Des réactions suite à la lettre ouverte de Niamé Keita : ATT : «Je ne pouvais m’imaginer qu’il en arriverait là» Sadio Gassama : «Que personne ne réagisse ! C’est un ordre !»

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La lettre ouverte de l’ex-directeur général de la police nationale a fait l’effet d’une bombe, vendredi dernier. Le président de la République lui, s’y attendait le moins. Pour sa part, le ministre Sadio Gassama a donné de fermes instructions en vue d’éviter toutes réactions. Un ordre qui semble venu trop tard au regard des premières réactions diffusées dans la presse. Ce n’est pas la tentation qui manque chez les autres  dans les casernes.

Nos sources, généralement bien informées se veulent formelles : « la lettre ouverte de l’ex directeur Général de la police nationale [L’Indépendant du vendredi 10 juin 2011] n’a laissé personne indifférente». Non plus la réponse du Lieutenant Colonel Nouhoun Dabitao.

Informé alors qu’il était en tournée à l’intérieur du pays en compagnie de l’actuel D.G de la police Nationale, le ministre Sadio Gassama a immédiatement informé, à son tour, sa hiérarchie, entendez, le président de la République lequel, on s’en doute était déjà imprégné des faits.

Le chef de l’Etat serait tombé des nues : « je ne pouvais m’imaginer qu’il en arriverait là » aurait soutenu le président ATT, allusion faite à l’auteur de la correspondance.

Pour sa part et après  concertation avec le président ATT, le ministre Sadio Gassama  a invité, voire ordonné à tous responsables militaires et policiers de s’abstenir de toute réaction et communication sur  l’affaire.

L’instruction semble être venue un peu trop tard dans la mesure où le lieutenant colonel, Nouhoun Dabitao, DGA  du Commissariat des Armées, a riposté dans les colonnes du même journal dans sa parution d’hier lundi 13 juin 2011.

Il ressort de nombreuses indiscrétions que le Général Sadio Gassama et encore plus le président ATT, n’ont pas apprécié cette démarche du Lieutenant Colonel.

Selon toute évidence, des «réponses» officielles seraient en ce moment en préparation.

Le point de vue de la justice militaire

 

Des spécialistes de la justice militaire malienne ont tenu, dans l’anonymat,  à relever quelques points dans cette affaire pour le moins embarrassante. De leur point de vue, et au regard des textes régissant la matière, l’auteur de la correspondance se serait rendu coupable d’acte de forfaiture, voire de haute trahison. Et il aurait lui-même fait l’aveu : «En janvier 2010, le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection intérieure, le Général Sadio Gassama, m’a convoqué dans son bureau en me demandant de mettre fin à toute sanction disciplinaire et cela, suite à des entretiens qu’il a eus avec des syndicalistes de la police qui se plaignent de la rigueur».

Ces passages de la correspondance, seraient de l’avis de nos juristes, très compromettants. Et pour cause : son auteur qui, par surcroît est un haut fonctionnaire de l’Etat dans l’exercice de ses fonctions, a été «convoqué par le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection intérieure » lui aussi, dans l’exercice de ses fonctions. Les faits, gestes et propos tenus dans cet environnement et dans ces conditions relèvent tout simplement des secrets de l’Etat et ne doivent, par conséquent faire objet de publicité voire de publication, à fortiori, de la part des appelés au regard de leurs qualités. En clair, il s’agirait d’un acte grave.

Son auteur semble s’en être rendu compte puisque n’ayant pas jugé nécessaire de publier la suite comme initialement annoncé. A moins que d’autres contraintes l’en aient empêché. 

A suivre…

B. Diarrassouba

 

LETTRE OUVERTE DE NIAMÉ KEÏTA

Le Général Niamé Keïta réagit aux propos du Président ATT sur les conditions de son départ de la Direction générale de la Police nationale : «Je ne suis pas un officier félon, ni un traître, contrairement au Général Sadio Gassama qui vous induit dans l’erreur»

Dans une correspondance adressée à notre rédaction, le Général de police Niamé Kéïta, ancien Directeur général de la police nationale, dit tout sur les dissensions qui l’ont opposé à son ministre de tutelle, le Général Gassama. Selon lui, le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile a tout simplement désinformé le Président de la République, Chef suprême des Armées, en l’induisant dans l’erreur. Cette lettre fait suite à la diffusion sur les antennes de l’ORTM de l’émission Baroni au cours de laquelle le Président ATT a reçu des journalistes. Répondant à une question relative à la relève du Chef d’Etat major de la Garde nationale et des Directeurs généraux de la Gendarmerie et de la Police, ATT a dit que les deux premiers, ayant passé trois ans à la tête des structures qu’ils dirigent ont été remplacés. Quant à l’ancien patron de la Police, le Président ATT a dit qu’il a refusé de sanctionner raison pour laquelle il a été, à son tour, sanctionné. Lisez !

En janvier 2010, le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection intérieure, le Général Sadio Gassama, m’a convoqué dans son bureau en me demandant de mettre fin à toute sanction disciplinaire et cela, suite à des entretiens qu’il a eus avec des syndicalistes de la police qui se plaignent de la rigueur. J’ai posé une seule question au ministre : «Les sanctions infligées sont-elles injustifiées ?».Pour toute réponse, le ministre m’ordonna de mettre fin à toutes les sanctions. Ce qui m’amena à une seconde question : «Dois-je surseoir même aux sanctions relatives aux cas de braquage et de détournements ? « Le ministre a répondu par l’affirmative. Alors, j’ai répliqué que cela se passerait après moi et pas tant que je suis le Directeur général de la police nationale.

Après avoir informé le Contrôleur général Yahaya Sangaré et l’Attaché de Cabinet du ministre, j’ai rejoint mon bureau. Dans la même semaine, le Général Gassama provoqua une réunion avec pour ordre du jour : l’insécurité dans le District de Bamako. A la réunion, nous avons été surpris que, dans la salle, le ministre demande à chacun de dire ce qu’il veut. C’était de la préméditation. Les éléments de la Compagnie de circulation routière (CCR), à tour de rôle, se sont soulevés contre la rigueur et la présence quasi permanente du Directeur général, de jour comme de nuit. Ma réplique sur la demande du ministre à desserrer l’étau est restée sans équivoque : «Je mettrai de l’ordre dans la police».

Concernant les syndicalistes, le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile a déclaré à tous les niveaux que c’est le Directeur général de la police qui a créé la nouvelle section syndicale. Je ne suis pas un Officier félon, encore moins un traitre. Je suis issu d’une grande famille digne, ayant un sens élevé pour l’honneur et la dignité. Je suis malinké de père et de mère. A la différence d’un porte-galon félon, menteur et traître, qui ose induire dans l’erreur en faisant de la rétention par rapport aux sanctions des syndicalistes. Contrairement à ce qu’il a rapporté au Président de la République, les syndicalistes ont été sanctionnés et je suis prêt à diffuser les documents y afférents.

M. le Président, je ne peux pas vous mentir et je ne peux guère vous trahir compte tenu du cousinage sacré qui lie Kéïta et Touré.

Après la fameuse rencontre à l’Ecole de police, le ministre Gassama, assisté de deux de ses collaborateurs, m’a reçu. Selon le Général Sadio Gassama, il ignorait toute cette situation quand bien même c’était prémédité. D’après eux, le pays a changé et pourquoi moi je continuerai à travailler de cette manière alors que je ne suis plus loin de la retraite et que le pouvoir en place est terminé. Ma réplique a été que ma nature ne me permet pas ce genre de comportement qui consiste à faire semblant d’être avec quelqu’un et le poignarder dans le dos.

Dans mon for intérieur, je suis profondément attaché aux valeurs culturelles qui existent entre les Touré et les Kéïta et je reconnais tout ce que le Président Touré a fait pour moi. Déjà, en 2003, j’avais refusé de revenir dans la police après 12 ans de détachement et son corrolaire  de pression, de persécution, de marginalisation, 9 ans avec le grade de Commandant sans compter le refus de me dédommager après les casses consécutifs aux événements du 26 mars 1991 dont j’ai assez de détails. A suivre !

Général  Dibi Niamé Siriman Kéïta

Tiré du Journal L’Indépendant N° 2782 DU VENDREDI 10 JUIN 2011

 

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