Entre Sanogo et la Cedeao…: Le bras de fer persiste

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Un membre de la délégation de la junte militaire malienne au pouvoir salue Blaise Compaoré (D), le président burkinabè. Photo prise à Ouagadougou le 14 avril 2012. AFP

Une seule heure de plus ne sera ajoutée aux quarante (40) jours de la période intérimaire; aucune force étrangère ne posera non plus le pied sur le sol malien. C’est en substance le défi lancé aux chefs d’Etat de la sous-région par le Capitaine Amadou H. Sanogo, aussitôt après leur Sommet Extraordinaire tenu à Abidjan et assorti de décisions contrariantes pour les visées ‘pouvoiristes’ de la junte du 22 Mars 2012. C’est dire que le message et l’intention des putschistes sont clairs comme l’eau de roche : dans leur entendement, la gestion de la transition, tout comme sa durée, contrairement aux indications dudit sommet qui les fixe à 12 mois au profit du président intérimaire, restent encore à définir et ne saurait en aucun cas être tranchée postérieurement à l’expédition des FAC (Forces en Attente de la CEDEAO).

 

Le coup de colère de la junte n’est pas tombé dans une oreille de sourds. Et pour cause, à l’ouverture déjà du Sommet Extraordinaire de Dakar, le jeudi 30 Avril dernier, le ton avait été donné dans les discours d’orientation du président en exercice et du président de la Commission de la CEDEAO. Ils ont chacun retenu et mentionné la défiance qui caractérise l’attitude des putschistes maliens à l’égard de l’institution sous-régionale, une défiance qui s’est manifestée tant par sa réaction officielle aux décisions supranationales que par le biais d’une utilisation abondante des canaux médiatiques pour des manœuvres de manipulation et d’intoxication de l’opinion malienne contre l’organisation supranationale.

C’est dans cette optique, par exemple, que l’offensive des commandos parachutistes contre la caserne de Kati a été présentée comme le fait de mercenaires en mission de la CEDEAO. Cette même institution sous-régionale est par ailleurs accusée d’avoir agi en violation de l’accord-cadre lorsqu’elle fixe unilatéralement la durée de la transition.

Mais la CEDEAO, selon toute évidence, n’a l’air de reculer d’un pouce sur les questions qui font l’objet d’un malentendu entre elle et la junte putschiste malienne. Certes, sa réaction ne s’est pas exprimée de façon aussi bruyante que l’autre protagoniste, mais sa fermeté sur l’effectivité d’un retour à l’ordre constitutionnel – ainsi que sur l’irrévocabilité de ses décisions antérieures y afférentes – ne souffre d’aucune ambigüité. En atteste ce communiqué final (ci-contre) dans l’esprit duquel aucun pont n’est perceptible entre les périodes intérimaires et transitoires, pas plus qu’il n’existe dans l’entendement des chefs d’Etat d’organes de transition autres que les pouvoirs légitimes en place.

La CEDEAO s’est montrée tout aussi ferme sur les agissements d’une junte qu’elle continue de mettre en garde, menace de sanctions ciblées à l’appui,  contre toute tentative d’obstruer l’action desdits pouvoirs de transition, allusion faite sans doute au refus quasi explicite de l’armée malienne de transmettre le pouvoir conformément à ses engagements de l’accord-cadre.

Parallèlement au conclave de haut niveau à Dakar, la question malienne est encore au centre de pourparlers entre le Médiateur de la CEDEAO, en l’occurrence le président burkinabè Blaise Compaoré, et le CNRDRE. Les parties ont en effet repris langue après le malentendu consécutif au sommet d’Abidjan, dans le but notamment de tirer au clair les tenants et aboutissants du même accord-cadre arrêté de commun accord dans le cadre du processus de rétablissement de l’ordre constitutionnel.

Mais force est d’admettre que l’absence à ce jour encore d’un compromis et d’une convergence de vue autour du contenu du document laisse présager un épaississement des barrières d’incompatibilité sur l’essentiel. Comme quoi, le bras de fer entre le CNRDRE et la CEDEAO demeure pour l’heure sans issue et suspendu à l’attitude qui prévaudra d’ici à la fin de la tranche intérimaire de la transition. Une heure de vérité attendue avec impatience par les observateurs de la nouvelle scène politique malienne, parce qu’il s’agit d’un tournant décisif dans l’histoire démocratique du pays, et déterminante dans le dénouement du sort tragique qui s’acharne sur le Mali depuis un certain 22 Mars 2012.

 

A.Keïta

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 COMMENTAIRES

  1. je crois les militaires sont des patriotes et inteligents avec tout ce qui s est passe dans pays les maliens ne peuvent plus supporter une autre crise surtout si c est pour le pouvoir.Aussi ils comprennent que seuls les compris pourront les sortir de crise. l objectif designe est bien le nord et le nord.Je ne sais pas si ma lecture de la situation est juste mais je suis presque convaincu que SANOGO ecoutera tout ce beau monde.Maintenant,il s agit de lui donner suffisamment de garantie avec ses camarades pour leur securite.ils ont compris le message c est sur….

  2. Au cours de cet entretien il a dit entre autres qu’il est un honnête homme, qu’il fait ce qu’il dit et non l’inverse. Qu’il s’en ira lorsque ses hommes, ses soldats, auront tout ce qu’il leur a promis et qu’il était maintenant temps, au 21ème siècle, de cesser d’appeler ménagères leurs épouses qui doivent pouvoir apporter leur pierre à l’édification nationale, à travers des activités économiques.

    Vous vous rappelez chers lecteurs que le 22 mars à 4h 50 mn, à la télévision nationale il avait dit que le régime du président ATT a été renversé pour incompétence dans la gestion des problèmes du Nord (au sujet desquels son gouvernement n’a rien entrepris), que l’incertitude pesait sur les élections générales, qu’il avait pèle mêle invoqué la corruption, la cherté de la vie et la paralysie de l’école malienne.

    Depuis j’ai décidé de suivre l’homme à la trace afin de savoir s’il correspond au fil des actes posés à l’image qu’il a voulu nous donner de sa personne.

    Aussi, je suis à l’aise aujourd’hui de dire, après enquêtes et recoupements de nombreux éléments, que le Capitaine est un officier qui ne tient pas parole.

    Aussi, à propos du Nord, nous avons constaté plutôt la dégradation de la situation depuis son arrivée ; car coup sur coup, les villes majeures que sont Kidal, Gao et Tombouctou sont tombées alors que la rébellion n’avait nullement fait mystère de sa volonté d’accentuer son avantage à la suite de son forfait. Elle l’avait annoncée sur France 24, RFI mais le Capitaine n’a pu le circonscrire.

    Mieux, à la suite de la pression des femmes du Camp de Kati lors de l’attaque de Gao, il a ordonné à nos soldats de décrocher et la ville de Gao est tombée sans combattre.

    Le combat de principe

    Mon Capitaine, le combat du journal Aurore fondé en 1990 est un combat de principe, celui de la défense de la démocratie. C’est pourquoi en compagnie des Echos et de la Roue il a livré un combat implacable contre le Général Moussa TRAORE, jusqu’à sa chute le 26 mars 1991 qui quoiqu’il arrive sera à jamais le jour de la libération de la parole dont vous avez entrepris la confiscation, depuis le 22 mars 2012.

    En effet, depuis ce jour, toutes les déclarations politiques de citoyens maliens, qui ne sont pas en votre faveur, ne passent plus à la télévision nationale qui fonctionne grâce à nos impôts à tous.

    Les armes et engins de mort que vous utilisez contre le peuple sont acquis grâce à ces impôts. Donc à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

    Est-ce là votre façon de redresser la démocratie ? En tout cas, sous ATT chacun s’exprimait, y compris Oumar MARIKO qui était son adversaire le plus virulent.

    Mon Capitaine, pourquoi vous, qui êtes si compétent, continuez de vous appuyer sur les officiers supérieurs que » l’incompétent » avait choisis pour faire face aux problèmes du Nord, je veux parler des Colonels Major Oud Meidou, El Hadji Gamou et du Colonel Didier Dakouo que vos hommes ont humilié à Gao. Si Oud Meidou a refusé de combattre pour vous parce que vous l’avez sollicité, Gamou et Didier Dakouo sont encore, par contre, toujours mobilisés par vos soins.

    Il faut que le peuple le sache. Vous ne faites donc pas mieux qu’ATT sur ce plan. Au contraire la rébellion vous a infligé un camouflet, vous qui avez dit avec panache être venu pour régler le problème du Nord, alors que,, tous les observateurs avertis le savent, un cessez le feu unilatéral était observé par les rebelles depuis la chute de Tessalit, dans l’attente des conclusions de C

  3. C’est ça aussi la Démocratie. Il me semble que M.A KEITA, journaliste qu’il est, n’a même pas lu les deux Communiqués des SECCG de la CEDEAO du 26/04/2012 et du 03/05/2012. Sinon il aurait pu redresser son article. Si par exemple on vous parle de déploiement immédiat de FAC dans un Communiqué et dans un second on dit qu’on fera un déploiement immédiat de FAC dès que le Gouvernement le demande, je pense que toute personne avertie de la scène diplomatique internationale doit se rendre compte qu’on ne dit pas la même chose différemment. Alors Démocratiser vous M. KEITA, en vous instruisant. Car pour un pays assez pauvre comme le Mali, la ressource humaine de qualité doit être la clé du développement.

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