Le bras de fer entre le Cnrdre et la Cedeao à propos de la gestion de la transition a, semble-t-il, trouvé son épilogue. Samedi soir, avec le capitaine Amadou Haya Sanogo qui est apparu sur les écrans de télévision nationale pour affirmer son adhésion au plan de la Communauté internationale. Cela n’augure pas pour autant des lendemains calmes et apaisés pour la transition en cours. Pourquoi ?
Samedi, en fin d’après-midi, une délégation de la médiation burkinabè a été reçue par les autorités intérimaires à Bamako et la junte militaire. Il s’agit pour Djibrill Bassolé, représentant du médiateur, et Adama Bictogo, envoyé de la Cédéao. Chaque délégation voulait convaincre les putschistes de réintégrer définitivement les casernes, avec à l’appui d’arguments, dont il faut ajouter une loi d’amnistie totale adoptée par l’Assemblée nationale, vendredi dernier. Ce qui met le capitaine Amadou Haya Sanogo et ses compè à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires une fois qu’ils se seraient retirer du pouvoir. Tard dans la soirée, le chef de la junte militaire fait une déclaration télédiffusée dans laquelle il donne un accord de principe au projet de la Cédéao d’installer Dioncounda Traoré dans le fauteuil de président de la transition pour une période de douze mois. Le pire est-il évité pour autant ? Beaucoup ne le croient pas. A commencer par les médiateurs qui ont préféré rester sur place pour suivre l’évolution de la situation. Ils seront rejoints plus tard par le représentant de l’ONU pour l’Afrique de l’ouest, celui de la commission de l’Union africaine et l’envoyé de la commission de la Cédéao. Tous sont soucieux de voir les organes de la transition effectivement en place, prêts à fonctionner. Le capitaine Amadou Haya Sanogo a donné son accord dans un souci de concilition et par souci pour le pays, bloqué depuis de longs mois.
En effet, malgré la signature d’un accord-cadre qui balise un schéma rationnel pour une bonne sortie de la crise institutionnelle et insécuritaire, certains responsables politiques se sont évertués à saboter ce schéma, pour des intérêts personnels et sordides. L’insistance du Front du refus à vouloir imposer Dioncounda Traoré comme président de la transition est motivée en grande partie par la volonté d’une certaine classe politique de s’incruster au pouvoir pour fausser les règles du jeu démocratique. Qui compose cette classe politique ? Essentiellement de ces irresponsables politiques qui sont aux affaires depuis deux décennies, qui ont transformé le pouvoir en un système pour s’enrichir et dominer par la corruption, la gabegie, le népotisme, les malversations, développer toutes sortes de réseaux les uns plus maffieux que les autres. Ce n’est pas un hasard si la majorité du peuple malien a très vite adhéré aux motivations des putschistes, à travers des partis politiques, organisations de la société civile et syndicats brimés et tenus à l’écart depuis la révolution du 26 mars. Foulant aux pieds les idéaux de cette révolutionhistorique du peuple malien, les opportunistes et calculateurs en tous genres se sont accaparés des commandes et des ressources de l’Etat au détriment de la grande majorité. Le coup de force du 22 mars a été perçu par le peuple comme une autre révolution, et les arrestations de personnalités ont été comprises comme la meilleure manière de rendre justice.
Ce même peuple n’avait pas compris l’empressement et l’insistance de la communauté internationale à défendre et à rétablir le vieil ordre tant honni, jusqu’au moment où les autorités de la Cédéao se sont dévoilées pour montrer à la face du monde que leurs véritables intentions sont de préserver les réseaux qu’elles ont dévéloppés à travers les pays de la sous-région pour le seul et unique bénéfice d’une petite portion d’individus qui veulent plus que tout le rétablissement de l’ordre ancien. Ce n’est donc nullement un hasard si ce peuple, regroupé en Copam autour du Cnrdre, a tôt fait fait de fustiger l’ingérence, par des diktats et des menaces, de la Cédéao dans les affaires souveraines du Mali.
La majorité des Maliens n’aime plus la Cédéao. Celle-ci le sait. Et c’est pourquoi, même en se croyant en position de force et en terrain conquis, l’organisation communautaire redoute le pire pour les autorités transitoires qu’elle a imposées au peuple malien.
Et ils ont raison : ces médiateurs sous-régionaux, observateurs internationaux et autorités de la transition auront forcément à en découdre avec les forces révolutionnaires qui, malgré la décision du capitaine Amadou Haya Sanogo d’accepter les diktats de la Cédéao en guise de bonne foi, tiennent à se faire entendre et témoigner de leur farouche opposition à la restauration de l’ordre ancien incarné par un Dioncounda Traoré, ancien ministre, ancien député, ancien président de l’Assemblée nationale, président d’un parti politique qui activement collaboré à tous les gouvernements du président déchu Amadou Toumani Touré.
Ces forces révolutionnaires tiennent à la tenue d’une convention nationale qui va définir les modalités de mise en route d’une transition de laquelle ne sera pas exclue la junte militaire, seule garante d’une bonne gestion de la crise sécuritaire au nord et des élections pour lesquelles les politiques de l’ordre ancien se battent avec l’énergie du désespoir.
Et aujourd’hui, demain ou un autre jour, ces forces révolutionnaires seront dans la rue, Cédéao ou pas, sanctions ou non.
Et puis, il y aura au moins un des émissaires de la Cédéao qui aura fort à faire avec la justice. Il s’agit de l’Ivoirien Adama Bictogo qui serait impliqué dans une affaire de malversations financières au cours de laquelle il aurait indûment perçu la somme de 600 millions de Fcfa, de l’argent destiné en réalité aux victimes de déchets toxiques et détourné à des fins personnelles. Et dire que c’est des gens comme cela qu’on envoie nous faire la morale.
Abdel Hamy
AU FRONT OU AU DIABLE!
LE CHOIX SEMBLE ETRE LE DIABLE AVEC LES POCHES REMPLIES….
Moussa Ag
Oui,pauvre Mali qui n’a rien du Malien,mais qui doit tout donner au Malien.
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