Dans la journée du mardi 1er mai, « l’enfer « s’est abattu sur Samaya (quartier de Samanko) lorsque le quartier qui abrite le camp d’entraînement des Para-commandos a été assiégé durant de longues heures par un commando de plus de 50 véhicules armées de kalachnikovs et d’armes lourdes. Après le passage de « l’ouragan », pardon des éléments du CNRDRE, nous avons rencontré des habitants de Samanko encore sous le choc.
La première personne que nous avons rencontrée, M. M. Samaké, relate ainsi sa mésaventure: «
Je suis Instituteur à l’Ecole fondamentale. Ce mardi 1er mai, aux environs de 10 heures, ma famille, comme plusieurs habitants du quartier, s’est levée pour recueillir de l’eau à la pompe. Il faut noter que la SOMAGEP (Société malienne de gestion de l’eau potable) n’arrive pas à fournir convenablement de l’eau courante aux populations. Il faut attendre généralement minuit ou 1 heure du matin pour avoir de l’eau au robinet. C’est aux environs de 11heures que j’ai entendu un bruit assourdissant en direction de la voie qui mène au camp d’entraînement des Paras commandos, suivi de personnes qui couraient dans tous les sens. Le temps de comprendre ce qui se passe, des éléments du CNRDRE, armes au poing, ont envahi notre quartier sous prétexte que les Bérets rouges se sont confondus avec la population. Pendant environ deux heures de temps, nos maisons tremblaient, tellement les armes lourdes tonnaient. Nous avons été dépouillés de nos biens, notamment cellulaires et argent liquide, par certains militaires. Nous sommes encore sous le choc et nous attendons avec impatience la fin de tous ces affrontements entre soldats car la situation actuelle que traverse le pays fait peur et nous craignons le pire pour notre pays si rien n’est fait d’ici-là». Puis il a conclu en ces termes : «
Dites au Président Dioncounda Traoré de dire au Capitaine Sanogo que tant que la question sécuritaire n’est pas réglée dans ce pays et qu’il n’acceptera pas de retourner dans les casernes, tous les projets de réconciliation et de relance de l’économie et surtout de reconquête du territoire au Nord du pays sont voués d’avance à l’échec».
M. Issa est la prochaine victime visitée. Son discours est le même, mais il donne beaucoup plus de précisions sur l’assaut du Camp para commando de Samaya : «
Il y avait une colonne de plus de 40 véhicules. Arrivé dans notre quartier, ils se sont éparpillés en trois groupes et sont restés au moins plus de trois heures ici. Ils ont même laissé des éléments dans le Camp et procédaient à des tirs. Notez qu’il y a eu des blessés parmi la population et même un mort, selon une source du quartier. C’est vous dire le niveau de violence avec laquelle les Bérets verts sont venus déloger leur frères d’armes». On ne peut donc s’empêcher de se poser la question de savoir si ces graves méfaits ne sont pas en relation avec la volonté clairement exprimée par la junte de vouloir confisquer le pouvoir. Toujours est-il que face à l’inertie des nouvelles autorités administratives et militaires du pays, la population malienne commence à se demander à quel saint se vouer car les militaires ne sont pas prêts de retourner dans leurs casernes.
Président par intérim d'un pays aux abois et Premier ministre d’un gouvernement qui cherche ses marques, Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra paraissent déjà dépassés par les évènements. Et disons-le sans ambages : le Capitaine Sanogo et ses hommes sont tombés dans le piège des partis qui accèdent au pouvoir et qui se laissent entraîner par son ivresse. La personnalité de Sanogo est telle que bien qu’ayant accepté le retour à l’ordre constitutionnel, il décide toujours de la mesure à prendre pour la bonne marche du pays. Ce qui fait qu’il est devenu comme «
une arête dans la gorge » du Président de la République et de son Premier ministre. On penserait alors à des vengeances inutiles et du coup, on se retrouverait dans ces partis uniques qui vivaient constamment dans une psychose d’un coup d’Etat, d’un assassinat..., bref d’une instabilité permanente. Et aucun Malien ne pense aujourd’hui que le pays en a besoin. Il est donc temps que tous les acteurs de la vie socio politique nationale se ressaisissent.
Paul N’guessan