Equipement de l’armée en matériel roulant : Le ministre de la Défense serait-il plutôt intéressé par le marché ?

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L’affaire du marché de véhicules de l’armée continue de susciter beaucoup d’interrogations. Les explications fournies par l’Amrtp pour son implication dans cette affaire prouvent  que le  ministre de la Défense, Yamoussa Camara, est plutôt intéressé par le marché que par  l’équipement de l’armée.

Le Général Yamoussa Camara
Le Général Yamoussa Camara

L’implication de l’Autorité malienne de régulation des télécommunications/Tic et des Postes (Amrtp), dans la passation d’un marché de l’armée, laissait planer des questionnements. Ainsi, l’entretien qu’on a eu avec les services techniques de l’Amrtp permet de comprendre que ladite structure n’a conclu aucun marché avec qui que ce soit. Elle a plutôt négocié les éléments d’appréciation du marché de la fourniture de matériels roulants à l’armée. Selon les explications des agents techniques, l’Amrtp s’attendait à des félicitations de la part du gouvernement et du peuple malien.  Car, selon son service de communication, c’est suite à l’appel à la mobilisation générale lancé par le président de la République que le premier responsable de l’Amrtp, Choguel Kogala Maïga, a répondu favorablement à cet appel. Ainsi, dit-il, il a mis à la disposition du gouvernement, dans le cadre de l’équipement de l’armée, le fonds d’accès universel aux réseaux dans les zones non desservies, mis en place par Orange et Sotelma qui s’élève à 8,9 milliards de nos francs.

A en croire un des hauts responsables de l’Amrtp, l’annonce de la mise à disposition de cette somme à l’armée avait  fait baisser la tension au front. Car, les combattants s’attendaient à des matériels roulants à suffisance. Ainsi, l’Amrtp a été chargée de  négocier les éléments d’appréciation avec un fournisseur dans l’urgence. L’élément principal était le délai. L’Amrtp a négocié avec un fournisseur et obtenu un résultat favorable pour le Mali.  Pour  ce genre de marchés, certains proposent  un délai de 3 à 4 mois. Mais, pour un délai de 30 jours proposé par le fournisseur, l’Autorité de régulation a pu ramener ce délai  à 20 jours, compte tenu de l’urgence de la situation.  Il a également obtenu du fournisseur un prix inégalé. Au lieu de 33 millions Fcfa par véhicule, ils on conclu le marché à 31 millions Fcfa par véhicule. Ce qui fait une économie d’un demi-milliard de francs Cfa sur l’ensemble des 200 véhicules 4×4 et les citernes.  En plus, l’importateur a fourni des garanties bancaires et de service après vente pour une année.

Aux dires de nos interlocuteurs, suite à ces négociations, l’Amrtp a soumis le dossier à l’appréciation de la Direction générale des marchés publics. Celle-ci a, à son tour, approuvé le dossier avant de l’envoyer au Ministère de l’Economie et des finances. Ce dernier a aussi apprécié le dossier avant de l’introduire dans le circuit gouvernemental. C’est-à-dire au Conseil des ministres. Voilà, le rôle qu’a joué l’Amrtp dans cette affaire. «Nous sommes surpris d’entendre dire que nous avons passé un marché de véhicule. Notre structure n’est pas habilitée à faire cela. Même chez nous, si nous avons besoin  d’un marché de plus d’1 milliard, notre dossier est obligé de passer par la Direction générale des marchés publics et au Conseil des ministres. Dans cette affaire de véhicules, le contrat relatif au marché n’était pas encore conclu. C’est à la suite de l’approbation du dossier au Conseil des ministres qu’on peut parler de la conclusion du contrat», précise un autre interlocuteur.

Vu l’urgence pour l’obtention de ces engins, après l’aval du ministre de l’Economie et des finances, en collaboration avec le ministère de la Défense, l’opérateur économique a pris le devant pour respecter son délai. Il a demandé au Département de la Défense d’exprimer ses besoins et les caractéristiques des engins avant de passer la commande à Amsterdam en Hollande. Et le chef d’état-major général des armées, le général de brigade Ibrahima Dahirou Dembélé, s’est exécuté dans une correspondance qui précise qu’il s’agissait de 10 camions citernes (33m3), 10 camions citernes (18m3), 10 ambulances Toyota Land Cruiser Standard et 200 pickup.

Arrivé sur place à Amsterdam, l’opérateur économique, dans le souci de transparence et de ne pas perdre son argent,  a tenu à ce que des spécialistes de l’armée inspectent les engins avant leur embarcation. Selon nos sources, le général  Ibrahima Dahirou Dembélé  a désigné trois officiers et  l’a fait savoir à son supérieur hiérarchique, en l’occurrence le ministre de la Défense et des anciens combattants, à travers un courrier daté du 4 mars 2013.

Discordance entre le Ministère de la Défense et le chef d’état-major général

Les officiers désignés étaient le commandant Mamourou Togo (Dfm/Mdac), le capitaine Adama Maïga (Dmhta) et le lieutenant Sidy Coulibaly (Dmhta).  Pour sa part, le ministre de l’Economie, Tiénan Coulibaly, a affirmé qu’il a toujours informé le président de la République et le chef du gouvernement, Diango Cissoko, de l’évolution de ce marché.

Soucieux de ses intérêts personnels, quelques jours avant la mission à Amsterdam, le ministre de la Défense, le général Yamoussa Camara, a fait passer un communiqué  sibyllin  à la télévision nationale, le 22 mars dernier. Ledit communiqué était ainsi libellé : «Le ministère de la Défense et des Anciens Combattants porte à la connaissance de l’opinion publique nationale que des informations récurrentes font état d’une commande de véhicules à réaliser sur les fonds mis à disposition par les opérateurs de téléphonie mobile au profit des Forces armées. Des procédures administratives avaient été engagées, sans concertation avec le département de la Défense, qui est en attente d’un lot important de véhicules du même type. Les fonds en question sont utilisés pour acquérir d’autres moyens complémentaires et assurer le renforcement des capacités opérationnelles des troupes». Ainsi, le Premier ministre a annulé l’achat de ces engins pour passer un marché de 55 véhicules par entente directe avec la Cfao Motors. Mais cette fois-ci, pour la Présidence, la Primature et la Commission dialogue et réconciliation. Soulignons que la marque Toyota NZJ 79, facturée à trente trois millions cent mille (33.100.000Fcfa) par Cfao Motors était facturée à 31 millions Fcfa par l’opérateur à qui on a retiré le marché de véhicules de l’armée. Soit une différence de 2.100.000Fcfa.

De toutes les façons, l’Amrtp s’est lavée les mains de cette affaire. Toujours sous l’autorité du Gouvernement, suite à l’annulation du marché, elle a versé les 8,9millirads dans un compte spécial. Et attend que ladite somme soit utilisée à bon escient.

Les questions que tout le monde se pose sont les suivantes : où est la commande que le Ministre Yamoussa a passée ? Faut-il attendre éternellement sa commande ?

En attendant, nos vaillants soldats resteront cloués à Gao en train d’emprunter les 4×4 de leurs frères d’armes tchadiens et des ex-narcotrafiquants pour faire les patrouilles. Souvent, ils le font à moto ou à pieds. Qui disait encore qu’il a fait le coup d’Etat pour que l’on donne des moyens à l’armée ? Affaire à suivre

Oumar KONATE  

 

 

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1 commentaire

  1. armpt, ah la qualité nous intéresse pas selma le delai et le nombre des vehicule: kels véhicules pour kels couts? voilà
    fo pas ns blofer, on sait ki est choguel koukala

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