Alors que la ville de Tombouctou est frappée par un attentat avec un véhicule piégé et Kidal secoué par un accrochage entre l’armée malienne et le MNLA, les membres de l’ex-CNRDRE se sont livrés en spectacle au Camp Soundiata à Kati. Pour cause, des sous officiers estiment avoir été trahis dans les nominations aux grades. Accusés d’avoir tiré la couverture sur eux-mêmes en s’attribuant des grades de ” général “, de ” colonel ” et autres, les premiers responsables du comité de suivi de la reforme des forces de défense et de sécurité semblent être les principaux concernés et du coup ont été pris pour cible par les soldats en colère. Ces jeunes soldats armés jusqu’aux dents, tirant des rafales en l’air devant le siège du comité de suivi, ont blessé un Lieutenant Colonel en la personne de Mohamed Habib Diallo. C’était le lundi dernier, 30 septembre.
Dans la matinée de ce lundi, quelques soldats maliens au camp Soundiata à Kati, très mécontents de leur traitement, ont tiré en l’air, blessant un officier proche d’Amadou Haya Sanogo, l’auteur du coup d’Etat du 22 mars 2012 au Mali. De sources concordantes, le général Sanogo, qui a pour lieu de résidence et de travail Kati, n’était toutefois pas sur les lieux où se sont déroulés les incidents. Ce n’est que jusqu’au soir que les tirs avaient cessé en laissant la situation sous une vive tension. Lors du déroulement du théâtre, le directeur de cabinet de Sanogo, le lieutenant colonel Mohamed Habib Diallo a été séquestré et blessé par balle. Selon un homme en uniforme, le lieutenant colonel a été tiré à balle réelle par un jeune soldat de la promotion 2010 du nom de Oumar Ba Kéita. Selon la même source, le jeune soldat après avoir tiré sur son supérieur s’est assis par la suite sans aucune panique au lieu des faits, mais avec des grenades à la ceinture comme pour signifier qu’il est prêt à se sacrifier. A l’arrivée des hommes de garde qui avaient bien voulu l’abattre, l’un parmi eux lui aurait d’abord demandé d’évoquer les raisons qui l’ont poussé à agir ainsi. Et sans hésiter, Oumar Ba Kéita argue grosso modo la trahison des premiers responsables du comité de suivi. C’est ainsi que ceux-ci, après l’avoir écouté, se sont ralliés à ces cotés tout en lui donnant raison, nous a déclaré un autre soldat. Dans un premier temps, le sort de l’officier blessé était confus car malgré son état il a été pris en otage par ses agresseurs avant d’être libéré jusqu’au lendemain du spectacle sous la pression du ministre de la défense et des anciens combattants qui avait refusé tout dialogue avec ces soldats tant que l’otage blessé n’a pas été libéré.
Quant à l’auteur du tir, un militaire joint au téléphone nous a précisé qu’il est gardé par ses alliés au moment où nous mettions sous presse cet article. Selon lui, les soldats qui ont travaillé avec la junte sont mécontents parce qu’ils sont laissés pour compte. Certains d’entre eux étaient au front, ils n’ont pas obtenus de grade. Chose qui nous fait croire qu’il s’agit d’un règlement de compte.
Rappelons que depuis août, plusieurs auteurs du coup d’Etat de mars 2012 ou leurs proches ont été promus à des grades supérieurs parmi lesquels Amadou Haya Sanogo, passé de Capitaine à Général de Corps d’Armée et Moussa Sinko Coulibaly, de Colonel à Général de Brigade. Bien avant, Sanogo avait été nommé à la tête du Comité de suivi de la reforme des forces de défense et de sécurité et Moussa Sinko Coulibaly Ministre en charge de l’Administration territoriale.
La question que nous nous posons à présent est de savoir s’il s’agissait d’une simple mutinerie, dans la mesure où des véhicules 4×4 avec à bord des militaires armés jusqu’aux dents débarquaient au Groupement Mobile de Sécurité (GMS) aux environs de 17 heures dans le but de faire rallier à leur cause les policiers. Malheureusement, ils ont été accueillis par un niet catégorique de la part des policiers. Toujours attaché à la recherche de collaborateurs dans leur aventure, les jeunes soldats se sont dirigés vers le camp de la Garde nationale où il leur a été réservé le même sort. Au même moment, selon un autre militaire de Kati, un BRDM était orienté vers Bamako et un autre vers la ville de Kati. Quelques heures plus tard, tous ces deux engins accompagnés de quelques véhicules 4×4 tout terrain sont descendus à Bamako. Ce n’est que dans la nuit du mercredi que ces engins ont été renvoyés au camp de Kati, et depuis lors tout semble rentré dans l’ordre, en tout cas pour le moment.
Mamadou BALLO