Après sa nomination à la tête du Gouvernement le 17 avril 2012, Cheick Modibo Diarra s’est adressé au peuple malien. Voulant rassurer les Maliens et marquer sa présence comme le nouvel homme fort de la Transition, il a tenu des propos qui en disent long. Surtout quand il parle de remettre le pouvoir à une autre génération.
[caption id="attachment_61070" align="alignleft" width="610" caption="Dr Cheick Modibo Diarra, Premier ministre"]

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Dans son intervention, Cheick Modibo Diarra a tout d’abord réaffirmé les pleins pouvoirs qui soutiennent son poste de Premier Ministre. Et il s’est engagé à conduire sa mission avec détermination. Concernant le nord du pays, il a laissé entendre qu’il est inadmissible qu’au vingt-et-unième siècle, la violence armée soit utilisée pour poser des revendications. Face à cette situation, il a promis de tout faire pour que les populations retrouvent le sourire. Cela passe par la reconquête totale de l’intégrité du territoire national. Pour cela, le Premier Ministre a été clair : «Nous affirmons ici haut et fort que pas un centimètre carré du sol de la patrie ne restera occupé par qui que ce soit et pour quoi que ce soit». Il n’exclut pas la négociation, mais avec un couteau sur la gorge. En tout cas, il a assuré que la fin du calvaire ne saurait tarder.
Il a demandé à ses concitoyens de mettre en veilleuse les revendications corporatistes ainsi que le jeu individuel, car la patrie est confrontée à de graves difficultés.
Par ailleurs, le Premier Ministre avec les pleins pouvoirs a mis en garde les uns et les autres contre ceux qui veulent le distraire. «Nous n’accepterons pas, nous ne tolérerons pas, nous ne supporterons pas d’être distraits dans l’accomplissement de notre mission fondamentale qui est de remettre le pays sur les rails».
Le Hic du discours
Pour Cheick Modibo Diarra, le pays a souffert d’un déficit de gouvernance et d’une insuffisance de capacité d’anticipation. Afin d’éviter cela, Il a affirmé remettre le pouvoir à une autre génération de Maliens, à l’issue de la Transition. Il ajoute : «Une génération exorcisée et libérée du complexe de la honte et de l’humiliation, une génération aguerrie par les épreuves et les défis, une génération bouillonnant d’impatience de construire un nouveau Mali…»
Sur ce point précis, les propos du Premier Ministre paraissent inquiétants, car ce n’est pas lui qui va élire le président de la République. Le choix du futur président de la République n’appartient qu’au seul peuple souverain du Mali et non à un Premier Ministre fut-il doté des pleins pouvoirs. C’est le peuple qui peut changer la génération gouvernante et non un Premier ministre. Si on doit retenir les propos de Cheick Modibo Diarra, cela veut dire qu’il va écarter d’office tous les barons actuels de la classe politique. Il s’agit notamment de Soumaïla Cissé, Ibrahim Boubacar Kéita, Dioncounda Traoré, Mountaga Tall, Modibo Sidibé, Tiébilé Dramé, Oumar Mariko, etc.
En tout cas, si le Premier Ministre se campe sur sa volonté, de façon unilatérale, de changer la classe dirigeante, il va faire chavirer le bateau Mali. Le changement de génération doit être laissé au peuple souverain.
Ahmadou MAÏGA