Dr. Hamed Sow n’est plus à présenter au Mali, ni dans le milieu de la coopération et de la finance internationales. Actuellement, l’intéressé assiste à divers forums internationaux, au cours desquels ses interventions sont centrées sur les perspectives de développement de l’Afrique au Sud du Sahara. Sur le plan interne, il a entrepris de sillonner toutes les régions accessibles du Mali, afin de mieux connaitre les hommes et les réalités socioéconomiques de notre pays. Sur le plan médiatique, nous savons que le Dr. Hamed Sow reste un responsable réservé. Se disant un non adepte de la politique spectacle, il “ne parle que lorsque cela est nécessaire et qu’il pense que son intervention peut avoir une certaine portée.” Face aux changements majeurs intervenus dans notre pays ces derniers jours, L’Indépendant à néanmoins réussi à l’amener à nous livrer son analyse sur l’actualité brûlante.
L‘Indépendant : Dr. Hamed Sow. Il y a une semaine, le Gouvernement d’Union Nationale (GUN) a été mis en place. Qu’en pensez-vous?
Hamed Sow : En réalité, je n’ai pas suivi les péripéties qui ont conduit à la création de ce Gouvernement. Je ne connais pas non plus beaucoup de ses membres. Ils viennent tout juste de démarrer leur mission. Il faut donc laisser le temps à cette nouvelle équipe de faire ses preuves. Elle doit être jugée sur pièce, autrement dit sur la base des résultats obtenus par rapport aux objectifs de la Transition. Nous vous livrerons notre première évaluation de l’action du nouveau Gouvernement au début de l’année prochaine, Inch Allah.
Toutefois, en prenant la structure de ce nouveau Gouvernement, je constate que le nombre des ministres est passé à 32. Je suis plutôt pour des équipes restreintes pour des raisons de cohésion, d’efficacité et d’économie. Je suis déçu par la sous représentation des femmes dans ce Gouvernement. Elles ne représentent que de l’ordre de 10%; dans l’ordre protocolaire la première femme vient en 6ème position; aucun grand ministère n’est confié à une femme sauf à considérer que tous les départements ministériels soient importants. À l’exception remarquée du ministère des Affaires Etrangères, le sort réservé aux jeunes n’est pas non plus brillant. Quant à la répartition des postes entre les différents décideurs, il m’a été expliqué que les proches du Premier ministre sont 18, ceux des militaires 5, les 9 restants émanant du Président de la République et des formations politiques. Si ces données sont conformes à la réalité, je serais tenté de parler de Gouvernement CMD 2.
Quoiqu’il en soit, il faut souhaiter plein succès à ce Gouvernement II de la Transition. Sa réussite devra se concrétiser par l’atteinte des objectifs de la Transition, à savoir la restauration de l’intégrité du territoire national et l’organisation d’élections fiables. Des résultats bénéfiques au Mali, que tout patriote sincère ne peut que souhaiter de tout cœur.
Dr. Hamed Sow, il y a actuellement une grosse colère de certaines formations politiques par le fait que le Premier ministre ait nommé des ministres sortants comme Conseillers spéciaux avec rang de ministres. Ces réactions sont-elles justifiées?
Sur le plan humain, on peut être tenté de placer ses amis, surtout lorsqu’on a demandé à certains d’entre eux de quitter leurs postes pour venir travailler pour le pays. Mais en matière de gestion de l’Etat, il y a très peu de place pour les sentiments. Seul l’intérêt supérieur de la Nation compte. La question est donc de savoir si le fait que le Cabinet du Premier ministre compte, entre autres, 6 conseillers spéciaux avec rang de ministres, est de l’intérêt du Mali ou de celui personnel de Cheick Modibo Diarra. Le fait que tous les intéressés soient du cercle des parents et des amis du Premier ministre pourrait amener à pencher pour la seconde réponse. En outre, il faut se demander si les textes administratifs en vigueur permettent la création de ces postes de “ministres spéciaux”. Il convient également de savoir si ces décisions ont été prises avec l’accord et l’autorisation du Président de la République. Dans tous les cas, ce démarrage agité du nouveau Gouvernement ne va pas dans le sens du travail sérieux et en profondeur pour sortir le Mali de la situation dramatique dans laquelle se trouve le pays.
Dr. Hamed Sow. Que pensez-vous du meeting organisé dernièrement par le HCI pour la sauvegarde au Mali?
J’en suis perplexe. Je préfère que les autorités religieuses continuent de faire prier les fidèles dans les mosquées, afin que le Tout Puissant aide notre pays à sortir de la crise. En d’autres termes, je préfère les prêches dans les lieux de culte aux meetings dans les stades, sauf si tel ou tel autre fondement de l’Islam est menacé. Par ailleurs, nos grands responsables religieux doivent faire très attention pour ne pas glisser sur le terrain de la récupération politique.
L’Islam par essence est fédérateur et modérateur. Dans un pays où la vie des 2/3 des populations consiste en une quête quotidienne pour manger à leur faim, l’Islam représente pour beaucoup de gens une raison de sort et d’espoir. “Tout ce qui m’arrive est le fait de la volonté divine. En tant que bon musulman, je suis persuadé que demain, dans l’au delà, j’aurais un sort 100 millions de fois meilleur à celui d’ici bas”, se disent bon nombre de pauvres de notre pays. Cet espoir les permet d’accepter leur sort et d’espérer.
L’Islam est donc une soupape de sécurité contre l’explosion sociale. Par contre, la politique par définition divise. Elle est matière à des confrontations de visions et d’intérêts divergents entre les leaders politiques. Dans leur quête permanente pour la conquête et le contrôle du pouvoir, les “partisans” des uns sont considérés forcément par les autres comme leurs ennemis. Il faudrait que nos autorités religieuses veillent à ce que l’Islam modéré et fédérateur de notre pays ne se trouve pas dans le champ de la division politique. Nous avons mieux à faire en nous opposant de toutes nos forces à cet autre “Islam” fanatique et extrémiste que d’aucuns voudraient étendre à l’ensemble de notre pays. J’espère être compris par les Sages.
Une dernière question, Dr. Hamed Sow. Où en êtes vous avec la création de votre Parti politique. Vous disiez dans votre grande interview de fin juillet 2012, dans l”Indépendant, que ce sera pour le mois de septembre 2012. Cette échéance tient-elle encore?
Je commence par le dernier point de votre question. Non, le Parti ne sera pas créé en septembre 2012, peut-être même pas cette année. Pour plusieurs raisons. D’abord quel en sera le sens. Qui comprendrait aujourd’hui que nous dépensions 50 millions de FCFA pour lancer une nouvelle formation politique au CICB, plutôt que d’envoyer cette somme dans le Nord du Mali, pour aider nos populations nécessiteuses.
Le temps n’est pas à la création et à l’animation d’une formation politique. Il faut attendre de savoir où va le Mali même. Lorsque nous serons fixés sur la libération de notre pays, lorsque nous aurons une idée du nouveau calendrier politique, alors nous pourrions lancer notre formation politique. Ensuite, par rapport à notre déclaration de juillet, l’idée était de transformer l’ASAS en une formation politique. Cette Association, créé pour soutenir notre candidature à l’élection présidentielle avortée, est constituée à plus de 90 % de jeunes, dont beaucoup ont très peu de moyens. Les leaders de ces jeunes, auxquels je tiens à témoigner toute ma reconnaissance, ont une forte capacité de mobilisation. Mais, une formation politique va au delà. Il faut surtout au départ des cadres et des opérateurs économiques qui peuvent soutenir et gérer le Parti.
Raison pour laquelle, nous avons décidé de mettre en quelque sorte en veilleuse l’ASAS et de nous atteler à l’action discrète et de longue haleine pour trouver et rassembler les soutiens et les dirigeants du futur Parti. Naturellement, durant ce laps de temps, certains de nos jeunes iront scruter d’autres cieux pouvant leur permettre de faire face à leurs besoins immédiats. Ceux qui resteront par conviction et attachement à notre personne bâtirons avec nous demain une grande formation politique, novatrice, moderne, qui sera sûrement parmi les vainqueurs des futures échéances électorales. Croyez moi, et cela n’a rien du marketing politique, nous sommes surpris par le nombre de personnalités qui croient en nous, qui pensent que la recomposition du paysage politique nous sera très bénéfique, qui voient en nous un leader majeur du Mali post-crise. Inch Allah, nous en reparlerons dans quelques mois.
Au delà de vos questions, je voudrais revenir sur deux points sur lesquels il est important d’attirer l’attention du Premier ministre.
Le premier tient à l’organisation rapide de l’impérieuse concertation nationale. Comment voulez vous que des responsables puissent gouverner ensembles, que d’autres puissent les soutenir, si la vision et la conduite des affaires de l’Etat ne sont pas discutées et partagées par le grand nombre? Il y va de la cohésion même de l’action du Gouvernement. C’est donc une question d’intérêt national, dont le Premier ministre aurait le plus grand tort de ne pas prendre en compte.
Le deuxième point porte sur le non moins nécessaire audit international des services publics. J’ai l’impression sur ce point de prêcher dans le désert. Mais c’est aussi pour prendre date. La bonne gouvernance est dorénavant le fondement de la gestion des affaires publiques. C’est la 1ère exigence des peuples qui n’acceptent plus de vivre dans la pauvreté tandis que quelques dirigeants pillent les maigres ressources de leurs pays. C’est aussi la 1ère exigence de nos partenaires techniques et financiers pour la reprise et le maintien de la coopération au développement.
Autant de raisons qui font, qu’après notre victoire aux prochaines élections, si Dieu le veut bien, notre Gouvernement aura pour tâche prioritaire de réaliser l’audit des organes et des structures étatiques de la Transition.
Entretien réalisé par Alou BADRA HAÏDARA
CET HOMME SEUL NE PEUT RIEN FACE A UN REGIME ET AUSSI VOUS SAVEZ QUE ILS AVAIENT DES GENTS QUI ONT TOUT FAIT POUR FAIRE ECHOUE ATT MAIS LES BENEDICTIONS DES SAGES ONT TOUJOURS ACCOMPAGNES ATT ET C’EST POUR CA QU’IL EST SORTI INDEME DES COMPLOTS DES ENNEMIS DU MALI MAIS JE VOUS DE COMPTER SUR AHMED SOW POUR METTRE LE MALI SUR LE RAIL APRES LA TRASITION
Quand tu n’as rien à proposer, tu la fermes. Le pays a sombré devant toi, tu n’as rien dit.
Comments are closed.