Drame de l’Emia : ‘’Coupables’’, ‘’non coupables’’, tous radiés

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«Un responsable devrait avoir le courage de prendre des mesures impopulaires », disait l’ancien ministre des forces armées et des anciens combattants, feu Boubacar Sada Sy qui a connu un destin tragique au cours d’un accident sur la route de Tienfala. Natié Pleah a-t-il appris par cœur cette pensée de l’un de ses prédécesseurs ? Les sanctions prises suite au drame survenu à l’école militaire inter-arme de Koulikoro (Emia), attestent que Natié Pleah, sans être un disciple de Bouba Sy, a souvent le courage de prendre des mesures qui ne sont pas de nature à plaire à tout le monde. Même si dans ce cas précis, on voit la main du général président ATT, lui-même ancien élève de cette prestigieuse école. Mais ATT et son ministre de la Défense avaient-ils le choix ? Non !

Dans une pareille situation où l’opinion nationale et internationale a été fortement émue par la mort tragique de cinq élèves officiers, on ne pouvait pas chercher à plaire à tout le monde. Il fallait prendre une décision pour situer les responsabilités afin de sanctionner. Ainsi, les enquêtes menées par la sécurité militaire, l’inspection générale des armées et la direction générale de la gendarmerie ont conclu que les élèves officiers sont morts suite à des sévices corporels subis au cours du traditionnel bahutage, pratiqué par les élèves de la 3ème année. Au cours d’un entretien, le directeur des informations et des relations publiques des armées, Colonel Idrissa Traoré, avait reconnu l’existence de cette tradition au sein des forces armées. Mais, avec mort d’hommes, l’officier a estimé qu’il y a eu excès. Donc, il fallait des sanctions. Et des sanctions sont tombées.

Les commandants du Centre d’instruction Boubacar Sada Sy, Colonel Coulibaly et de l’Emia, Colonel Korogho, ont été relevés en même que l’ensemble des instructeurs permanents de l’école. Les instructeurs  qui étaient sur le terrain ce jour-là purgeront soixante jours d’arrêt de forteresse avec traduction devant un conseil d’enquête. L’ensemble des élèves officiers d’active de l’Emia de la 3ème année est radié des Forces armées. Vingt-quatre de ces élèves qui se sont rendus coupables de sévices corporels ayant entrainé la mort de cinq élèves officiers seront mis à la disposition des juridictions compétentes. Le communiqué du ministère de la Défense et des Anciens combattants emploie le mot ‘’coupable’’. Même si les défenseurs de droits de l’homme trouveront à redire sur ce point, il faut admettre que le ministre Pleah a fait preuve d’un certain sens de responsabilité.     

Cependant, concernant les commandants du Centre d’instruction Boubacar Sada Sy et de l’Emia, la sanction ne devait être qu’administratif. L’officier qui avait la responsabilité de l’Emia est connu pour sa rigueur et son intransigeance quant au respect de certaines valeurs qui ont toujours servi de base au sein des Forces armées. On voit mal l’homme instruire à quelqu’un de pratiquer des sévices corporels jusqu’à ce que mort s’en suive.

Les instructeurs permanents, surtout ceux qui étaient sur le terrain ce jour fatidique, méritaient mieux. Lequel de ces élèves officiers de la 3ème année de l’Emia qui ne s’est pas rendu coupable de sévices comme le souligne le communiqué officiel ? Le ministre de la Défense les frappe avec le même bâton que les ‘’coupables’’. Ce qui peut paraître paradoxal aux yeux d’une certaine opinion.  Faut-il radier coupables et non coupables ? Si oui, pourquoi cela ? Y-aurait-il une solidarité militaire ? N’est-il pas nécessaire de se limiter uniquement aux coupables désignés par le communiqué officiel ?
Chiaka Doumbia   

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