Des pouvoirs inconstitutionnels : Le Cnrdre ruse, le Mnla s’obstine

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« Faites vos jeux, rien ne va plus » est-on tenté de dire. Le pays est divisé et occupé. Le nord par des apatrides du Mnla, le sud par les militaires du Cnrdre. Qui sont-ils ?

Ce n’est pas un poisson d’avril, mais depuis le 1er de ce mois, le Mali est divisé en deux parties distinctes : le nord et le sud. Ayant commencé ses attaques le 17 janvier 2012, le Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad), un mouvement indépendantiste et séparatiste, a annoncé, il y a quelques jours, que ses objectifs étant atteints avec l’occupation des trois régions du nord, il met fin à son offensive militaire. Le vendredi 06 avril, il proclame «unilatéralement l’indépendance de l’Azawad »

Les succès fulgurants de la rébellion ont été rendus possibles par le climat délétère né du coup d’Etat militaire du 22 mars avec le renversement du président élu Amadou Toumani Touré par une junte. A la place des institutions légales et légitimes, s’est installé un comité militaire qui s’est cantonné dans le sud.

Dans le sud comme dans le nord, deux pouvoirs, tous anticonstitutionnels, l’un pour atteinte à l’ordre institutionnel, l’autre pour atteinte à l’intégrité territoriale, ont fait des déclarations fracassantes et à tout bout de champ. Des déclarations que peu de gens sérieux prennent au sérieux. Tous deux sont désavoués par la communauté internationale (même si certains pays le font avec une certaine réserve). Aucun des deux n’est aimé de la majorité des populations. Ayant des moyens et des marges de manœuvres limités, le Cnrdre ne contrôlait pas grand-chose, le Mnla  ne contrôle presque rien. Ils sont frustrés, désappointés, humiliés.

Dans le nord, dès l’approche des rebelles, les communautés pour lesquelles ils demandent la libération s’enfuient par dizaines de milliers. Elles ne veulent pas de l’indépendance. Notamment les communautés sédentaires, 95% de la population du nord qui se terrent chez elles ou s’exilent, horrifiées par les pillages et saccages de leurs villes et de leurs biens, les viols et tortures de leurs filles.

Dans le sud, les populations subissent encore les conséquences de l’embargo et de l’instabilité politique. Pendant plusieurs jours, elles aussi sont restées terrées chez elles assistant impuissantes aux saccages et pillages de leurs biens. Certaines ont émigré sous des cieux plus cléments. Elles aussi l’ont clamé haut et fort : elles préfèrent leur démocratie tordue et n’ont demandé à personne de la redresser. En revanche, au nord comme au sud, tout le monde s’égosille à demander la restauration de l’Etat dont le putsch du 22 mars a permis le dysfonctionnement par les bandes criminelles et terroristes.

Aucun des deux n’a de véritables amis. Le Mnla a été abusé par quelques « amis » qui ont profité de lui (exactement de la sympathie dont il jouit au sein de certaines chancelleries) pour prendre le pouvoir qui sont en train de le mettre hors jeu. Malheureusement, ces ex-âniers ou bergers mais toujours pouilleux, qui font la gueule sur des chaines internationales de radio et de télé, n’ont ni les moyens suffisants ni suffisamment de c… pour se défendre ni même résister.

Le Cnrdre a été courtisé par des « amis » et souteneurs qui ont voulu profiter de lui pour accéder au pouvoir, qu’il ne pourra jamais conquérir par des moyens légaux et réguliers.

Cependant, il n’y a pas que les pouvoirs à être anticonstitutionnels. Il y a aussi les Etats. La communauté internationale connait bien le Mali. Mais un Mali à huit régions et un district ant une superficie de 1 240 000 km2. Mais ce pays de seulement cinq régions ? On ne connait pas. De même que la République de  l’Azawad qui n’a jamais existé et n’existera jamais. A moins qu’on ne l’érige ailleurs, parce que ceux qui rêvent de cette création ne sont qu’une infime partie des communautés nomades. Parce que les terres convoitées par les bandits armés font partie d’un ensemble un et indivisible selon son légitime propriétaire, à savoir l’Etat malien. Parce que les habitants de ces trois régions sont à 95% des sédentaires qui n’ont aucune envie de se séparer de la mère patrie. Et surtout, eux comme bon nombre d’Africains ont la hantise des extrémismes dont celui pratiqué par les fous de Dieu.

De ces deux pouvoirs anticonstitutionnels, l’un, le Cnrdre, vient de demander une retraite anticipée. L’illusion aura duré moins de trois semaines et le capitaine Sanogo est maintenant tranquille. A quand la reddition de Bilal ag Cherif ?

Cheick Tandina

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