Pauvre Afrique ! Pauvre Mali ! Au fur et à mesure que le temps passe, le Mali s’enlise dans l’incertitude. La tempête qui s’est soulevée le 17 janvier 2012 dans le septentrion malien a maintenant couvert tout ce vaste pays de plus de 1,2 million km2 et menace maintenant l’Afrique de l’Ouest tout entière. Face au péril terroriste, au trafic de drogue et d’êtres humains et aux prises d’otages qu’incarnent les groupes islamistes alliés au mouvement terroriste planétaire Al qaïda, face au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui veut mettre fin à l’essence même du Mali en faisant sécession, l’Afrique de l’Ouest se mobilise et se remobilise car ; le drame qui se joue dans le pays de Soundiata Keïta est loin d’être une simple affaire malo-malienne.
C’est un drame de la sous-région, du continent et de la planète. Comme le tour de France qui va de ville en ville, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se réunit d’une capitale à une autre pour trouver les voies et moyens de calmer la situation à Bamako où soldatesques, défenseurs autoproclamés des droits humains, professionnels et amateurs de la chose politique, affabulateurs du mouvement syndical et autres experts de la physique des astres se disputent le pouvoir laissé vacant par un général parachutiste défait dans la nuit du 22 au 23 mars par un groupuscule de « lacrous ».
Oui, les dirigeants ouest africains ont du pain sur la planche, puisqu’ils doivent faire des pieds et des mains non seulement pour stabiliser Bamako mais aussi réussir au Nord par monts et vallées, (advienne que pourra !) pour éviter au continent un 55è Etat. Ainsi, une semaine après le conclave de Yamoussokro, les dirigeants de la CEDEAO, membres du Groupe de contact sur le Mali, se sont à nouveau réunis ce samedi 7 juillet 2012 à Ouagadougou au chevet du Mali. Un autre round dans le long et difficile combat pour la sécurité, la paix et la stabilité au Mali et dans la sous-région.
La semaine dernière à Yamoussoukro, ville natale de Félix Houphouët Boigny, « homme de la paix et de dignité » comme nous chantent les zuglumens, la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO avait entre autres, débouché sur la recommandation suivante : « Rétablir l’intégrité territoriale du Mali, sécuriser les institutions et assister le Mali pour l’organisation d’élection présidentielle juste, transparente et crédible sur la base d’une feuille de route. » Cette claire et sage recommandation est apparue bien difficile à mettre en œuvre. Rétablir l’intégrité territoriale du Mali n’est pas une mince affaire car, il faudrait bien passer par deux options différentes : la force des armes ou la négociation autour d’une table.
Pour la première, tout se passe comme si le temps avait joué en faveur des occupants. Beaucoup ont cru dès la prise de pouvoir par le capitaine Moussa Haya Sanogo et à la suite de ses premières déclarations, qu’une grande offensive allait être lancée pour reconquérir le Nord malien. Mais le temps de se rendre compte que Sanogo et sa bande étaient plus des « diseurs » que des « faiseurs » que le pays a été « portionné ». Ainsi, le sauveur, le « remède » est devenu celui par qui le mal s’est amplifié puisque l’histoire retient désormais que c’est sous la présidence éphémère du capitaine Sanogo (il a fait dix-sept jours au pouvoir) que le Mali a été divisé en deux. Même si on n’est pas encore au stade de la gangrène, force est de reconnaître que sur le terrain, la situation à l’heure actuelle est pire que ce qu’elle était avant l’avènement du capitaine au béret vert.
Les mouvements armés ont un contrôle total de la région septentrionale. Ils y ont créé leur Etat, l’Azawad, imposé leurs lois et leur volonté à une population meurtrie et terrorisée. Et comme nous le redoutions dans un précédent éditorial, les différents groupes n’ont pas mis du temps à se combattre.
L’option du dialogue ne semble pas non plus, contrairement à ce qu’on pourrait penser, être la plus simple, la plus facile. Il est en effet difficile de dialoguer avec un extrémiste, quelqu’un qui a des idées arrêtées et qui est surtout convaincu de détenir le monopole de la vérité ! Et lorsque ce comportement ou cette attitude cache en réalité un objectif inavoué comme celui de favoriser tous les trafics possibles qui se mènent dans le désert, il y a de quoi perdre son latin. Le dialogue est extrêmement difficile avec quelqu’un qui baigne dans les marres boueuses et nauséabondes de la mauvaise foi. Tout comme il est difficile d’aller au combat contre quelqu’un qui n’a pas peur de mourir ou qui souhaite même périr dans l’explosion d’une bombe. Dans un cas comme dans l’autre, la tâche n’est pas aisée pour la CEDEAO.
L’institution sous-régionale a du pain sur la planche. Prendre acte et ne rien faire serait aussi une attitude imprudente, une caution à l’impunité, un coup d’arrêt à la démocratie, à la liberté. Cette option aura assurément de très lourdes conséquences car nul ne sait en réalité ce que cachent ces têtes enturbannées qui déambulent au Nord malien. L’équation malienne est très difficile à résoudre car elle renferme plusieurs inconnues. En Côte d’Ivoire, ce sont deux camps qui s’affrontaient. En pareil cas, la médiation sait quel chemin emprunter. Au Mali par contre, on est dans une espèce de labyrinthe, on est face à un monstre sans queue ni tête. La réalité du jour n’est pas forcement celle du lendemain.
Tapis dans l’ombre, certains n’ont pas encore montré leur vrai visage. Pendant que les mouvements armés se disputent le contrôle des zones conquises, à Bamako, la préoccupation principale ne semble pas être l’intégrité du pays, mais la conquête ou le contrôle du pouvoir. Pendant que la CEDEAO se donne les chances de sauver le pays, à Bamako, des spécialistes du complot usent de leur imagination pour mettre à mal le processus. Ceux-ci privilégient ainsi les intérêts égoïstes au détriment des intérêts du pays. Les calculs politiciens d’abord, le pays ensuite. Et cela tend à démentir l’adage selon lequel les mêmes souffrances unissent mille fois plus que les mêmes joies
Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)
Sidwaya – Burkina Faso – lundi 9 juillet 2012 (via lefaso.net)
Ce journaliste ne sait rien du Mali.
Un gouvernement d’Union nationale organisé par les maliens ? Qui va en assurer le leadership ? Cheick M Diarra compromis et impuissant? Le FDR partisan ? Le MP22 réactionnaire ?…. Je penche vers le Haut Conseil Islamique (2 représentants) allié à l’Eglise (2 représentants et à la Société Civile (2 représentants). Dans les conditions ordinaires, un Premier Ministre de consensus et de plein pouvoir est retenu. Ce dernier consulte une liste de 2 à 3 propositions par parti (plus de 100 au Mali), ou plus logiquement ceux de l’Assemblée Nationale, et avec probablement des membres de la société civile, et forme son gouvernement. Théoriquement la chose est facile puisqu’il n’y a que 2 ministères concernés (l’Armée et les Elections) soutenus par les Finances et la Justice, le reste n’étant que de la figuration. Et ce gouvernement devra dans les 24 heures demander l’appui armé de la CEDEAO. Ce qui ne plaira pas au CNRDRE désormais déplumé. Le plus dur sera d’obliger l’armée malienne, réduite à sa mission régalienne, de se battre, car selon toute vraisemblance elle ne le souhaite pas, ou le fera à reculons. En espérant que les NU financent la guerre…
Belle analyse de la situation.
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