Crise sécuritaire : Comment manœuvrer pour plus de succès ?

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 Quel bilan objectif peut-on établir de la gestion de la crise sécuritaire que traverse le pays depuis 2012 ?

Cette question mérite une attention particulière dans la mesure où les plus hautes autorités du Mali sont des militaires depuis bientôt cinq ans. Ce qui constitue un indicateur sur la « volonté politique » de ramener la sécurité dans le pays.

En plus, l’une des raisons fondamentales des événements du 18 aout 2020 ayant précipité la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Kéita est « la dangereuse dégradation de la situation sécuritaire du Mali ». Ce qui a certainement conduit les dirigeants à faire plus confiance aux militaires plus qu’aux civils, notamment les politiques, que l’on a pensé impuissants à « gérer la situation ».

En effet, entre 2014 et 2020, ce fut l’hécatombe, avec une série noire d’attaques terroristes meurtrières. Et l’on se souviendra encore des  noms des localités comme Ogossagou, Sobane-Da, Indélimane, Dioura, Farabougou, Boulkéssi, Moura, Léré, Tessit, Boni, Diabaly, Nampala, etc. Ici et là, la violence infrahumaine a endeuillé le pays, sous le feu de hordes de terroristes et de criminels de tous poils. C’est au point que tous les observateurs ont fini par décrier le leadership politique du pays. La suite est connue, car à partir d’une étincelle de contestation électorale, à partir de 2018, le régime IBK s’effondrera comme un château de carte. Ce qui a suscité un brin d’espoir de voir une transition militaire rabattre les cartes sécuritaires du pays.

Elle sera marquée par un réarmement moral de tout le dispositif de défense et de sécurité du pays. Ce fut l’étape de l’équipement conséquent des Forces armées maliennes. Elles retrouveront ainsi leur fierté, augmenteront leurs capacités opérationnelles et connaîtront une montée en puissance, presque unanimement saluée.

Cette phase sera marquée par des succès indéniables sur le terrain, avec de lourdes pertes administrées aux groupes armés terroristes. Seulement, cette embellie semble ternie par des réorganisations des ennemis, qui se dispersent dans le pays.

Ainsi, « en débandade », ces ennemis de la paix multiplient des assauts contre des populations dans des zones jusque-là épargnées de leur furie meurtrière. D’où des attaques sur des routes en centre du pays, des attaques contre les villages et des élus même dans les régions du sud, de l’Est, de l’ouest et même en septembre 2024 à Bamako… Comment comprendre que des villages des régions de Bougouni, Dioïla, Koulikoro, Kayes, Kita, etc soient infestés de nébuleuses de terroristes et de jihadistes ? Quid des cellules dormantes de ces extrémistes violents à Bamako ? Alors les hautes autorités ne cessent de déployer des efforts et des sacrifices insoupçonnés

Efforts intenses plombés ?

Aujourd’hui, malgré les efforts intenses déployés par les autorités de la défense et de la sécurité, il faut reconnaître que le péril terroriste peine à être circonscrit. C’est au point que mêmes les officiels réfléchissent par deux fois avant d’aller en missions à l’intérieur du pays.

Tout se passe comme si le Mali fait face à une hostilité internationale pour freiner sa détermination à administrer des pertes aux groupes terroristes.  Sinon comment comprendre qu’un drone de l’Armée malienne en opération de surveillance de son territoire soit abattu par l’Algérie ? Comme une volonté claire du voisin algérien d’empêcher la localisation et la neutralisation, le cas échéant, de hordes de terroristes, ennemis de la paix.

Cette situation pousse les experts à se demander s’il n’est pas nécessaire que les autorités revoient leur stratégie dans la gestion de cette crise sécuritaire. Ne faut-il pas revoir  le positionnement géopolitique et géostratégique du Mali, dans un contexte international plombé par la guerre russo-ukrainienne ? Ne faut-il pas développer des initiatives de dialogue, pour désamorcer les velléités d’hostilité contre l’Etat malien ?

Ce qui est sûr, c’est que le péril terroriste semble vouloir paralyser le fonctionnement même de l’Etat. Il ne semble pas s’affaiblir, au contraire, la crise sécuritaire se métastase dangereusement, menaçant l’existence de la patrie.  Comme pour…« somaliser » ou « afghaniser » le Maliba, qu’à Dieu ne plaise !

Il urge que les plus hautes autorités se convainquent à agir plus stratégiquement pour inverser la tendance. Cela pourra commencer par la conclusion d’un accord politique global avec les forces vives du pays, afin de recueillir les expertises nécessaires à ce réajustement. Le plus tôt sera le mieux. La survie collective en dépend.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

 

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