Dans un communiqué qui nous est parvenu, le ministre de la Défense et des Anciens Combattants explique les circonstances du drame survenu à l’Ecole militaire interarmes de Koulikoro le lundi 3 octobre dernier.
C’est la thèse de « bahutage » qui a été finalement retenue et non d’un règlement de compte entre ainés et cadets, précise le texte. A la suite des évènements regrettables survenus le 3 octobre à Koulikoro ayant entrainé la mort de cinq élèves officiers d’active de l’Ecole militaire interarmes, le ministre de la Défense et des Anciens combattants a instruit à ses services spécialisés (Inspection générale des Armées et services, Direction générale de la gendarmerie nationale, Direction de la sécurité militaire) de diligenter des enquêtes approfondies (L’Essor du mercredi 5 octobre). A l’issue de ces enquêtes, les différents rapports ont permis d’une part de constater que ces décès sont survenus suite à des sévices corporels infligés à l’occasion du traditionnel exercice de « bahutage » et d’autre part, d’établir les responsabilités individuelles et collectives, souligne le communiqué. En conséquence, des mesures administratives et disciplinaires ont été prises, indique le texte.
Les mesures administratives concernent la relève du commandant du Centre d’instruction Boubacar Sada Sy de Koulikoro, du commandant de l’école militaire interarmes et de l’ensemble du personnel d’encadrement de l’établissement. Quant aux mesures disciplinaires, elles prescrivent soixante jours d’arrêt de forteresse avec traduction devant un conseil d’enquête des instructeurs permanents de l’EMIA sur le terrain ; la radiation des Forces armées de l’ensemble des EOA (élèves officiers d’active) de la 3è année de l’EMIA ; la mise à la disposition des juridictions compétentes de 24 de ces élèves officiers de la 3è année (21 Maliens, un Burkinabé, un Sénégalais, un Togolais) qui se sont rendus coupables de sévices corporels ayant entrainé la mort des cinq élèves officiers d’active.
Le ministre de la Défense et des Anciens Combattants renouvelle, au nom du président de la République Amadou Toumani Touré, chef suprême des armées, ses condoléances attristées aux familles éplorées, conclut le communiqué. Rappelons que la promotion 2010-2013 ainsi radiée comptait 55 élèves officiers d’active dont 40 Maliens et 15 venant de pays africains. Au nombre de ces radiés figurent 9 Maliennes et une Guinéenne, celle-là même que la rumeur avait donné pour morte. Selon les informations que nous avons pu recueillir, une procédure théorique existe qui aurait dû empêcher les dérapages. En effet, il est prévu que le commandement de l’Ecole désigne en plus de l’officier tradition, cinq autres officiers, tous instructeurs permanents à l’EMIA, pour l’assister dans sa tâche de suivre à distance le fameux « bahutage » afin de freiner tout excès des « ainés » sur les « cadets ». Visiblement la responsabilité de cet officier tradition et de ses cinq assistants a été établie par les enquêtes puisqu’ils ont écopé de soixante jours d’arrêt de forteresse avec traduction devant un conseil d’enquête.
La deuxième précaution théorique réside dans la désignation toujours par la direction de l’EMIA de onze sous-lieutenants de la promotion précédent celle aujourd’hui radiée, pour accentuer la surveillance. A l’évidence si ces précautions ont été inopérantes, c’est qu’elles n’ont pas été respectées. Il faut maintenant laisser la justice faire son travail, en espérant qu’à l’instar des enquêteurs, elle le fasse vite et bien. Pour les familles des cinq personnes disparues et pour l’honneur de l’institution militaire. En attendant les 55 ex-EOA et leurs instructeurs purgent depuis hier à Markala leurs sanctions disciplinaires à l’issue desquelles ils seront traduits devant les tribunaux.
mardi 11 octobre 2011