Dans la nuit du mardi au mercredi, entre 23 h et 3 h du matin, la commune de Diago situé à quelques km de la ville garnison de Kati a été le théâtre d’’une scène peu ordinaire. Il s’agit de la découverte et de l’exhumation de corps humains jetés dans une fosse commune : 21 corps étaient là.
C’est sous l’égide de la Police scientifique du Service d’Investigation Judiciaire de la Gendarmerie Nationale, sollicitée par le juge d’instruction du 2ème Cabinet du Tribunal de Première Instance de la Commune III du District de Bamako, Yaya Karambé, que cette opération a été menée. La découverte macabre a été faite en présence du ministre de la Justice, le Directeurs généraux de la gendarmerie nationale et de la Sécurité d’Etat, le maire de Diago et du juge d’instruction en charge du dossier, Yaya Karambé.
L’exhumation a concerné vingt-un corps (dont certains en tenue militaire) retrouvés dans une fosse commune dans la Commune rurale de Diago, non loin de l’Usine de cimenterie.
Un communiqué du gouvernement en date du 4 décembre précise que « l’exhumation a été ordonnée dans le cadre du dossier Ministère public contre x, Issa TANGARA, Amadou Haya SANOGO et autres pour enlèvement de personnes et complicité consécutif aux évènements du 30 avril 2012 survenus à Bamako ». L’information judiciaire se poursuit en vue d’identifier ces corps et de situer les responsabilités, selon le communiqué.
Interpellé, conduit manu militari et mis sous mandat de dépôt par le juge d’instruction, Yaya Karambé, depuis le 27 novembre dernier sur fonds de complicité d’enlèvement de personnes, le sort du putschiste Amadou Haya Sanogo semble aujourd’hui scellé.
Les faits remontent à avril 2012 lors de la tentative de contrecoup d’Etat fomentée par les militaires, proches de l’ancien président au moment où la junte dirigée par le Capitaine Sanogo régnait en maître absolu. Des éléments de bérets rouges ont été pris, désarmés et faits prisonniers par la junte avant d’être nuitamment conduits à l’abattoir. C’est dire qu’ils n’ont pas été tués au combat, les armes à la main, mais froidement abattus.
Selon le site Malijet, des sources proches du dossier indiquent l’existence d’un autre charnier du genre, qui se trouverait à Yélékébougou, situé à quelques 45 km de Kati sur la route de Kolokani.
En clair, avec une telle découverte qui vaut tout son pesant d’or dans la suite des évènements, l’on peut dire, sans risque de se tromper, que l’étau se resserre autour l’ex chef de la junte et de sa bande. En attendant la confirmation de la fosse commune de Yélékébougou, tout laisse croire que ses avocats auront fort à faire pour plaider son innocence.
Des expertises et les analyses sont actuellement en cours pour révéler l’identité exacte des personnes enterrées, il y a plusieurs mois. Mais sur place, des indices commencent à parler : au moins deux cartes d’identité ont retrouvées. Elles appartiendraient à des militaires anti-putsch. En outre, les enquêteurs ont bénéficié des témoignages de la part de certains militaires proches du général inculpé, qui ont décidé de rompre avec le silence. Place au déballage !
Youssouf Z Kéïta
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