En réaction à la mutinerie de Kati, IBK décrète La dissolution du Comité militaire de suivi de réformes des forces armées et de sécurité

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“Que la hiérarchie prévale désormais, Que les chefs militaires s’assument, Que la chaîne de commandement se fasse obéïr ou qu’elle avoue son impuissance

La junte  (photo arcihive)
La junte (photo arcihive)

Le lundi 30 septembre dernier, une trentaine de soldats proches de l’ex-putschiste, le Lieutenant Amadou Konaré, ont organisé une descente musclée sur le Qg du Général Amadou Haya Sanogo à Kati, tirant en l’air des coups de feu. Puis, ils se saisirent comme otage du directeur de cabinet du général Amadou Haya Sanogo, le Lieutenant-colonel Mohamed Habib Diallo après lui avoir tiré deux balles au pied et à la jambe. Les griefs évoqués par ces mutins pour justifier leur action d’éclat portent sur des réclamations de droits concernant la promotion au grade supérieur, le payement des primes en retard promises par le général Sanogo, etc…

C’est tard dans la nuit du lundi au mardi, selon certaines sources, que “les mutins et le Ministre de la Défense du Mali, Soumeylou Boubèye Maïga, ont tenu une réunion lors de laquelle ils ont signé un document pour observer une trêve de 48 heures, en attendant le retour au pays du président IBK, à qui revient le dernier mot”. Le document “prévoit le dépôt des armes”. Cette réunion entre les mutins et le Ministre de la Défense s’est déroulée en présence du Général Amadou Haya Sanogo.

Dans la journée du mardi que le Lieutenant-colonel Mohamed Habib Diallo a recouvré la liberté, après que le Ministère de la Défense et la hiérarchie militaire aient engagé des négociations avec les mutins qui l’avaient enlevé.
Ces évènements se sont produits alors que le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta était en déplacement à l’étranger, aux Usa où se tenait la 68ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies et en France, pour une visite officielle.

Ces évènements de Kati, ajouté aux attentats perpétrés à Kidal et à Tombouctou, ont amené le président Ibrahim Boubacar Kéïta à écourter son sejour français et à rentrer au pays.

UN DISCOURS À LA NATION FERME ET RASSURANT
Le Chef de l’État a lui-même confirmé ce coup d’arrêt brusque donné à son séjour parisien au cours du discours à la ntaion qu’il a prononcé hier soir. Ce discours, prononcé sur un ton solennel, a dégagé le ton de fermeté que les Maliens attendaient depuis la survenue des évènements de ces derniers jours.

En effet, les évènements de Kati ont replongé le pays dans l’incertitude, les Maliens ayant encore en mémoire que ce sont des faits similaires qui ont débouché sur le putsch militaire du 22 mars 2012 et la grave crise institutionnelle dont le pays a souffert. C’est dire que chacun attendait donc le retour du président IBK.

Celui-ci a bien servi les compatriotes, en disant les propos qu’il fallait dire. Nous avons retenu quelques uns, qui feront certainement date dans l’histoire de ce quinquennat que le président IBK aborde dans de nombreuses difficultés.

D’abord, le président de la République a informé ses compatriotes que “les investigations sont en cours sur les raisons et les acteurs de cette gifle à la nation”.  En usant du terme de “gifle à la nation” pour qualifier la mutinerie de Kati, le président IBK a traduit le ressenti vécu par les Maliens dans les journées du lundi 30 septembre et mardi 1 octobre 2013. Une situation contre  laquelle le président de la République s’élève avec autorité et dit haut et fort: “Je ne saurai tolérer l’indiscipline et l’anarchie, en aucun cas, en aucun cas !”.

Au-delà de l’expression de son indignation, le président Ibrahim Boubacar Kéïta a pris la décision de renvoyer les militaires à deux concepts essentiels de base, qui font la force de toute armée: la discipline et le respect de la hiérarchie. Ainsi, le chef de l’État a décidé de la  dssolution du Comité Militaire de Suivi de Réformes des Forces Armées et de Sécurité. Ce machin dont la création avait été encouragée par l’accord-cadre signé entre l’ex-junte militaire et la Cedeao, aux lendemains du coup d’État du 22 mars 2012.

Dès sa création, le Comité Militaire de Suivi de Réformes des Forces Armées et de Sécurité a été perçu comme une sorte de substitution officielle à la structure que la junte avait elle-même créée: le Comité National de Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’État (Cnrdre). Surtout que le chef des militaires putschistes, le Capitaine Amadou haya Sanogo, fut bombardé comme le président du Comité Militaire de Suivi de Réformes des Forces Armées et de Sécurité. Aussi lui fut-il accordé un traitement mensuel (salaire, primes et autres) de plus de 4 millions de francs Cfa.

A quelques jours de la fin de la transition, l’opinion avait été informée de la démission du désormais général Amadou Haya Sanogo de ses fonctions de président du Comité Militaire de Suivi de Réformes des Forces Armées et de Sécurité. Il était donc temps que cette structure qui était de fait la “vraie” hiérarchie militaire disparaisse du paysage. Et c’est ce que le président IBK a décidé hier. “J’ai d’ailleurs instruit au gouvernement de procéder sans délai à la liquidation des comptes et à l’établissement du procès-verbal de dissolution du comité militaire de suivi de réformes des forces armées et de sécurité, que la hiérarchie prévale désormais, que les chefs militaires s’assument, que la chaîne de commandement se fasse obéïr ou qu’elle avoue son impuissance et alors j‘aviserai”, a déclaré le hef de l’État dans son discours à la nation.

LES PROPOS DE LA VEILLE
Avant ce discours, le président Ibrahim Boubacar Kéïta s’était déjà prononcé sur cette mutinerie de Kati, quelques heures auparavant. En effet, Mardi soir, à sa descente d’avion en provenance de la France, le président Ibrahim Boubacar Kéïta avait déclaré que la mutinerie au niveau du camp militaire de Kati “…est une question interne malienne qui sera réglée au niveau du Mali. … il y a le Gouvernement, l’état-major général des armées, les chefs des corps…. C’est à ces niveaux là que les problèmes seront désormais réglés.

Je voudrais simplement dire ceci, avec la plus grande fermeté : il est temps que certains comprennent qu’on ne leur donne pas les armes pour qu’ils s’en servent pour leurs intérêts personnels, mais pour servir la République.”
Cela sera absolument de mise dorénavant. Ce sera la responsabilité des chefs militaires de faire respecter la discipline au sein des forces armées. Il faut de la discipline au sein de l’armée, une armée au service de la République. Moi j’ai pris l’engagement lors de la campagne de reformer l’armée et de la mettre dans les conditions idoines de services, conditions sociales, conditions économiques, etc. En retour, je veux une armée disciplinée, une armée à la hauteur de ce qu’est le Mali, une armée à la hauteur de l’estime fabuleuse que le monde entier porte au Mali aujourd’hui…”
Au-delà  des mesures annoncées hier soir, des sanctions seront certainement prises contre ceux-là que les investigations en cours vont désigner comme les acteurs de la “gifle” faite à la Nation malienne, lundi dernier.

Baba SANGARÉ

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