Comme surprise, celle-là en est bien une : la démission de l’armée du général Moussa Sinko de l’armée, annoncée, à grand renfort médiatique, la semaine dernière. Jusqu’ici discret au sein de l’armée, après avoir été l’un des pivots de la junte militaire, dirigée par le général Aya Sanogo, en prison depuis, le général démissionnaire de l’armée, Moussa Sinko Coulibaly, celui-là même, en tant que ministre de l’administration, qui a supervisé les élections présidentielles ayant porté IBK au pouvoir, crée l’événement de la semaine, en sortant de l’armée. Pour de bon. Un fait inédit qui ne manque d’interrogations nourries.
La démission de cet ancien homme fort de la junte, Moussa Sinko Coulibaly, qui a été ministre de l’administration, sous la tradition, proche collaborateur du général Aya Sanogo, n’a pas été qu’une surprise, une fois annoncée. Elle a même créé la polémique. Plusieurs sont les Maliens qui n’en croyaient pas leurs yeux. Il a fallu que l’intéressé lui-même, via plusieurs médias de la presse, donnent de la voix pour confirmer sa démission de l’armée.
Si la sortie de l’intéressé dans l’arène publique n’a pas émoussé la polémique, qui s’est enflée sur les véritables intentions du général démissionnaire, elle a eu au moins le mérite de fixer l’opinion publique sur le choix personnel de ce jeune officier, sans histoire avant le coup d’état militaire qui a renversé le régime du général ATT, en mars 2012. Bien qu’il a été tranchant sur son choix de quitter de l’armée, pour être disponible autrement à servir le pays, la démission de MSC, telle qu’elle a été annoncée publiquement, continuera toujours à provoquer la polémique au sein de l’opinion, partagée, on le sait, sur la justesse de la démission d’un officier général de l’armée.
Quoi qu’il soit, au-delà de la polémique, qui s’enfle sur cette démission de l’armée d’un officier général, entre ceux qui estiment « qu’un général ne démissionne pas de l’armée » et ceux qui pensent que rien n’a en empêche, MSK a voulu tourner une page, certainement pleine de sa jeune carrière d’officier, en choisissant de quitter l’armée, comme l’a fait au moyen d’une correspondance officielle, signée de lui-même, et adressée, dans les règles de l’art protocolaire, à la hiérarchie militaire, en l’occurrence le chef d’état-major général de l’armée.
A l’absence d’une réaction officielle quelconque, qu’il s’agisse de l’armée, d’où bon nombre de citoyens pensent qu’il a fait ses beaux jours, et des politiques, observant à ce jour un silence assourdissant, contrairement à leurs habitudes, en pareille situation, c’est le général démissionnaire lui-même qui s’est chargé de donner une orientation à son après armée. Incontestablement, il n’a pas l’intention de croiser les bras. Bien au contraire, il se positionne, comme l’a dit à plusieurs médias, qu’il se mettra au service de son pays, loin du carcan militaire.
Tout le monde l’a compris : le général démissionnaire sera bien dans l’arène publique. Il le sera, comme il l’a confirmé, dans une nouvelle posture, celle qui lui appartiendra de définir et d’articuler à l’aune de ses ambitions pour le pays et au moyen de la stratégie qu’il choisira pour ce faire. Sur le terrain politique, il n’est pas bien connu, à part la petite parenthèse qu’il a refermée au ministère de l’administration, sous la tradition, et qui a semblé d’ailleurs s’achevée sur une polémique (quand il a commenté la large victoire du président IBK au premier tour), lors de la présidentielle de 2013, mais, en tant qu’officier général de l’armée, sorti des grandes écoles militaires, on peut l’accréditer de ne pas être un piètre stratège pour ne pas savoir ce qu’il veut faire de la démission qu’il a voulue et qui le sort de l’armée, une institution qui a été, pour lui, une véritable rampe de lancement pour sa jeune carrière militaire et politique.
S’il veut s’illustrer dans le marigot politique, comme il a annoncé déjà les couleurs, il a besoin de grande stratégie, pas forcément celle militaire, enseignée dans les écoles militaires, mais celle forgée au gré des bouleversements des faits sociaux et politiques, auxquels il sera confronté dans la vie de tous les jours. Ses premiers pas indiqueront certainement ce dont il incarnera dans un futur, court, moyen ou long terme. Attendons de voir.
Oumar KONATE