conduire les réformes internes nécessaires, au moment où l’armée malienne semble être revenue dans le match et avoir retrouvé la confiance en elle, qu’elle avait perdue.

 

Issiaka SISSOKO, avec B2

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