Enfin une feuille de route pour le gouvernement : Pas de répit pour le Premier ministre

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Après avoir réglé l’épineuse question de l’élection d’un président à la tête de leur Commission, les chefs d’Etat de l’Union africaine ont planché, entre autres, sur la crise sécuritaire, institutionnelle et politique au Mali. L’organisation panafricaine a abondé dans le même sens que celle sous-régionale, la Cédéao, qui exige un gouvernement d’union nationale. Suspendu, le Mali n’a pas été invité au sommet. En revanche, son Premier ministre, pour une fois, a daigné se rappeler qu’il n’est que chef du gouvernement, qu’il n’est plus censé avoir les pleins pouvoirs depuis la fin de la période d’intérim, et qu’il existe un président de la République, même si celui-ci a été investi au mépris de la loi.

Le Premier Ministre, Dr Cheick Modibo Diarra

Condescendant et comme revenu de sa chère planète Mars, Cheick Modibo Diarra a bien voulu aller jusqu’en France consulter Dioncounda Traoré, terré à Paris depuis son agression, le 21 mai.
Dès son retour à Bamako, le chef du gouvernement a revêtu ses atours de chef d’Etat pour faire sur les ondes des médias d’Etat «un message à la nation», exercice traditionnellement réservé au président de la République. Et c’est en cette qualité que le Martien fera le tour des grandes questions de l’heure.
Tout au long de ce message, Cheick Modibo Diarra n’a cesé d’appeler Dioncounda Traoré «président par intérim», lui déniant le titre de président de la transition. Il a annoncé également que c’est seulement après près de trois mois que le gouvernement a enfin une feuille de route. Depuis sa nomination, le Martien se serait dépensé dans
un «long périple» au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo, en Algérie, en Mauritanie au Niger, au Sénégal et en France. Dans ces pays, il a naturellement été question de la crise au Mali, des voies et moyens pour le libérer des groupes armés dans le nord. Aux dires de Cheick Modibo Diarra, le colonel Gamou, qui a reçu ses encouragements à Niamey, pourrait être un de ces moyens. Lui et ses hommes ont renouvelé leur attachement à l’armée loyale.
Les résultats de ces nombreux voyages, le chef du gouvernement en a réservé la primeur au président de la République par «intérim» dont l’état de santé serait satisfaisant. Dioncounda Traoré aurait «un moral d’acier et une irrésistible envie de rentrer au pays». Et pour cela, le gouvernement serait en train de créer les «meilleures conditions» pour sa protection à son retour.
En plus de beaucoup voyager, Cheick Modibo Diarra s’est attaché à l’adoption des mesures visant à apaiser les tensions sociales à travers divers projets de lois soumis à l’Assemblée nationale et à enclencher le dialogue avec les forces vives de la nation. Aussi, il aurait rencontré la classe politique et la société civile pour étudier «les moyens de relever les défis de la Transition et leur faire part » de son intention de constituer un organe consultatif qui servira de cadre de dialogue. «Cet organe qui regrouperait des représentants des Partis politiques, de la société civile, des dignitaires religieux, des opérateurs économiques, des représentants des forces armées et de sécurité, serait le lieu d’échanges réguliers avec le Gouvernement sur la marche de la Transition, notamment la restauration de l’intégrité territoriale et l’organisation d’élections libres transparentes et crédibles».
Le chef du gouvernement de la transition annonce que les forces vives, dans les jours à venir, seront conviées à «un forum d’échange sur les grandes préoccupations de la nation».
La campagne agricole 2012-2013 n’est pas oubliée. Ainsi, le Gouvernement aurait subventionné les semences et les intrants pour «sauver la campagne en cours et éviter une nouvelle crise alimentaire  l’an prochain». Il a aussi procédé au paiement aux fournisseurs d’engrais, des arriérés dus par l’Etat au titre des campagnes 2010 et 2011.
Bénéficiant particulièrement d’un département, l’action humanitaire a consisté, selon le PM, à l’acheminement et à la distribution de vivres, de médicaments, de moustiquaires imprégnées aux Maliens déplacés, aux populations restées au Nord et à celles des communes déficitaires dans le sud du pays.
«En ce qui concerne le front social, malgré le contexte économique précaire, le Gouvernement paie régulièrement et à temps les salaires des travailleurs. Les services de santé et les hôpitaux fonctionnent normalement. Les fournitures d’eau et d’électricité sont assurées correctement».
De même que sur le front scolaire où les cours et examens se sont déroulés normalement.
Aucun citoyen ne doit se croire au dessus de la loi. C’est Cheick Modibo Diarra qui l’affirme. «A cet effet, les enquêtes relatives à l’agression du Président Dioncounda Traoré se poursuivent normalement et les auteurs, commanditaires, et complices, quels qu’ils soient, où qu’ils se trouvent, seront poursuivis et traduits devant les tribunaux ». Avant de «déplorer et condamner» l’agression de certains journalistes. A ses dires, des «instructions fermes ont été données pour que les auteurs de ces forfaits ignobles soient recherchés et livrés à la justice».
C’est après tout ce laïus que, constatant que les tensions baissent d’intensité entre les acteurs politiques, le PM évoque la formation d’un gouvernement d’union nationale afin de mettre ensemble les talents et les engagements de toutes les parties concernées, et «réconcilier le Mali avec sa grandeur faite de dignité et d’unité».
Quant à la reconquête du nord, elle ne sera évoquée qu’à la fin du discours. Le gouvernement serait prêt pour la négociation avec la participation de toutes les communautés du nord, mais se préparerait également à l’option militaire. «La réorganisation de la chaîne de commandement, l’équipement et la formation des hommes ainsi que la prise de mesures pour la motivation des troupes sont en cours ».
Pour ce faire, le Mali «souhaite l’assistance multiforme pour libérer le Septentrion. Le Mali veut l’appui des pays amis pour aider à la restructuration de son armée pour que cette armée soit mieux outillée dans l’accomplissement de ses tâches régaliennes. Partout la réponse a été la même : les pays apporteront leur soutien au Mali en fonction de leurs moyens ou conformément à leur législation nationale».
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) a donné le ton avec l’envoi d’une mission d’experts militaires à Bamako. «Nous attendons impatiemment leurs propositions pour nous permettre de faire une requête en vue de poursuivre la mobilisation de nos autres partenaires d’Afrique et du reste du monde en termes de besoins adaptés aux ambitions communes».
Parce que ce qui se passe au nord «est une affaire nationale, ouest-africaine, africaine et même mondiale».
Cheick Tandina

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2 COMMENTAIRES

  1. Dites moi, où est passée la maîtresse du Premier Ministre? Elle n’apparait plus à la télé? Etait elle à la marche des journalistes au moins?

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