Dans une déclaration, le Mouvement Tabalé demande l’arrêt immédiat du processus de DDR et propose de le repenser intégralement pour mieux contribuer au processus de paix et de réconciliation. L’intégralité de la Déclaration en date du 25 février 2025 signée de son Président.
Le Mouvement Tabalé a suivi avec attention et intérêt, un enregistrement vidéo de deux minutes trente-huit secondes (2 mn et 38 sec), du Ministre de la Réconciliation et de la Cohésion Sociale, Monsieur Ismaïl Wagué, sur le processus du DDR (Désarmement-Démobilisation Réinsertion). En sa qualité d’organisation qui s’est engagée dans une dynamique de recherche de la paix par le dialogue, le Mouvement Tabalé est pleinement conscient de cette tâche ardue et ingrate qui le restera, tant qu’il n’arrivera à établir une confiance avec toutes les parties en conflit.
La plateforme panafricaine de veille citoyenne, ayant développé une nouvelle approche de l’équation Paix-Sécurité-Réconciliation-Développement, pour contribuer à sa résolution en Afrique de façon générale et dans le Sahel en particulier, a soumis à l’appréciation de ses organes les déclarations du Ministre Wagué. Ainsi le Gouvernement Panafricain Tabalé, le Parlement Populaire Panafricain Tabalé, la Commission des Sages Tabalé, et le Groupe d’Experts Panafricains pour le Développement de l’Afrique (GEPDA) se sont penchés, tour à tour pendant une semaine, sur les propos du Ministre. Le champ de réflexion du Mouvement Tabalé a porté sur les questions suivantes :
1- Sommes-nous dans un processus de DDR ?
2- Ce DDR aboutira-t-il réellement à la paix ?
3- De 1991 à nos jours, quel DDR a pu empêcher une nouvelle rébellion au Mali ?
4- L’Etat aurait-il tiré les leçons des DDR passés ?
De prime à bord, le Mouvement Tabalé s’interroge sur comment parler de DDR pendant que l’intégrité territoriale du Mali n’est toujours pas rétablie ? Parallèlement à cette question centrale, il y a un fait inéluctable et inaltérable en l’absence duquel on ne peut aucunement aller au DDR. Il s’agit de la signature d’un accord de paix entre des belligérants. Ce qui a été donc commenté par le Ministre, est plutôt une opération de récupération des armes qui circulent dans le pays, et qui aggravent l’insécurité. Le Mouvement Tabalé rappelle, qu’il existe au Mali et depuis toujours, une structure dédiée à cela dénommée : Commission nationale de récupération des armes légères et de petits calibres. Si l’Etat décide de ne pas confier son opération à cette commission, il pourrait par exemple l’appeler simplement, opération spéciale de récupération des armes illégalement détenues par des citoyens ou des groupes, au lieu du DDR.
Dans l’hypothèse que l’Etat exclurait toute signature d’accord inter-maliens, au profit de la Charte Nationale pour la Réconciliation, l’adoption de cette dernière devrait alors être un préalable à l’enclenchement de tout DDR, et même là, sous la plus expresse réserve que ladite Charte soit véritablement inclusive. Tout compte fait, il est incontestable que nous ne sommes pas, en espèce, dans un processus de DDR qui soit conforme aux principes et aux exigences de cette quête de paix. Néanmoins, faisons abstraction de ces sérieux bémols, pour procéder à l’exégèse de la présentation du Ministre.
A la 2ème question posée plus haut, tous les organes consultés du Mouvement Tabalé ont été unanimes sur sa réponse : Non !
En effet, dans les deux premières minutes et septième seconde de la séquence vidéo, le Ministre informe que les mouvements armés qui sont opposés à l’Etat, notamment l’ancien MNLA et ceux regroupés actuellement au sein du FLA, ne sont point concernés pour ce DDR. Il poursuit plus loin, en affirmant que la prise en compte de ces mouvements par ce processus est conditionnée à leur soumission aux exigences judicaires à cause des crimes qu’ils ont commis. Le Ministre annonce aussi que le DDR ne concernera que les mouvements républicains.
Si l’une des finalités recherchées par tout processus de DDR est d’éteindre les hostilités entre l’Etat et ceux qui sont en belligérance avec lui, de quelle opportunité procède alors un DDR, qui ne prend en compte que des acteurs armés alliés à l’Etat ? Cette posture annoncée du Gouvernement serait-elle un indice privilégiant le tout militaire comme solution à nos conflictualités endogènes ? En soumettant les mouvements opposés à l’Etat à un passage obligé par-devant la justice pour être pris en compte par ce DDR, les autorités prennent-elles en compte le principe selon lequel la paix a un prix ?
A partir de la 2è minute 24è seconde, le Ministre déclare en le paraphrasant qu’un autre objectif du DDR est de donner l’occasion aux groupes d’auto-défense, dont Dana Ambasagou, de voir quelques-uns de leurs ex-combattants enrôlés. Le Mouvement Tabalé suppose que ce fut un lapsus de sa part de parler d’ex- combattants de Dana Ambasagou, du moment où ce dernier n’a jamais déposé les armes, de sa dissolution par l’Etat à nos jours. De tout ce qui précède, la plateforme mondiale des acteurs du changement a conclu que le DDR, tel que présenté par l’Etat, est à la fois dangereux pour la paix et la cohésion sociale au Mali, et hypothèque la réconciliation nationale.
A partir de ces analyses, et partant des réponses corollaires et connues des questions 03 et 04, le Mouvement Tabalé :
1- Demande à l’Etat l’arrêt immédiat de ce processus de DDR.
2- Suggère l’abandon définitif du DDR à la faveur des recrutements directs dans l’armée, par les voies régaliennes auxquelles tous les citoyens sont soumis. A défaut, propose de repenser intégralement le DDR pour mieux contribuer au processus de paix et de réconciliation.
3- Appelle le Gouvernement à prendre l’initiative d’ouvrir un dialogue franc et sincère avec tous les Maliens opposés à l’Etat, y compris ceux qui ont versé dans le terrorisme, conformément aux résolutions de l’ensemble des assises organisées dans notre pays de 2018 à nos jours.
4- Exhorte les autorités de la Transition, à consacrer et à orienter l’essentiel des efforts publics sur le développement socio-économique, qui est la réponse la plus appropriée aux défis du moment, dont l’insécurité.
Bamako, le 25 février 2025
Le Président du Mouvement Tabalé Fabou KANTE
Socio-Anthropologue
Ambassadeur de la Paix (2001)
L’arrêt immédiat.
Un ordre ?
Dans un pays sérieux seuls les juges ordonnent.
Même le président se plie devant les juges.
Vive le Mali.
Kanteke, le développement socio-economique ne se fait pas du jour au lendemain et les leçons apprises du passe sur le DDR ont ete pleinement utilisées par le General Wague sous la direction du President Assimi Goita et tres scrupuleusement. Allons de l’avant et arrêtons l’infantilisation des uns par les autres!