Désertion de l’unité d’élites de la Gendarmerie nationale à Gomakoura : Demandons-nous toujours plus à nos forces de défense tout en leur donnant toujours moins ?

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Des gendarmes maliens ont été tués dans les affrontements avec des orpailleurs/chasseurs venus de Guinée selon les autorités maliennes (photo d'illustration, gendarmes à Bamako). © ISSOUF SANOGO AFP
© ISSOUF SANOGO AFP

Il y a deux semaines 36 gendarmes composant une partie du corps d’élites de la gendarmerie avaient déserté, du front de Gomakoura (dans le cercle de Macina) après une mission consignée de trois mois dans cette zone. Ces 36 gendarmes devraient être admis au Certificat Inter-Arme (CIA) qui donne un avantage financier sur le salaire. Mais finalement, tel n’a pas été le cas. Suite à cette fausse   promesse de formation  pour le CIA, ils vont finalement être affectés à Sogolo dans la zone de Diabaly abandonnée par l’armée malienne depuis 2013. C’est  la  raison pour laquelle  ils vont abandonner  leur poste et  venir  à  Bamako  qui informé constituera urgemment une force spéciale mixte, composée des éléments de la Garde Nationale, de la Gendarmerie, de la Police Nationale  appuyée par un avion de reconnaissance  pour les arrêter. Mais avant ils ont rencontré le commandent de la légion de gendarmerie de Ségou sans obtenir gain de cause.

La première version donnée à cette situation est la suivante : une compagnie composée d’éléments de la gendarmerie aurait planifié une révolte armée sur la ville de Bamako. L’unité spéciale mixte a pu les intercepter dans la forêt de la Faya dans la nuit du mercredi 17 au jeudi 18 janvier 2018. Quant à la deuxième version, c’est après s’être senti victimes d’une injustice que « ces jeunes gendarmes ont décidé de venir auprès de leur Directeur Général à Bamako pour avoir gain de cause. Par prudence, ils n’ont pas laissé leurs armes et leurs équipements sur place, parce qu’ils craignaient  d’endosser la responsabilité de leur enlèvement ou destruction par les djihadistes en cas d’attaque des différents postes qu’ils ont défendu avec les FAMA. Ils ont donc pris soins de les ranger dans leurs véhicules afin de se présenter mains nues et sans aucune hostilité apparente à leurs supérieurs hiérarchiques. Le Directeur National de la Gendarmerie les a rencontré  aux environs  de Kassela pour les entendre et promis, après avoir approuvé la légitimité de leur démarche, de s’impliquer personnellement pour la satisfaction de leurs doléances. Mais quel ne fut leur étonnement quand, arrivés à Bamako, leurs armes leur ont été retirées et ils ont été éparpillés à travers différentes localités et proposés à la radiation pure et simple, car, ils sont soupçonnés de vouloir faire un Coup d’Etat ».

Certains proches du milieu militaire insinuent que le pouvoir d’Etat est devenu anxieux, depuis que le Général Moussa Sinko a fait une sortie remarquable sur la scène politique. Par conséquent, le moindre geste inhabituel dans l’armée est vite assimilé à une tentative de renversement du pouvoir en place, alors qu’il n’en est rien. Il s’agit de gérer et parer à une injustice faite aux éléments. Les interrogations ont commencé le 23 janvier 2018 au niveau de  l’armée de l’air afin de savoir la vraie version des faits et des intentions.

De là, peut-on penser que les militaires n’ont aucun droit ? Il est évident qu’à chaque fois que les militaires désobéissent à leur hiérarchie et font des actes assimilables à une grève, par son ampleur et son caractère collectif, cela inquiète fortement l’Etat-Major. En réaction à ces situations, les indisciplinés sont sanctionnés pour marquer un retour à l’exemplarité qui devrait être de rigueur dans les corps habillés. C’est donc bien la logique disciplinaire qui explique que lors des moments de crise, les sentences de la justice militaire apparaissent comme des ‘’actes de guerre, plutôt que des décisions de justice’’. La même logique tend à réduire les formes procédurales au maximum, en arrive à se passer de toute justice. Elle rend compte de l’usage, difficilement mesurable, d’une répression extrajudiciaire (peines de prison, transferts dans les établissements pénitentiaires militaires). Dans une telle perspective la justice n’est guère de mise et l’on comprend que l’arbitraire accompagne le souci de l’exemplarité. Pour rappel, en France, l’affaire de six fusillés à Vingré le 4 décembre 1914 est à cet égard révélatrice. Un repli d’une cinquantaine de mètres d’une tranchée réoccupée peu de temps après a suffi à traduire devant un conseil de guerre spécial constitué d’officiers 24 soldats accusés d’abandon de poste devant l’ennemi. Cet exemple montre que l’arbitraire réside également dans la personnalité des officiers qui assurent le commandement à partir de Bamako. Pour remédier à la situation, il faudra relever toute la hiérarchie qui est à la base de cette désobéissance des 36 gendarmes et nommer d’autres chefs pour rétablir la confiance entre les troupes et leurs hiérarchies. Cette solution semble être la meilleure et c’est de cette façon que de tels actes se traitent.

Seydou DIARRA

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1 commentaire

  1. En tout état de cause le Commandement s’est disqualifié d’office.

    Pout la République

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